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Daniel Raffard de Brienne - Page 18

  • Le rap par Serge de Beketch

    Voici un clin d'oeil en souvenir de Serge de Beketch. Il s'agit de l'enregistrement d'une émission de Radio Courtoisie au cours de laquelle ce brillant journaliste et écrivain se moque, avec un talent fou, du rap et des rappeurs. 


    Les amis de Serge ont mis en ligne un enregistrement des mêmes paroles mixées sur un fond musical de type rap. Désopilant et à faire largement circuler : Le rap par Serge de Beketch (version censurée)

  • Fête de la Courtoisie, le dimanche 15 juin

    50900645.jpg

    Organisée par Radio Courtoisie, la Fête de la Courtoisie aura lieu le dimanche 15 juin à l’espace Champerret à Paris.
    323 bis rue de Charenton, 75012 Paris (métro Porte de Charenton)

    Venez nombreux rencontrer plus de 350 auteurs qui dédicaceront leurs ouvrages, les patrons d’émissions et auditeurs de Radio Courtoisie

    Entrée : 15 € (gratuite pour les enfants

  • Daniel Raffard de Brienne sur Metapedia

    metapedia_logo.jpgDe plus en plus nombreux sont les internautes qui connaissent bien et pratiquent Wikipedia, l'encyclopédie en ligne développée et autogérée par ses usagers.

    Son importance s'accroît de mois en mois et cette encyclopédie est remarquablement bien indexée par les moteurs de recherche, elle est souvent la première référence obtenue lors d’une recherche d’un site thématique. Appréciée des lycéens, des étudiants et de leurs enseignants, voire de certains journalistes, elle est la source principale, sinon unique, de nombreux devoirs, exposés, cours et articles. Tout serait pour le mieux dans le meilleur du monde si Wikipedia était une encyclopédie pratiquant la neutralité idéologique. Or il n’en est rien. Une lecture, même rapide, des sujets qui nous intéressent montre que le politiquement correct y règne en maître et les rédacteurs s'écartant trop de la pensée unique qui se sont risqués à vouloir y rédiger une entrée, ou à corriger une erreur manifeste, ont rapidement découvert les rigueurs de la censure des gardiens du politiquement correct.

    C’est la raison qui a poussé, dans un certain nombre de pays européens, des militants nationaux, patriotes, catholiques de tradition, identitaires, convaincus qu’ils ne pouvaient pas rectifier ou améliorer Wikipedia, à lui créer un concurrent beaucoup plus libre du nom de Métapédia. Cette encyclopédie est  une arme importante dans notre combat des idées. Elle permet en effet de mettre l’accent sur des concepts occultés, sur des idées condamnées, sur des pages d’histoire oubliées, sur des personnalités bannies, etc. Travail collectif, Métapédia ne représente pas l’opinion d’un courant idéologique quelconque, mais celle d’une communauté. Elle est indéfiniment perfectible et elle sera ce que vous souhaitez qu’elle soit.

    Daniel Raffard de Brienne a récemment fait son entrée sur Metapedia

  • Les éditions de Chiré

    690241773.JPGChiré, point d'appui de la Reconquête

    Je n'ai pas connu les Journées Chouannes avant 1983, année à partir de laquelle je les fréquente régulièrement et avec plaisir. J'avais rencontré Jean Auguy lors d'une réunion que j'avais organisée à Lille en 1981. Un peu plus tard, je lui ai soumis un travail que j'avais réalisé sur la Nouvelle Messe à la demande du MJCF. Le Père Noché, jésuite, m'ayant littéralement sommé de faire imprimer ce travail, je l'ai donc envoyé à Jean Auguy. Surprise : il le publie et me demande d'en faire un autre sur la Nouvelle Catéchèse. C'est le début d'un engrenage fatal qui continue à me broyer !

    Je fais donc connaissance avec l'oeuvre capitale que Chiré a entreprise. On ne se rend peut-être pas compte du service qu'a rendu cette maison à la Tradition catholique et française dont, il y à quelques décennies, il ne restait pas grand chose de visible : les méchants "intégristes" étaient exclus de "l'accueil de l'autre", comme "de l'échange et du partage" post-conciliaires. Chiré a alors diffusé des livres qui transmettient les idées justes et fédéraient les "survivants" dispersés.

