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Daniel Raffard de Brienne - Page 20

  • L'affaire du carbone 14

    1988221732.JPGDans une plaquette publiée par Renaissance Catholique et préfacée par André van Cauwenberghe, Daniel Raffard de Brienne consacrait un chapitre à l'affaire du carbone 14. Il développera le sujet dans différents livres et au cours d'innombables conférences mais le chapitre en question donne un apperçu assez complet sur la question.

    2 - L'affaire du carbone 14

    Le mémoire de Pierre d'Arcis

    La datation du Saint Suaire, telle qu'elle fut pratiquée en 1988 au moyen du carbone 14 réussit à attribuer au lin du tissu une ancienneté moyenne le situant dans la première moitié du XIVe siècle. La date ne pouvait être plus récente puisque la relique est connue de manière suivie depuis 1353 environ. Il était préférable qu'elle ne fût pas plus ancienne pour concorder avec le mémoire de Pierrre d'Arcis qui constituait l'argument majeu du chanoine Ulysse Chevalier.

    Chevalier avait retrouvé en effet la copie ou le brouillon d'un mémoire adressé, très probablement en 1389, par l'évêque de Troyes Pierre d'Arcis au pape (en fait antipape) Clément VII. Pierre d'Arcis y dénonce avec vigueur le faux suaire exposé par les chanoines de Lirey. Selon lui, un de ses prédécesseurs à l'évêché de Troyes, Henri de Poitiers, aurait fait à ce sujet trente-quatre ans plus tôt, donc en 1355; une enquête au cours de laquelle il avait obtenu les aveux du peintre faussaire auteur de l'image.

    Le document serait fâcheux pour le linceul s'il ne se heurtait à de fortes objections. Tout d'abord Clément VII y répondit le 6 janvier 1390 par un décret ordonnant à Pierre d'Arcis de garder le silence et autorisant l'exposition à Lirey de ce qu'il appelait, il est vrai, la copie du Suaire (mais ne faut-il pas un original à une copie ?). Ensuite on ne trouve aucune trace de l'enquête de 1355 ; nous avons vu, en revanche, Henri de Poitiers envoyer en 1356 sa bénédiction à la collégiale de Lirey et douze évêque accorder en 1357 des indulgences aux pélerins qui s'y rendaient.

    Enfinc et surtout, aucun peintre n'a pu s'avouer l'auteur de l'image du Saint Suaire puisque, nous le verrons, il ne peut s'agit en caucun cs d'une peinture. Notons cependant qu'il a existé un certain nombre de copies connues comme telles, peintes d'après le Saint Suaire. Nous risquons l'hypothèse que les chanoines de Lirey pouvaient, pour des raisons de sécurité, avoir exposé habituellement une de ces copies à la place du l'original qu'ils conservaient. Cette hypothèse suffirait à expliquer toute l'affaire et la lettre de Clément VII.

    La datation au carbone 14

    Que vaut cette méthode de datation ? Il nous faut donner ici quelques explications élémentaires.

    On sait que les atomes de carbone ordinaire, ou C 12, forment, si l'on peut dire, l'ossature des molécules organiques qui composent tous les êtres vivants, animaux ou végétaux.

    De son côté, le carbone 14 ou C 14, est un carbone radioactif. Les atomes sont tous constitués de particules : neutrons, protons, électrons, etc.. Les atomes radioactifs comprennent des particules en surnombre qui, mal fixés, tendent à s'échapper. Ce sont ces particules "en fuite" qui forment le rayonnement qui caractérise ces atomes.

    En entrant dans l'atmosphère, les rayons cosmiques bombardent quelques atomes de l'azote qui forme les 4/5e de l'air que nous respirons. Un atome d'azote et un neutron donnent naissance à un atome de C 14 et un atome d'hydrogène. Le C 14 naissant, ainsi formé, entre immédiatement en réaction avec l'oxygène de l'air et donne une molécule de gaz carbonique (CO2), qui entre ainsi dans le cycle du carbone des molécules organiques. Il y à environ un atome de C 14 pour mille milliards de carbone total (10-12).

    Tant qu'ils sont vivants, les végétaux et les animaux, par l'intermédiaire des végétaux, ont, dans leur économie, un taux de carbone identitque à celui de l'atmosphère. Lorsqu'ils meurent, par exemple lorsque le lin est récolté, le carbone ordinaire ou C 12 subsiste alors que le carbone radioactif ou C 14 continue à se dégrader par rayonnement en redevenant de l'azote sans être remplacé.

