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L'école Notre-Dame de Fatima

1265627278.jpgNous avons le plaisir de vous annoncer une pièce de théâtre de Fabrice Hadjadj, jouée au profit de l’école Notre-Dame de Fatima (La Chapelle-d’Armentières, département du Nord). Le 24 mai 2008, à 20h00.
la pièce s’intitule "A quoi sert de gagner le monde?".
Cette petite école d’enseignement primaire fut fondée en 1989 par soeur Daniel-Marie de l’Incarnation (photo ci-contre), aidée de quelques laïcs. Daniel Raffard de Brienne oeuvra de façon importante pour cette ouverture, ne ménageant ni son temps, ni son aide.

Pour toute information merci de contacter Marie-Cécile Barberousse au: 03.20.30.82.32
Théâtre du collège de Marcq-en-Baroeul

                   Etre grand ou petit ? Fort ou faible

Théâtre de Fabrice Hadjadj (« A quoi sert de gagner le monde », chapitre 5, scène II)

[Rencontre plutôt fraîche entre les deux étudiants en Sorbonne : Ignace de Loyola et François Xavier. Ignace est arrivé à Paris pour faire des études à l'université. Il partage sa chambre avec deux autres étudiants : Pierre Favre et François-Xavier.
François-Xavier fait ses études en vue d'obtenir un haut rang dans l'Eglise, un rang digne de sa famille. Il est également un grand sportif : il fait du saut en hauteur. Plus tard Ignace dira de François-Xavier qu'il était la pâte la plus dure qu'il n'ait jamais rencontrée !
Récit d'une rencontre entre ces deux étudiants, vu et imaginé par Fabrice Hadjadj.
- IGNACE DE LOYOLA – Maître François,
comme je suis heureux de vous voir !
- FRANÇOIS-XAVIER – Pas moi. Et je ne vous
cacherai pas que d'avoir à partager cette
chambre seul avec vous m'indispose.
- IGNACE DE LOYOLA – Oh ! je ne vous
importunerai pas plus longtemps. Je m'en
allais. C'est bientôt l'heure des vêpres.
- FRANÇOIS-XAVIER – Bon vent ! allez prier
pour le salut de mon âme.
- IGNACE DE LOYOLA – Je n'y manquerai pas…
Au fait, je voulais vous féliciter pour votre
nouvel exploit de saut en hauteur.
- FRANÇOIS-XAVIER – Vous étiez sur l'île Notre-Dame ?
- IGNACE DE LOYOLA – Parmi la foule je vous ai applaudi. […]
[Suite à sa blessure reçue au siège de
Pampelune, Ignace vit une conversion
intérieure profonde : il renonce à être
chevalier et choisit d'être « chevalier de la Croix ».]
- IGNACE DE LOYOLA – Maître François, à ce
sujet, votre ignare de Loyola aurait une question à vous poser […]
- IGNACE DE LOYOLA – Nos docteurs en
Sorbonne nous enseignent que l'orgueil
est le vice qui engendre tous les autres
Et notre pire ennemi.
- FRANÇOIS-XAVIER – C'est vrai.
- IGNACE DE LOYOLA – Dites-moi donc : celui
qui arrive à vaincre son orgueil, à se
vaincre soi même pour reconnaître qu'il
n'est rien que par Dieu,
Celui-là est-il faible ou fort,
Grand ou petit ?
- FRANÇOIS-XAVIER – Il est fort et grand
puisqu'il a vaincu l'ennemi le plus
redoutable.
- IGNACE DE LOYOLA – Mais vaincre son
orgueil, n'est-ce pas se faire petit ?
N'est-ce pas se faire toujours plus petit,
minuscule,
Un pou,
Une puce du Tout-Puissant ?
Alors être grand c'est se faire petit, et
réciproquement.
Etre vaincu par Dieu, c'est être plus que
vainqueur.
Etre terrassé par le Très-haut c'est sauter
infiniment plus haut
Que par ses propres forces.
[…]
- IGNACE DE LOYOLA – François...
Vous pouvez très bien être docteur et
rester simple, riche et rester pauvre de
coeur, évêque et rester humble sous la
chape cousue d'or.
Si vous êtes assez fort pour que cela ne
vous tourne pas la tête.
C'est peut-être cela le plus difficile.
Parce que pour nous, orgueilleux que nous
sommes,
Le chemin le plus dur n'est pas celui qui monte
Mais celui qui descend.
Et il faudra bien descendre un jour,
Tout à l'heure, dans un trou de terre meuble,
Alors que restera-t-il ?
A quoi sert de gagner le monde si l'on
vient à perdre son âme ?
- FRANÇOIS-XAVIER – A quoi sert de gagner le monde ?
Mais cela sert à tout !
- IGNACE DE LOYOLA – A tout perdre, tout à l'heure.
On se gonfle en baudruche, d'autant plus
gros qu'on est plus vide, d'autant plus
volumineux qu'on éclatera plus fort.
On est comme le bétail qu'on gave, qui
engraisse et dans son saindoux se réjouit
sans comprendre. […]
Sans voir que c'est pour l'abattoir.
Pour l'abattoir, François,
Car on a oublié Celui qui est
Et sa Vie qui seule est éternelle.
[…]
Le chemin le plus dur est celui qui
descend. Descendez, François, mais descendez bien !
Le plus dur n'est peut-être pas d'être
modeste, mais d'avoir assez d'ambition,
Assez d'ambition pour faire craquer notre suffisance,
Assez d'ambition pour ne demander rien
de moins que tout.
Mais nous sommes mesquins, François,
Nous demandons quelque chose et
toujours moins que tout : une brioche pour
notre quatre heures, un oreiller pour notre nuque raide…
Nous demandons à Dieu moins que Lui-même,
Nous demandons que la blessure se ferme
au lieu qu'elle se distende aux dimensions du monde,
Qu'elle écarte ses bords comme des lèvres qui crient,
Qu'elle s'ouvre, cette méchante plaie,
Qu'elle s'ouvre encore immense comme
un ciel noir qui se déchire et laisse
soudain passer la lumière…
- FRANÇOIS-XAVIER – Descendre ?
C'est vrai que j'ai peur de descendre, moi.
C'est vrai que moi j'ai peur de demander
tout et de risquer de perdre quelque chose.
J'ai peur, moi, que mes jambes soient brisées…
Peur de mourir, moi… Peur de moi me
perdre… Peur d'être dépossédé mais alors
peur de m'attacher aussi, peur de
m'attacher aujourd'hui par peur d'être
dépossédé demain…
Je ne sais plus ce que je dois choisir.
Monter ? descendre ? sauter ? boiter ?
Descendre ?
Comment aurais-je la force de descendre ?
- IGNACE DE LOYOLA – Il y a quelqu'un qui
nous a précédés tout au fond, François,
Qui nous a devancés tout au fin fond de la détresse
Et qui tout en bas a jeté son ciel
Et dans la fosse de notre misère,
Sa Miséricorde…
Avec cette Croix, il nous offre tout.
Avec cette Croix qui nous tend de toutes parts à l'extrême
Et qui joint le ciel et la terre et l'orient et l'occident…
- FRANÇOIS-XAVIER – Ignace, vous me donnez
envie de vous casser l'autre jambe.
- IGNACE DE LOYOLA – Il est déjà tard. Avec
ce sautillement obligé, je m'en vais à l'office du soir.

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