    Ce service immense, il ne faudrait pas l'oublier. Il serait bien ingrat de ne pas rester fidèle à Chiré à un moment où la situation de la Tradition s'améliore.

    Il y à vingt ans, Chiré était entassé dans l'enceinte d'un petite école, au centre de la localité de ce nom. Cette école, c'était un peut le village d'Astérix qui résistait toujours à l'invasion. Les derniers Gaulois s'y réunissaient chaque année, au début de septembre pour les bientôt fameuses Journées Chouannes.

    Le cadre était familial et modeste. On ne s'y comptait pas très nombreux ; mais on était heureux de s'y retrouver chaque année. De solides amitiés s'y créaient. Des repas préparés par les dames s'y prenaient sous le préau de l'école. Sous un gros chêne (1), une petite tribune accueillait la Messe puis des orateurs. Des auteurs signaient leurs oeuvres et, comme maintenant et à de très rares exceptions propres à rappeler la règle, la pluie s'abstenait de tomber.

    Et puis Chiré s'est épanoui dans des bâtiments plus commodes sur des terrains beaucoup plus vastes. La participation aux Journées Chouannes s'est, elle aussi, largement étendue, perdant un peu l'intimité du début, mais gagnant l'enthousiasme d'une jeunesse de plus en plus nombreuse.

    L'afflux de la jeunesse est d'autant plus opportune qu'au fil des ans les anciens disparaissent peu à peu. Nous avons perdu Meunier, Coston, Davesnes, Baumgartner qui venait tous les ans d'Autriche... Et aussi les auteurs qui étaient devenus mes amis : Jacques Ploncard d'Assac, André Figueras, Vladimir Volkoff.

    Volkoff n'est parti que dix jours après les dernières Journées Chouannes, celles de 2005. L'ultime image que j'ai de lui est celle de son dos s'éloignant de ma petite table d'auteur après y avoir malicieusement déposé (à côté de l'eau fournie par DPF) une bouteille de vin que nous n'avions pas finie à table (elle ne devait pas être la première).

    Daniel Raffard de Brienne

    in Les Cahiers de Chiré, n°21, août 2006 (quarantième anniversaire)

    Les éditions de Chiré

    Voir aussi sur Metapedia : Lectures Françaises

    Adresse : SA DPF (Diffusion de la Pensée Française), BP 1, 86190 Chiré-en-Montreuil

  • Analyse de la traduction post-conciliaire du Pater

    La traduction post-concilaire du Pater a, en son temps, fait abondamment couler l'encre sans pour pour autant qu'il ait été mis fin au débat. Daniel Raffard de Brienne, dans divers écrits, contribua à la réflexion sur le sujet. Il nous offre ici, dans un article rédigé en 1990, une analyse synthétique de la question en même temps qu'un condensé d'érudition historique. Les lecteurs souhaitant aller plus loin liront avec profit Traductor, Traditor. Les nouvelles traductions de l'Ecriture Sainte.

    LA TRADUCTION POST-CONCILIAIRE DU PATER

    Une question vient à l'esprit : pour quelles raisons l'épiscopat conciliaire français a-t-il imposé une nouvelle traduction du Pater alors que l'on en utilisait depuis des siècles de fort satisfaisantes.

    La première raison est inhérente à la nature révolutionnaire du Concile et de ses suites; il fallait créer une rupture: "du passé faisons table rase". On trouvera sans doute une deuxième raison dans l'œcuménisme : en rejetant la version traditionnelle, on voulait adopter un texte acceptable pour les protestants. D'ailleurs la traduction imposée avait eu pour auteur en 1922 un protestant anonyme (et inculte).

    Troisième raison: cette traduction introduisait comme subrepticement un tutoiement qui, en français actuel, indique une familiarité égalitaire. La promotion du culte de l'homme implique la réduction des formes de respect envers Dieu : toute la nouvelle liturgie en témoigne.