    Or la proportion, extrêmement faible, de C 14 est considérée comme constante au cours des siècles. Et on connait la vitesse de dégradation du C 14 : il faut 5730 ans (c'est la plus récente estimation) pour que la moitié de C 14 contenu dans un corps organique disparaisse. Il suffit donc de connaître la teneur en C 14 de ce corps pour calculer la date de sa mort. On a mis pour cela au point des techniques très délicates.

    En principe, la datation du C 14 peut donner de bons résultats pour des objets de moins de 50 000 ans avec cette réserve que, contrairement à la théorie,la teneur en C 14 de l'atmosphère a varié au cours des âges. Toutefois, les dates possibles du Saint Suaire se situent dans une fourchette où d'autres éléments peuvent servir d'étalons pour contrôler la fiabilité de la méthode. En revanche, la technique, extrêmement délicate, donne parfois des résultats aberrants dans le cas de dérivés carbonés qui peuvent subir des échanges isotopiques au cours des âges. Les éventuels contaminants n'apportent pas de différences significatives dans les résultats de datation du lin.

    C'est ainsi que l'un des trois laboratoires qui étudieront le Saint Suaire, celui de Zurich, s'est trompé en 1983 de mille ans en testant unlinge ancien. Un autre de ces trois, celui de Tucson, a daté un cor viking de 2006 de notre ère ! On ne peut cependant pas tirer de ces mauvais résultats une quelconque conclusion quant à la non fiabilité du C 14 pour le lin du Saint Suaire.

    Le Saint Suaire et le carbone 14

    Appliqué au Saint Suaire, le dosage au carbone 14 pouvait indiquer de manière relativement sûre l'époque approximative à laquelle le lin du tissu avait été récolté. Cela ne présentait à la vérité aucun intérêt réel puique l'on disposait déjà de nombreux arguments pour dater la relique. En outre, les premières applications de la méthoqe exigeaient la destruction d'un morceau important du précieux linge.

    De nouvelles techniques permettant de réduire fortement l'importance de la destruction, on décida de procéder au test. Le 21 avril 1988, des échantillons furent prélevés sur le Saint Suaire et remis aux laboratoires de Zurich, Tucson (Arizona) et Oxford. Des bruits se mirent assez vite à circuler et, le 13 octobre, avant la publication officielle qui ne sera faite que le 14 février suivant,le cardinal Ballestrero, archevêque de Turin, prit sur lui de déclarer que le Saint Suaire datant du Moyen Age, n'était qu'une "vénérable icône".

    Cette déclaration, confirmée par les responsables du test, fut répercutée dans le monde entier par une énorme campagne médiatique. L'affaire paraissait classée : le linceul de Turin était un faux. Il ne se trouva aucun journaliste avant Orazio Perrosillo pour faire remarquer que la datation au C 14 contredisait les conclusions de toutes les autres recherches scientifiques, souvent plus sûres qu'elle. Or, si l'on donnait raison à un seul test contre tous les autres, on mettait en doute l'ensemble de la science... et donc aussi la méthode au C 14.

    En 1989, le docteur Tite, directeur du British Museum et unique coordinateur des essais, fut récompensé par la création en sa faveur d'une chaire à Oxford (où se situait un des trois laboratoires) grâce au don d'un million de livres sterling offert par un groupe d'"hommes d'affaires". En 1990, le British Museum, toujours lui, organisa une grande exposition sur le thème du faux, "l'art de la duperie", dont une photographie en grandeur réelle du Saint Suaire occupait la place centrale.

    Des anomalies dans la publication des résultats

    Le zèle déployé pour proclamé que le Saint Suaire ne date que du Moyen Age parait au moins prématuré quand on se penche sur les résultats publiés.

    On observe d'abord que ces résultats n'ont fait l'objet que d'un court article du journal britannique Nature, le 14 février 1989. Il n'y figure qu'une synthèse des travaux, alors que toute expertise scientifique doit comporter une description des méthodes utilisées, le détail des résultats obtenus aux différents niveaux et, de manière générale, tout ce qui peut permettre un contrôle. Rien de cela n'a jamais été publié alors que l'article de Nature n'a, du fait de ses lacunes, aucune autorité.

    Si sommaire que soit cet article, il contient tout de même une grave anomalie au sujet des dates annoncées. Le docteur Tite avait, en effet, proclamé que le Saint Suaire avait été fabriqué entre les années 1260 et 1390, un évantail de dates dont le centre se situe en 1325. Or, l'on s'aperçoit que l'évantail provient de l'amalgame de dates incompatibles entre elles.

    Les laboratoires de Zurich et de Tucon avaient obtenu des datations homogènes qui donnaient une fourchette allant de 1353 à 1384, avec une moyenne se situant autour de 1370. Or ces dates sont trop récentes si les échantillons viennent bien du Saint Suaire puisque celui-ci a été exposé au moins depuis 1355 d'après Pierre d'Arcis, et sans doute dès 1353.

