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Ecrits divers

  • Lectures et Tradition, juin 2016

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    SOMMAIRE :  

    - Editorial (p. 2 de couverture)
    - Avant-propos pour le 50e anniversaire (par Jérôme Seguin) (p. 1) 
    - Témoignages (p. 7) 
    Révérend Père Lecareux : « On a toujours été de votre côté » (p. 7) - Père Jean-Marie : DPF, centre politique ou religieux (p. 8) - Père Jean-Jacques Marziac : La France catholique profonde (p. 10) - Francis Bergeron : 1966. Je me souviens (p. 12) - Claude Mouton-Raimbault : Le coup de génie de Jean Auguy (p. 14) - Hervé Pinoteau : « Vous êtes des soldats de la Tradition » (p. 17) - Arnaud Raffard de Brienne : Daniel Raffard de Brienne, une vie militante (p. 18) - Grandes Journées spéciales pour les 50 ans de Chiré (p. 22)
    - Journées Chouannes 2016 : trois questions aux auteurs (p. 26)
    Richard Alain Marsaud de Labouygue - Mauricette Vial-Andru - Jean-Pascal Serbera - Pierre Pinatel - Paul Durand. 
    - Les cadeaux de Tante Anne (la bibliothèque des petits Chouans) (p. 30) 
    Au zoo - Les Enfants du Palatin (d'Anne Bernet) - Éclaireur de Dieu (du père Albert Hublet) - La Barrière (de René Bazin) - Le Trésor de l'île des flibustiers (de Franz Hoffmann et André d'Aveline). 

  • Livres en famille

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  • Deux ans déjà

    Il y à deux ans, jour pour jour, décédait pieusement Daniel Raffard de Brienne. Hasard mais aussi, si l'on veut, clin d'oeil du destin, le 7 juillet 2007 était aussi le jour tant attendu des catholiques de tradition, celui de la publication par Benoît XVI du Summorum Pontificum autorisant la célébration du Sacrifice de la Messe suivant l’édition type du Missel romain promulgué par le B. Jean XXIII en 1962 et jamais abrogé, en tant que forme extraordinaire de la Liturgie de l’Église.

    Voici le texte en question :

    LETTRE APOSTOLIQUE
    EN FORME DE MOTU PROPRIO
    DU SOUVERAIN PONTIFE
    BENOÎT XVI
    Sur l’usage de la Liturgie romaine antérieure à la réforme de 1970


    LES SOUVERAINS PONTIFES ont toujours veillé jusqu’à nos jours à ce que l’Église du Christ offre à la divine majesté un culte digne, « à la louange et à la gloire de son nom » et « pour le bien de toute sa sainte Église».

    Depuis des temps immémoriaux et aussi à l’avenir, le principe à observer est que «chaque Église particulière doit être en accord avec l’Église universelle, non seulement quant à la doctrine de la foi et aux signes sacramentels, mais aussi quant aux usages reçus universellement de la tradition apostolique ininterrompue, qui sont à observer non seulement pour éviter des erreurs, mais pour transmettre l’intégrité de la foi, parce que la lex orandi de l’Église correspond à sa lex credendi » (1).

    Parmi les Pontifes qui ont eu ce soin se distingue le nom de saint Grégoire le Grand qui fut attentif à transmettre aux nouveaux peuples de l’Europe tant la foi catholique que les trésors du culte et de la culture accumulés par les Romains au cours des siècles précédents. Il ordonna de déterminer et de conserver la forme de la liturgie sacrée, aussi bien du Sacrifice de la Messe que de l’Office divin, telle qu’elle était célébrée à Rome. Il encouragea vivement les moines et les moniales qui, vivant sous la Règle de saint Benoît, firent partout resplendir par leur vie, en même temps que l’annonce de l’Évangile, cette très salutaire manière de vivre de la Règle, « à ne rien mettre au-dessus de l’œuvre de Dieu» (chap. 43). Ainsi, la liturgie selon les coutumes de Rome féconda non seulement la foi et la piété mais aussi la culture de nombreux peuples. C’est un fait en tout cas que la liturgie latine de l’Église sous ses diverses formes, au cours des siècles de l’ère chrétienne, a été un stimulant pour la vie spirituelle d’innombrables saints et qu’elle a affermi beaucoup de peuples par la religion et fécondé leur piété.

    Au cours des siècles, beaucoup d’autres Pontifes romains se sont particulièrement employés à ce que la liturgie accomplisse plus efficacement cette tâche ; parmi eux se distingue saint Pie V, qui, avec un grand zèle pastoral, suivant l’exhortation du Concile de Trente, renouvela tout le culte de l’Église, fit éditer des livres liturgiques corrigés et «réformés selon la volonté des Pères », et les donna à l’Église latine pour son usage.

    Parmi les livres liturgiques du Rite romain, la première place revient évidemment au Missel romain, qui se répandit dans la ville de Rome puis, les siècles suivants, prit peu à peu des formes qui ont des similitudes avec la forme en vigueur dans les générations récentes.

    C’est le même objectif qu’ont poursuivi les Pontifes romains au cours des siècles suivants en assurant la mise à jour des rites et des livres liturgiques ou en les précisant, et ensuite, depuis le début de ce siècle, en entreprenant une réforme plus générale » (2). Ainsi firent mes prédécesseurs Clément VIII, Urbain VIII, saint Pie X (3), Benoît XV et le bienheureux Jean XXIII.