    Le nouveau texte apporte, outre ce douteux tutoiement, quelques fautes de traduction. Par exemple, c'est une erreur de remplacer "arrive" par "vienne" : le verbe venir marque un mouvement dont l'aboutissement reste vague, alors que le verbe arriver exprime au contraire l'aboutissement du mouvement. S'agissant du règne de Dieu par la grâce, il faut évidemment conserver "arrive" conformément au texte latin (advenire signifie arriver, advenir) et à l'enseignement de l'Évangile. Saint Cyprien explique à propos du Pater: "Nous demandons que le règne de Dieu nous soit rendu présent".

    Autre erreur: "quotidien" (quotidianum) veut dire "de chaque jour" et non "de ce jour". Pourquoi demander pour aujourd'hui le pain de ce jour? Pour ne pas avoir le pain d'un autre jour? Par crainte du pain rassis?

    Une autre bévue constitue un contresens assez ridicule : la place de "aussi" dans "comme nous pardonnons aussi". Cet aussi, plutôt superflu, veut restituer le et latin et le kai grec. Mais il se rapporte à "nous" et non à "pardonnons". Il aurait fallu traduire: "comme nous aussi nous pardonnons". Ce n'est pas la même chose de pardonner comme Dieu le fait ou de pardonner à certains comme à d'autres.

    La faute de traduction de la sixième demande nous arrêtera plus longtemps car elle entraîne de fâcheuses conséquences.

    I1 faut reconnaître que se pose ici un problème délicat. Le texte latin dit en effet : et ne nos inducas in tentationem. Mot à mot : "et ne nous conduis pas en tentation". Le texte grec a exactement le même sens : le verbe eisphêrein correspond à inducere ou, mieux, à inferre qui, d'après saint Augustin, se rencontrait dans certaines versions.

    A s'en tenir au mot à mot, il faudrait comprendre que Dieu, même s'il ne tente pas lui-même, conduit l'homme à subir la tentation; l'expose donc positivement au risque de céder au mal. C'est philosophiquement impossible : le mal ne résulte que d'une insuffisance de bien due à la non-perfection de la création (seul Dieu est parfait) et au mésusage par l'homme de sa liberté. En conséquence, Dieu peut permettre le mal mais il ne peut le favoriser; sinon il serait l'auteur d'un mal qui limiterait le bien; il n'aurait donc pas la perfection du bien et, limité, ne serait donc pas Dieu. C'est ce que dit aussi la théologie catholique: "Dieu ne peut pas, en raison de son infinie perfection, être la cause d'un défaut moral" (Louis Ott). L'Écriture le confirme : "Ne dis pas : c'est à cause du Seigneur que je me suis écarté" (Ecclés.). Saint Jacques précise : "Dieu ne tente personne".

    Nous nous trouvons devant une fâcheuse énigme : comment le Pater peut-il contredire la doctrine? L'abbé Carmignac a apporté la clef du mystère. On sait qu'il a démontré que la première version des Évangiles synoptiques était hébraïque; mais on avait toujours admis jusque-là que saint Matthieu avait écrit le sien en araméen. Peu importe ici, car l'hébreu et l'araméen possèdent tous deux une conjugaison particulière, le causatif, qui exprime à la fois la cause et l'effet : au causatif, "entrer", signifie "faire entrer". La négation placée devant le causatif peut s'appliquer soit à la cause soit à l'effet, selon le contexte ou le jugement du lecteur : on aura ainsi "ne pas faire entrer" ou "faire ne pas entrer". Le sens réel du texte hébreu perdu du Pater aura été : "fais que nous n'entrions pas en tentation". Le traducteur grec, ne pouvant rendre sans s'écarter du mot à mot une nuance que lui-même, sémite, sentait en grec, s'en est tenu à un décalque servile. D'où le problème.