    Fort heureusement, le laboratoire d'Oxford, intervenu plus tardivement et en connaissant ces premiers résultats, a trouvé un évantail allant de 1262 à 1312 qui a permis au docteur Tite de faire l'amalgame 1260-1390.

    L'amalgame en question est inacceptables puisqu'il engloge une période qui ne se trouve couverte par aucun résultat : il y à un "trou" de 41 ans dans l'évantail proposé, et un trou où se trouve engloutiela date exigée par le mémoire de Pierre d'Arcis.

    De plus, les savants et les mathématiciens estiment que des résultats aussi hétérogènes ne peuvent concerner le même tissu. Si l'on accepte les datations de Zurich et de Tucson, il faut rejeter celle d'Oxford. Ou Oxford a travaillé sur un échantillon de provenance différente. Ou Oxford s'est trompé dans ses manipulations. Ou Oxford a menti.

    Des anomalies dans la procédures

    Lorsqu'il fut décidé de procéder à la datation par le carbone 14, on établit un très sérieux protocole d'expérimentation. On devait recourir à sept laboratoires de classe internationale, utilisant l'une ou l'autre des deux méthodes de comptage. Les travaux devaient se dérouler en secret, chacun des laboratoires s'interdisant de communiquer avec les autres. Des contrôles étaient prévus. Enfin, on devait employer la technique du "double aveugle" : les échantillons du Saint Suaire et les échantillons de contrôle provenant d'autres tissus anciens seraient enfermés dans des tubes numérotés de sorte que les laboratoires ne puissent les identifier en cours d'expertise. D'autre part, les savants du STURP désiraient faire des recherches sur les échantillons prélevés avant leur destruction par les procédés de datation.

    En réalité tout se passa au milieu d'une vaste "magouille" où s'agitaient tous les adversaires du Saint Suaire et dont Petrosillo et Marinelli ont donné l'effarante chronologie. En fin de compte, quatre des laboratoires furent éliminés ainsi que la méthode de comptage la plus sûre.

    Le STURP fut écarté ainsi même que l'Académie pontificale des sciences, en sorte qu'il n'y eut pas d'autre contrôle que celui du Britih Musuem du docteur Tite (bientôt professeur à Oxford). Le secret ne fut respecté ni entre les trois laboratoires restants ni vers l'extérieur. On ne conserva du "double aveugle" que l'apparence à l'usage du public, alors que les laboratoires connaissaient l'identité des échantillons et même, chose inouïe, les dates des échantillons de contrôle.

    On voit que, dans ces conditions, les essais n'offraient plus aucune garantie de sérieux, malgré l'aval accordé par le Vatican qui décidait en dernier ressort.

    Des anomalies dans le prélèvement des échantillons

    Parmi les modifications apportées au protocole initial, figurait aussi le remplacement de spécialiste en tissus anciens qui devait exécuter le découpage des échantillons du Suaire par Riggi di Numana, industriel italien, assisté du professeur Tesrore qui procéderait à des pesées précises au dixième de milligramme. Puisque le dosage se faisait en pourcentage et non en poids, des pesées aussi précises ne présentaient guère d'intérêt, si ce n'est peut-être celui de multiplier les manipulations et donc de disperser l'attention des observateurs.

    Le prélévement eut lieu le 21 avril 1988, solennellement mais sans même de procès-verbal. Et là, on tombe tout de suite dans l'incohérence. D'après Riggi, l'échantillon prélevé sur le Saint Suaire mesurait 8,1 centimètres sur 1,6, soit près de 13 centimètres carrés, dont il enleva quelques fragments pour éliminer des coupures plus récentes. Pour d'autres, le morceau mesurait 7 centimètres sur 1, soit 7 centimètres carrés, ce qui semble peu par rapport à 13, même après ébarbage des coutures. De toute manière, au dire des spécialistes, le poids de ces échantillons était au centimètre près du double de celui du tissu du linceul.

    Notons encore une anomalie. Aux trois échantillons remis dans les tubes métalliques à chaque laboratoire fut joint au dernier moment, dans une enveloppe de papier, un quatrième échantillon provenant d'une chape provençale du début du XIVe siècle.

    Enfin, le symposium organisé à Paris en septembre 1989 par les personnalités qui fondèrent ensuite le CIELT (Centre International d'Etudes sur le Linceul de Turin) que nous présenterons dans notre conclusion devait révéler beaucoup plus grave. Le professeur Testore y expliqua quele fragment prélevé sur le Suaire fut coupé, on ne sait pourquoi, en deux échantillons, l'un de 154,9 milligrammes, l'autre de 114,8 milligrammes. Seul fut utilisé le premier, partagé en trois morceaux de 52,0, 52,8, et 53,7 milligrammes.

    Or, un spécialiste français, le frère Bonnet-Eymard, s'aperçut que le poids total des morceaux excèdait de 3,6 milligrammes celui de l'échantillon dont ils étaient tirés. Riggi et Testore qui auraient pu invoquer une erreur crurent plus crédible de parler d'un quatrième morceau inconnu jusque-là. Pour Riggi, les 3,6 mg provenaient de l'échantillon de 144.8 mg et avaient été ajoutés au troisième morceau qui ne pesait que 50,1 mg. Malheureusement cette explication se heurtait au fait que ce troisième morceau, pesant plus des 50 mg requis par précaution (il fallait en réalité 40 mg) suffisait sans appoint. Aussi Testore, de son côté, prétendit que contrairement à ce qui avait été déclaré, les trois morceaux avaient été pris de l'échantillon de 144,8 mg et que, le troisième ne pesant alors que 36,6 mg (ce qui supposait un découpage bien inégal), il avait fallu lui ajouter un fragment de 14,1 mg découpé dans l'échantillon de 154,9 mg.

    Ces contradictions suffisent à suggérer l'idée d'une substitution de tissu et, en tout cas, à faire rejeter les conclusions d'une expertise si mal emmanchée.

  • Datation du Linceul de Turin : les masques tombent

    367826901.jpgLe directeur de l'Institut de l'accélérateur radiocarbone d'Oxford vient de déclarer qu'il s'est peut-être trompé en affirmant, suite à la datation de 2005, que le Saint Suaire ne  datait que de 1260 à 1390 après Jésus-Christ.

    En, effet, Christopher Bronk Ramsey, c'est son nom, vient de reconnaitre, au micro de la BBC qu'il s'était peut-être trompé en datant le Saint Suaire de 1260 à 1390, information à l'époque relayée avec force battage, dans le monde entier. Ce semblait être la victoire définitive des opposants à l'authenticité du Saint Suaire, de tous ceux que dérange la Sainte relique. Dans les loges comme dans les milieux libres-penseurs, on jubilait : ainsi, le fameux Linceul de Turin n'était qu'un faux fabriqué au Moyen-Age...

    De nombreux spécialiste contestèrent néanmoins la fiabilité des examens menés en dépit de tout protocole sérieux. Nous faisons court mais il est piquant d'entendre Christopher Bronk Ramsey, savant de renommée internationale, reconnaitre que l'échantillon analysé était "issu d'un racommodage qui aurait été effectué après le XIIIe siècle". Extraordinaire, non ? Ce racommodage était connu de tous les spécialistes et parfaitement visible et même grossièrement visible à l'oeil nu. Il était impossible de ne pas voir que les prélévements portaient en partie sur des pièces rapportées. Le célèbre institut d'Oxford ne l'avait apparemment pas remarqué...

    Mieux encore, alors que les laboratoires d'Oxford, de Zurich et de Tucon (USA) concluaient en 2005 (date de la datation au C14) à un faux, Ramsey vient de déclarer, en janvier 2008, à la BBC : "Il est possible que nous nous soyons trompés." Il développe en expliquant que la méthode du C14 ne serait pas applicable au Linceul de Turin en raison des circonstances très mouvementées de son voyage à travers les siècles et les pays qui en ont modifié les caractéristiques chimiques et autres. Découverte tardive mais mieux vaut tard que jamais.

    Ce n'est malheureusement pas tout, Daniel Raffard de Brienne mentionnait toujours dans ses conférences pas moins de treize irrégularités dans la conduite de l'expertise dont chacune suffisait à rendre invalide le test. Dans son ouvrage La désinformation autour du Linceul de Turin, il démonte point par point l'ensemble des négligences, c'est un euphémisme, ayant abouti à déclarer faux le Saint Suaire.

    La question sans réponse aujourd'hui, c'est : pourquoi ces aveux aujourd'hui ? La crainte d'une contre-expertise menée selon un protocole rigoureux qui leur ferait perdre la face ?

    Daniel Raffard de Brienne affirmait régulièrement que peu importe les résultats des tests selon la méthode du C14 puisqu'il existe suffisamment d'autres preuves rigoureusement scientifiques attestant de l'authenticité du Linceul de Turin. Le résultat négatif de la méthode C14 ne les remettait pas en cause et ne changeait donc strictement rien au problème. Mais que les auteurs mêmes de ces tests reviennent sur leurs affirmations est quand même une excellente nouvelle.

    La désinformation autour du Linceul de Turin

  • Dom Gérard est décédé

    1626171714.2.gifMerci !

    "Et quiconque aura quitté, à cause de mon nom, ses frères ou ses soeurs, ou son père ou sa mère... recevra le centuple, et héritera de la vie éternelle."