    Qu'ils aient connu ou ignoré la solution de ce problème, les commentateurs du Pater ont tous donné à la phrase son sens réel. Origène écrit : "Il répugne de supposer que Dieu induise quiconque en tentation... Combien n'est-il pas absurde de supposer que Dieu bon qui ne peut porter de mauvais fruits expose quelqu'un au mal?" Tertullien précise: "Ne nous induis pas en tentation, c'est-à-dire ne souffre pas que nous soyons tentés". Saint Cyprien explique qu'il est nécessaire de prier en disant: "Et ne souffre pas que nous soyons induits en tentation". Saint Augustin fait remarquer que beaucoup utilisent cette dernière formule, "car Dieu n'induit pas lui-même mais souffre que nous soyons induits" en nous retirant son aide à cause de nos péchés. Saint Thomas d'Aquin donne cette dernière explication. Sainte Thérèse d'Avila écrit à propos du Pater : "Demandons (à Dieu) qu'il ne permette pas que nous succombions à la tentation". Au XVIIe siècle, le Père Médaille précise que "nous prions (Dieu) de ne pas souffrir que nous commettions (des péchés) à l'avenir en succombant à la tentation"; et Bossuet, commentant la même sixième demande, dit qu' "il faut entendre : ne permettez pas que nous y entrions (en tentation)".

    Cette dernière citation montre quel sens Bossuet assignait à la traduction que reprenait son catéchisme: "ne nous induisez pas...". D'autres auteurs gardent le même mot à mot, mais dans le même esprit. Ainsi Calvin en 1541: "ne nous induy point"; le protestant Segond fera de même. Citons aussi le célèbre liturgiste Le Brunen 1716 et divers livres de prières.

    On a plus généralement sacrifié le mot à mot en faveur de formules plus proches du sens réel, souvent analogues à celles que donnaient déjà saint Cyprien et saint Augustin. On rencontre dès le XIIIe siècle: "Et ne suffrez que nus seim tempté". Un synode de Tours en 1396 donne : "Et ne nous laisse point choir en tentation". Gerson en 1507 et Benoist, curé de Saint-Eustache en 1574, ont à peu près une même formule : " Et ne permettez pas que nous soyons vaincus en tentation". Gondy, évêque de Paris, est plus bref en 1572: "ne nous laisse tomber...". Le mot "succomber" apparaît au XVIIe siècle où Le Maître de Sacy écrit cependant: "Et ne nous abandonnez point à la tentation". La formule "Et ne nous laissez pas succomber" s'imposera le plus souvent dès la fin du XVIIe siècle. La société biblique de France (protestante), en 1930, et l'église grecque orthodoxe de Paris, en 1955, traduisent: "Et ne nous laisse pas succomber à la tentation".

    Le nouveau texte imposé par l'épiscopat fait table rase de tout cela. Il ne conserve pas la périphrase devenue classique. Il n'en imagine pas une autre de sens comparable. Il ne reprend même pas le verbe "induire" dans le sens défini par les Pères de l'Église. Non. Il traduit bravement: "Et ne nous soumets pas à la tentation". Il n'y a plus d'exégèse possible, aucune échappatoire, car soumettre n'équivaut pas à inducere, induire. Induire, c'est "conduire vers"; Satan peut nous conduire vers la tentation si Dieu ne s'y oppose pas. Soumettre, c'est "placer sous", c'est réduire à l'obéissance; Satan ne peut pas soumettre nos âmes au mal ni à la tentation qui les y amène; pas même en cas de possession. Pour le texte imposé, Dieu ne se contente donc pas de laisser Satan nous tenter en raison de nos fautes et pour nous mettre à l'épreuve : il nous soumet lui-même à la tentation. Même si l'on suppose que Satan est l'agent de la tentation, on n'en accuse pas moins Dieu d'en être l'auteur principal.

    Accuser Dieu de nous soumettre à la tentation, donc de nous incliner au mal, même si nous devons sortir vainqueurs de l'épreuve, n'est-ce pas injurieux à son égard ? Et cette injure, grâce à leur épiscopat, tous les catholiques de France la répètent tous les jours.