    Tel est au terme de sa vie terrestre, le paradoxe de Dom Gérard, qui est aussi le paradoxe de la chrétienté. En embrassant la vie religieuse, en renonçant aux joies terrestres de la vie familiale, il est devenu le père, bien plus que les pères selon la chair. Un père que beaucoup de fils et de filles selon l'esprit, bien au-delà des monastères qu'il a suscités, pleurent aujourd'hui.

    Sa vie fut marquée par ces renoncements, ces abandons entre les mains de la Providence. Ainsi quitta-t-il sa première famille bénédictine pour une forme d'hermitage... Il allait fleurir, cet hermitage, "au centuple", dans la majestueuse couronne de pierres qui a rebaptisé une colline du Barroux.

    L'âge venant, le Père Abbé se dépouilla même de cette paternité qui lui avait été donnée sur ses moines, choisissant la retraite (mais comme on parle d'une retraite spirituelle) de l'humble frère se remettant entre les mains de ses propres fils. Mais qui peut imaginer qu'aujourd'hui, entré dans cette vie éternelle dont il chérissait la promesse, "Frère Gérard" ne veille plus paternellement encore sur ceux qu'il laisse orphelins ? Au centuple !

    Il y à aussi ces renoncements auxquels Dom Gérard ne consentit jamais. La réforme liturgique prétendait le dépouiller de ce que Dieu nous a donné pour Lui plaire : cette avance sur hoirie qu'est l'office divin, ciel sur la terre... Ah, ça, non ! Abandonner le grégorien ? Laisser son regard, sa voix, ses oreilles, son esprit se détourner de l'essentiel ? Jamais ! Et cette avidité-là fut elle aussi récompensée, dès ici-bas, dans les chants qui retentissent sept fois par jour, et davantage, dans l'abbatiale du Barroux, échos fidèles des psalmodies bénédictines qui ont façonné et fécondé l'Occident.

    Itinéraires fidèles, reconquêtes des coeurs et des nations qui ont besoin de se tourner vers la Croix, amour jaloux du beau parce que Dieu est la beauté même... Dom Gérard est le moine-soldat qui prêchait tout cela, encourageant sans crainte de déplaire tout combat humain pour la restauration patiente de la chrétienté. Mais pour notre mariage, il nous offrit son livre, Primauté de la contemplation. Paradoxe, encore ? Oui, mais avant tout, brûlante et exacte vérité dont il avait fait l'expérience et à laquelle il avait tant sacrifié, avec le sourire. Ce sourire malicieux et plein de bonté, si français, qui nous manquera tant.

    Jeanne Smits (Présent, samedi 1er mars 2008)

    Daniel Raffard de Brienne avait suivi plusieurs retraites spirituelles dans la si belle abbaye Sainte-Madeleine du Barroux. Il y avait aussi donné des conférences, notamment sur le Saint Suaire et éprouvait une grande admiration pour Dom Gérard.

    Abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

  • Pour aider Danèle de Beketch

    Des collections du Libre Journal restent disponibles au 4 place Franz Liszt 75010 Paris (01 45 23 51 01)

    De plus, tout don pour règler les dernières dettes du journal serait le bienvenu (chèque libellé à l'ordre de SDB).

    Voir sur le site les conditions d'achat : Le Libre Journal

  • Bibliothèque

    27683554.gifDaniel Raffard de Brienne avait constitué, tout au long de sa vie, une bibliothèque considérable. Bien entendu l'essentiel en est conservé par ses enfants qui ne pourront cependant tout garder, ne serait-ce que pour des conditions d'espace.

    Petit à petit, au fil des mois qui viennent, nous enrichirons la liste qui suit des livres et périodiques à céder à ceux qui peuvent être intéressés. Les offres pourront être faites à l'adresse : arnaud0306@hotmail.fr

    Revues périodiques

    • Importante collection de "L'intermédiaire des chercheurs et curieux" :

    - Années 1951 à 1960, n°1 à 117 + table décennale 1951 à 1960

    - Années 1961 à 1970, n°118 à 237 + table décennale 1961 à 1970

    - Années 1971 à 1980, n°238 à 357

    - Années 1981 à 1986, (année 1986 sans reliure mobile)

  • Le dictionnaire des Reliques de la Passion

    803115325.JPGDaniel Raffard de Brienne alors président de l'Association des Ecrivains Catholiques de langue française a réuni ici l'ensemble des informations connues et parfois inédites concernant les principales reliques de la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ : Linceul de Turin, Lance de Saint Longin, Tunique d'Argenteuil, Couronne d'épines, Saints clous...

    Un index des noms de personnes et de lieux fait de cet ensemble un précieux outil de recherche sous forme alphabétique et encyclopédique.

    Voici donc la synthèse d'une abondante documentation aux interprétrations parfois diverses et contradictoires, réalisées dans une double fidélité aux exigences de la science et de la Foi.

    Editions de Paris

  • Faut-il combattre les sectes ?

    L'actualité récente pose à nouveau la question de l'implantation des sectes en France et de leur degré de nocivité. Emmanuelle Mignon, proche du président de la République a provoqué un beau tollé en affirment qu'"en France, les sectes sont un non-problème". Outre que la polémique ainsi lancée semble totalement artificielle et attisée uniquement pour de viles raisons politiciennes, elle ne permet pas non plus d'aborder sereinement ce délicat problème qui mérite beaucoup mieux que les empoignades stériles qui ont un instant fait la bonne fortune des medias.

    Mais au fond, qu'est-ce qu'une secte ? Quels sont les critères suffisants et necessaires pour qualifier une organisation humaine de secte ?

    Dans un article pour Renaissance Catholique, Daniel Raffard de Brienne livre quelques réflexions qui ont le mérite de clarifier un peu le débat.

    Faut-il combattre les sectes ?

    Un récent reportage télévisé montrait le Mandarom, un groupe religieux qui, sous la houlette d'un gourou libidineux, enlaidit les Alpes provençales d'un temple en construction et de statues immenses. L'actualité ne cesse ainsi de dévoiler de fort étranges sectes dont certaines défraient la chronique judiciaire : on se souvient des procédés financiers très discutés de l'église de Scientologie ou de l'apostolat par la prostitution des Enfants de Dieu.

    Cette actualité peut même se révéler tragique. En mars 1993, au Texas, la secte Waco disparaissait dans les flammes et dans le sang, avec l'aide de l'armée américaine. Ce ne sont là que des cas extrêmes qui montrent à quelles aberrations peut mener le phénomène de sectes. Beaucoup plus préoccupante nous paraît l'extension de ce phénomène. C'est ainsi qu'en 1988 soixante millions de Sud-Américains étaient déjà passés aux sectes et que les principales villes de Colombie, pays naguère catholique en presque totalité, possédaient plus de temples que d'églises.

    Qu'est-ce qu'une secte ?

    On imagine mal le nombre de groupes religieux ou quasi-religieux que l'on peut recenser. On y voit de tout : les diverses religions et leurs déviations, les cultes orientaux, la sorcellerie, le satanisme, la gnose, toutes les philosopies, tous les modes de vie, le Nouvel Age, les Rose-Croix,la Franc-Maçonnerie... Il existe dans cet ensemble hétéroclite des points de convergence. Mais, chose curieuse, certains groupes sont bruyamment qualifiés de "sectes" alors que les autres ont droit au respect ou, mieux, au silence.

    Dans ces conditions, une question s'est immédiatement imposée à nous : : comment définir les sectes ? Qu'est-ce qu'une secte ? On ne peut songer à combattre un adversaire que l'on n'est pas capable de reconnaître et de désigner.

    Or il n'existe aucune définition sûre et indiscutable de la secte et, chose pire, cette définition ne peut même pas exister : tout ce que l'on peut dire, c'est que le mot secte a une résonance péjorative et qu'on l'emploit ou non selon que l'on veut discréditer ou préserver un groupe quelconque. Nous continuerons néanmoins à utitliser ici ce mot par simple commodité.

    Les critères de la secte

    Faute d'une véritable définition et dans la nécessité de reconnaître l'adversaire à combattre, nous avons essayé de répertorier les critères que l'on attribue généralement aux sectes. Les voici.

    L'existence d'un gourou : gourou est aussi un mot que l'on utilise avec une intention dénigrante. On l'emploie pour signifier que toute secte suit un maître à penser. Il ne peut y avoir de secte sans, à l'origine, un maître. Mais c'est aussi vrai de toute religion et même de tout parti ou de tout mouvement. Les Chrétiens ne suivent-ils pas le Christ ?

    On a découvert que les gourous de certaines sectes étaient des profiteurs, des hommes de moeurs douteuses. Ce n'est évidemment pas le cas de tous les fondateurs de religion. Mais que penser de Mahomet entouré de nombreuses femmes et concubines ? De Luther qui décrivait lui-même son ivrognerie et ses débauches ? De Calvin que Théodore de Bèze disait "enfoncé dans la boue" ? Ce ne sont sont pas les moeurs qui distinguent les gourous de autres maîtres à penser.