    Daniel RAFFARD de BRIENNE
    in Fideliter, juillet-août 1990

  • Photos du pélerinage de Chartres 2008

    La Porte Latine, le site de la Tradition catholique en France a eu l'excellente initiative de mettre en ligne de nombreuses photos du pélerinage de Chartres 2008.

    Pour les voir, il vous suffit de cliquer sur le lien suivant :

    Pélerinage Chartres 2008

  • L'école Notre-Dame de Fatima

    1265627278.jpgNous avons le plaisir de vous annoncer une pièce de théâtre de Fabrice Hadjadj, jouée au profit de l’école Notre-Dame de Fatima (La Chapelle-d’Armentières, département du Nord). Le 24 mai 2008, à 20h00.
    la pièce s’intitule "A quoi sert de gagner le monde?".
    Cette petite école d’enseignement primaire fut fondée en 1989 par soeur Daniel-Marie de l’Incarnation (photo ci-contre), aidée de quelques laïcs. Daniel Raffard de Brienne oeuvra de façon importante pour cette ouverture, ne ménageant ni son temps, ni son aide.

    Pour toute information merci de contacter Marie-Cécile Barberousse au: 03.20.30.82.32
    Théâtre du collège de Marcq-en-Baroeul

                       Etre grand ou petit ? Fort ou faible

    Théâtre de Fabrice Hadjadj (« A quoi sert de gagner le monde », chapitre 5, scène II)