    Est-ce la géographie ? On voit en effet honorer à l'excès Gandhi, qui fut un gourou hindou : est-ce parce qu'il est resté aux Indes ? Comment l'aurait-on jugé s'il avait exercé en Occident ? De même on vilipende volontiers les marabouts et les sociers qui organisent des sectes chez nous. Mais, à la foire aux religions d'Assise, on accueillit à égalité avec le pape les "prêtres" animistes et chamanistes.

    Ou bien y à-t-il un problème d'opportunité ? Les sectes d'origine orientale sont mal vues, mais le Dalaï-Lama est reçu partout triomphalement jusque dans l'assemblée des évêques de Lourdes. Sans doute parce qu'il habite en Orient, donc loin, mais sûrement aussi pour des raisons politiques. Le "révérend" Moon, lui aussi chef d'un groupe religieux important et résidant en principe en Orient, est traité avec mépris : n'est-ce pas à cause de son anticommunisme de droite ?

    Le critère "gourou" est donc loin d'être concluant.

    Un doctrine religieuse déviante : en réalité, toute doctrine religieuse est considérée comme déviante par rapport à d'autres. Le judaïsme ne donsidère-t-il pas l'Islam et le christianisme comme des schismes hérétiques ? Les innombrables groupes protestants n'ont-ils pas une commune origine dérivée du catholicisme ? On remarquera à ce sujet que, selon leur importance ou leur ancienneté, on parle d'"églises", de "confessions" ou de "sectes" protestantes.

    Le mot secte sert-il donc à désigner les groupes religieux petits ou récents, quelle que soit leur doctrine ? Si oui, à quel degré de développement et à quelle date un groupe cesse-t-il d'être une secte pour devenir une église ? On se souvient que le christianisme était bien jeune et bien petit le jour de la Pentecôte ; d'aucuns le qualifient d'ailleurs de "secte qui a réussi".

    La nouveauté ou le peu d'extension d'une doctrine religieuse ne peuvent donc suffire à caractériser une secte. Son contenu non plus. Certes, bien des croyances prêchées par les "sectes" paraissent aberrantes, absurdes et profondément ridicules. Mais n'est-ce-pas peu ou prou, l'opinion de tout incroyant à l'égard de toute croyance ? De plus, certains groupes sectaires n'ont pas de doctrine véritablement religieuse ou refusent d'en avoir. C'est la cas de la Franc-Maçonnerie, déiste ou athée, des groupes rationalistes ou matérialistes, des bouddhistes, des communautés hippies, à part un vague orientalisme. Même le Temple du Peuple, suicidé en Guyane, avait plus d'attaches marxistes que religieuses. Le seul critère en matière religieuse est celui de la vérité : est seule vraie la doctrine conforme à la réalité. Mais cela dépasse largement le problème des sectes.

    Des rites étranges ou même ridicules : on sourit à la vue de bonzes en robe safran dans nos rues ou celle de disciples de Krishna dansant sur nos places. On n'en sourit pas quand on les voit en Extrême-Orient : on les y trouve sans doute étranges par rapport à nous, mais non par rapport à leurs traditions et aux modes de vie de leur pays.

    Les rites s'inscrivent dans des cultures et correspondent à des croyances exprimées dans ces cultures. Il n'y à donc pas lieu de les juger indépendamment de ces croyances et de ces cultures.

    On peut en revanche s'interroger sur des rites extravagants et artificiels sans rapport avec le milieu culturel où ils sont créés.

    Les plus ridicules à cet égard pourraient bien être les rites initiatiques de la Franc-Maçonnerie. Dans ce cas comme dans d'autres, la recherche du bizarre, et parfois de l'humiliant, a pour objet, non un culte, mais la prise de contrôle d'initiés ou de fidèles coupés de leurs références.

    En revanche, les liturgies latines et grecques dont, il va sans dire, le but est tout autre, tirent leur beauté de rites chargés de symboles et venus du fond des âges. La récente "réforme liturgique", en coupant la liturgie catholique de ses racines, a rendu ridicules les traces qu'elle en a conservées : seule la suppression de la liturgie aurait répondu aux tendances actuelles du "monde". Quoi qu'il en soit, le critère "rites" ne paraît pas plus sûr que les précédents.

    Un recrutement et un endoctrinement fallacieux : on reproche à beaucoup de sectes de recruter leurs adeptes en les "embobinant". Et certes beaucoup de gens s'engagent sans avoir une connaissance complète de ce qui les attend. Mais là aussi, en dehors des cas extrêmes, le critère reste bien imprécis et relatif. S'engage-t-on dans l'armée, dans une profession ou même dans le mariage en pleine connaissance de cause ? Sans doute, mais dans bien des cas, à l'exemple des sergents recruteurs de jadis, les "convertisseurs" font naître des expoirs excessifs ou dissimulent des invonvénients. Sur le plan des sectes, l'exemple le plus choquant est encore celui de la Franc-Maçonnerie où, du fait du secret interne, on ne révèle les véritables buts de l'organisation qu'au fur et à mesure de la progression des affiliés vers les hauts grades.