    [Rencontre plutôt fraîche entre les deux étudiants en Sorbonne : Ignace de Loyola et François Xavier. Ignace est arrivé à Paris pour faire des études à l'université. Il partage sa chambre avec deux autres étudiants : Pierre Favre et François-Xavier.
    François-Xavier fait ses études en vue d'obtenir un haut rang dans l'Eglise, un rang digne de sa famille. Il est également un grand sportif : il fait du saut en hauteur. Plus tard Ignace dira de François-Xavier qu'il était la pâte la plus dure qu'il n'ait jamais rencontrée !
    Récit d'une rencontre entre ces deux étudiants, vu et imaginé par Fabrice Hadjadj.
    - IGNACE DE LOYOLA – Maître François,
    comme je suis heureux de vous voir !
    - FRANÇOIS-XAVIER – Pas moi. Et je ne vous
    cacherai pas que d'avoir à partager cette
    chambre seul avec vous m'indispose.
    - IGNACE DE LOYOLA – Oh ! je ne vous
    importunerai pas plus longtemps. Je m'en
    allais. C'est bientôt l'heure des vêpres.
    - FRANÇOIS-XAVIER – Bon vent ! allez prier
    pour le salut de mon âme.
    - IGNACE DE LOYOLA – Je n'y manquerai pas…
    Au fait, je voulais vous féliciter pour votre
    nouvel exploit de saut en hauteur.
    - FRANÇOIS-XAVIER – Vous étiez sur l'île Notre-Dame ?
    - IGNACE DE LOYOLA – Parmi la foule je vous ai applaudi. […]
    [Suite à sa blessure reçue au siège de
    Pampelune, Ignace vit une conversion
    intérieure profonde : il renonce à être
    chevalier et choisit d'être « chevalier de la Croix ».]
    - IGNACE DE LOYOLA – Maître François, à ce
    sujet, votre ignare de Loyola aurait une question à vous poser […]
    - IGNACE DE LOYOLA – Nos docteurs en
    Sorbonne nous enseignent que l'orgueil
    est le vice qui engendre tous les autres
    Et notre pire ennemi.
    - FRANÇOIS-XAVIER – C'est vrai.
    - IGNACE DE LOYOLA – Dites-moi donc : celui
    qui arrive à vaincre son orgueil, à se
    vaincre soi même pour reconnaître qu'il
    n'est rien que par Dieu,
    Celui-là est-il faible ou fort,
    Grand ou petit ?
    - FRANÇOIS-XAVIER – Il est fort et grand
    puisqu'il a vaincu l'ennemi le plus
    redoutable.
    - IGNACE DE LOYOLA – Mais vaincre son
    orgueil, n'est-ce pas se faire petit ?
    N'est-ce pas se faire toujours plus petit,
    minuscule,
    Un pou,
    Une puce du Tout-Puissant ?
    Alors être grand c'est se faire petit, et
    réciproquement.
    Etre vaincu par Dieu, c'est être plus que
    vainqueur.
    Etre terrassé par le Très-haut c'est sauter
    infiniment plus haut
    Que par ses propres forces.
    […]
    - IGNACE DE LOYOLA – François...
    Vous pouvez très bien être docteur et
    rester simple, riche et rester pauvre de
    coeur, évêque et rester humble sous la
    chape cousue d'or.
    Si vous êtes assez fort pour que cela ne
    vous tourne pas la tête.
    C'est peut-être cela le plus difficile.
    Parce que pour nous, orgueilleux que nous
    sommes,
    Le chemin le plus dur n'est pas celui qui monte
    Mais celui qui descend.
    Et il faudra bien descendre un jour,
    Tout à l'heure, dans un trou de terre meuble,
    Alors que restera-t-il ?
    A quoi sert de gagner le monde si l'on
    vient à perdre son âme ?
    - FRANÇOIS-XAVIER – A quoi sert de gagner le monde ?
    Mais cela sert à tout !
    - IGNACE DE LOYOLA – A tout perdre, tout à l'heure.
    On se gonfle en baudruche, d'autant plus
    gros qu'on est plus vide, d'autant plus
    volumineux qu'on éclatera plus fort.
    On est comme le bétail qu'on gave, qui
    engraisse et dans son saindoux se réjouit
    sans comprendre. […]
    Sans voir que c'est pour l'abattoir.
    Pour l'abattoir, François,
    Car on a oublié Celui qui est
    Et sa Vie qui seule est éternelle.
    […]
    Le chemin le plus dur est celui qui
    descend. Descendez, François, mais descendez bien !
    Le plus dur n'est peut-être pas d'être
    modeste, mais d'avoir assez d'ambition,
    Assez d'ambition pour faire craquer notre suffisance,
    Assez d'ambition pour ne demander rien
    de moins que tout.
    Mais nous sommes mesquins, François,
    Nous demandons quelque chose et
    toujours moins que tout : une brioche pour
    notre quatre heures, un oreiller pour notre nuque raide…
    Nous demandons à Dieu moins que Lui-même,
    Nous demandons que la blessure se ferme
    au lieu qu'elle se distende aux dimensions du monde,
    Qu'elle écarte ses bords comme des lèvres qui crient,
    Qu'elle s'ouvre, cette méchante plaie,
    Qu'elle s'ouvre encore immense comme
    un ciel noir qui se déchire et laisse
    soudain passer la lumière…
    - FRANÇOIS-XAVIER – Descendre ?
    C'est vrai que j'ai peur de descendre, moi.
    C'est vrai que moi j'ai peur de demander
    tout et de risquer de perdre quelque chose.
    J'ai peur, moi, que mes jambes soient brisées…
    Peur de mourir, moi… Peur de moi me
    perdre… Peur d'être dépossédé mais alors
    peur de m'attacher aussi, peur de
    m'attacher aujourd'hui par peur d'être
    dépossédé demain…
    Je ne sais plus ce que je dois choisir.
    Monter ? descendre ? sauter ? boiter ?
    Descendre ?
    Comment aurais-je la force de descendre ?
    - IGNACE DE LOYOLA – Il y a quelqu'un qui
    nous a précédés tout au fond, François,
    Qui nous a devancés tout au fin fond de la détresse
    Et qui tout en bas a jeté son ciel
    Et dans la fosse de notre misère,
    Sa Miséricorde…
    Avec cette Croix, il nous offre tout.
    Avec cette Croix qui nous tend de toutes parts à l'extrême
    Et qui joint le ciel et la terre et l'orient et l'occident…
    - FRANÇOIS-XAVIER – Ignace, vous me donnez
    envie de vous casser l'autre jambe.
    - IGNACE DE LOYOLA – Il est déjà tard. Avec
    ce sautillement obligé, je m'en vais à l'office du soir.