    Une fois engagés, les adhérents des sectes sont les sujets, dit-on, d'un endoctrinement habile et systématique. Certaines sectes iraient plus loin et, en procédant à des "lavages de cerveaux" pourraient forcer les consciences. Mais n'est-ce pas ce que font les "déprogrammeurs" qui se chargent de désintoxiquer les gens, même non consentants, même adultes, que l'on fait sortir des sectes ?

    Le refus des règles sociales : on reproche aux sectes, et surtout à celles qui vivent en communautés, de se replier en cercles fermés, de se couper de la société civile, voire d'en refuser les règles. Mais ne pourrait-on faire le même grief à tous les monastères ? Des malveillants ne pourraient-ils pas appliquer ce critère et tous ceux qui précèdent aux ordres et congrégations catholiques ? La différence, dira-t-on est que le catholicisme recommande la soumission aux lois du pouvoir temporel : "Rendez à César ce qui est à César". Et, de fait, l'Eglise ne conteste ni les impôts ni le service militaire, alors que certaines sectes, les Témoins de Jéhovah par exemple, enseignent l'objection de conscience ou même le refus du statut d'objecteur.

    La différence n'est cependant pas si grande qu'il y paraît. Les catholiques acceptent bien, en effet, les lois conformes au droit naturel et compatibles avec l'exercice de la religion, mais ils refusent les lois antireligieuses, la législation de l'avortement...

    Des pratiques immorales ou contraires au bien commun et aux lois naturelles : à première vue ce critère pourrait permettre de reconnaître DES sectes à défaut de définir LES sectes. Or il ne conviendrait même pas à cette tâche limitée, à moins de classer parmi les sectes tous nos gouvernements des dernières décennies.

    En résumé, il est facile d'appliquer tous ces critères à une secte comme le Mandarom. Mais on constate que, pris ensemble ou séparément, il n'ont qu'une valeur relative, que leurs limites sont indéfinissables, qu'ils ne peuvent pas servir à distinguer clairement ce qui est une secte de ce qui ne l'est pas.

    Faut-il combattre les sectes ?

    A une question formulée de façon si générale, on ne pourrait répondre que négativement, car il n'est pas possible de combattre un ennemi que l'on ne sait pas reconnaître. Vouloir combattre globalement les sectes par une loi spéciale ouvrirait la porte aux abus et à tous les dangers. Di en effet l'on adoptait une telle loi, son application amènerait le pouvoir civil à désigner arbitrairement les groupes à ranger parmi les sectes. Dans l'état politique actuel de la France, on parierait sans crainte que la Franc-Maçonnerie serait épargnée alors que l'Eglise catholique serait plus ou moins rapidement attaquée, groupe par groupe, tendance par tendance. On peut même tenir pour assuré que les promoteurs d'une répression globale des sectes visent en réalité, à terme, le catholicisme. Pourtant, même si le concept de secte reste flou, il existe bien un phénomène sectaire inquiétant. Est-on réduit à l'accepter passivement ? Répondons d'abord que les pouvoirs civils, responsables de l'ordre doivent jouer leur rôle. Il leur appartient de réprimer les crimes et délits dont certaines sectes peuvent se rendre coupables : coups et blessures, attentats à la pudeur, drogue, séquestrations, abus de confiance, délits financiers... Il n'est pas besoin de lois spéciales pour cela, car l'Etat dispose d'un arsenal répressif suffisant.

    La nécessaire surveillance des pouvoirs publics ne concernent pas le fond du phénomène sectaire qui repose sur des croyances religieuses ou au moins des choix philosophiques. Un Etat catholique, garant de l'unique vérité et soucieux du salut des âmes, devrait intervenir à ce niveau. Un Etat qui se veut neutre, laïque et défenseur de la liberté de penser, n'en a absolument pas le droit.

    C'est à l'Eglise qu'il appartient de remédier au phénomène sectaire en prêchant et répandant la vérité. Le développement de ce phénomène doit beaucoup à son collapsus conciliaire : beaucoup de fidèles, déroutés par des nouveautés désacralisantes, privés de leurs certitudes remplacées par le laisser-aller oecuménique et le relativisme doctrinal, ont cherché dans les sectes le réconfort, les repères et la transcendance dont on les privait.

    Les sectes reculeront quand l'Eglise, offrant de nouveau les trésors de la Tradition, reprendra sa mission apostolique trop souvent abandonnée : "Allez, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit".

    Daniel Raffard de Brienne

    Renaissance Catholique n°29, mars-avril 1994