    Plus récemment, le Concile Vatican II exprima le désir que l’observance et le respect dus au culte divin soient de nouveau réformés et adaptés aux nécessités de notre temps. Poussé par ce désir, mon prédécesseur le Souverain Pontife Paul VI approuva en 1970 des livres liturgiques restaurés et partiellement rénovés de l’Église latine ; ceux-ci, traduits partout dans le monde en de nombreuses langues modernes, ont été accueillis avec plaisir par les Évêques comme par les prêtres et les fidèles. Jean-Paul II reconnut la troisième édition type du Missel romain. Ainsi, les Pontifes romains se sont employés à ce que « cet édifice liturgique, pour ainsi dire, […] apparaisse de nouveau dans la splendeur de sa dignité et de son harmonie » (4) .

    Dans certaines régions, toutefois, de nombreux fidèles se sont attachés et continuent à être attachés avec un tel amour et une telle passion aux formes liturgiques précédentes, qui avaient profondément imprégné leur culture et leur esprit, que le Souverain Pontife Jean-Paul II, poussé par la sollicitude pastorale pour ces fidèles, accorda en 1984, par un indult spécial Quattuor abhinc annos de la Congrégation pour le Culte divin, la faculté d’utiliser le Missel romain publié en 1962 par Jean XXIII ; puis de nouveau en 1988, par la lettre apostolique Ecclesia Dei en forme de motu proprio, Jean-Paul II exhorta les Évêques à utiliser largement et généreusement cette faculté en faveur de tous les fidèles qui en feraient la demande.

    Les prières instantes de ces fidèles ayant déjà été longuement pesées par mon prédécesseur Jean-Paul II, ayant moi-même entendu les Pères Cardinaux au consistoire qui s’est tenu le 23 mars 2006, tout bien considéré, après avoir invoqué l’Esprit Saint et l’aide de Dieu, par la présente Lettre apostolique je DECIDE ce qui suit :

    Art. 1. Le Missel romain promulgué par Paul VI est l’expression ordinaire de la « lex orandi» de l’Église catholique de rite latin. Le Missel romain promulgué par S. Pie V et réédité par le B. Jean XXIII doit être considéré comme l’expression extraordinaire de la même « lex orandi » de l’Église et être honoré en raison de son usage vénérable et antique. Ces deux expressions de la « lex orandi » de l’Église n’induisent aucune division de la « lex credendi » de l’Église ; ce sont en effet deux mises en œuvre de l’unique rite romain.

    Il est donc permis de célébrer le Sacrifice de la Messe suivant l’édition type du Missel romain promulgué par le B. Jean XXIII en 1962 et jamais abrogé, en tant que forme extraordinaire de la Liturgie de l’Église. Mais les conditions établies par les documents précédents Quattuor abhinc annos et Ecclesia Dei pour l’usage de ce Missel sont remplacées par ce qui suit :
    Art. 2. Aux Messes célébrées sans peuple, tout prêtre catholique de rite latin, qu’il soit séculier ou religieux, peut utiliser le Missel romain publié en 1962 par le bienheureux Pape Jean XXIII ou le Missel romain promulgué en 1970 par le Souverain Pontife Paul VI, et cela quel que soit le jour, sauf le Triduum sacré. Pour célébrer ainsi selon l’un ou l’autre Missel, le prêtre n’a besoin d’aucune autorisation, ni du Siège apostolique ni de son Ordinaire.

    Art. 3. Si des communautés d’Instituts de vie consacrée et de Sociétés de vie apostolique de droit pontifical ou de droit diocésain désirent, pour la célébration conventuelle ou «communautaire », célébrer dans leurs oratoires propres la Messe selon l’édition du Missel romain promulgué en 1962, cela leur est permis. Si une communauté particulière ou tout l’Institut ou Société veut avoir de telles célébrations souvent ou habituellement ou de façon permanente, cette façon de faire doit être déterminée par les Supérieurs majeurs selon les règles du droit et les lois et statuts particuliers.

    Art. 4. Aux célébrations de la Messe dont il est question ci-dessus à l’art. 2 peuvent être admis, en observant les règles du droit, des fidèles qui le demandent spontanément.

    Art. 5, § 1. Dans les paroisses où il existe un groupe stable de fidèles attachés à la tradition liturgique antérieure, le curé accueillera volontiers leur demande de célébrer la Messe selon le rite du Missel romain édité en 1962. Il appréciera lui-même ce qui convient pour le bien de ces fidèles en harmonie avec la sollicitude pastorale de la paroisse, sous le gouvernement de l’Évêque selon les normes du canon 392, en évitant la discorde et en favorisant l’unité de toute l’Église.
    § 2. La célébration selon le Missel du bienheureux Jean XXIII peut avoir lieu les jours ordinaires ; mais les dimanches et les jours de fêtes, une Messe sous cette forme peut aussi être célébrée.
    § 3. Le curé peut aussi autoriser aux fidèles ou au prêtre qui le demandent, la célébration sous cette forme extraordinaire dans des cas particuliers comme des mariages, des obsèques ou des célébrations occasionnelles, par exemple des pèlerinages.
    § 4. Les prêtres utilisant le Missel du bienheureux Jean XXIII doivent être idoines et non empêchés par le droit.
    § 5. Dans les églises qui ne sont ni paroissiales ni conventuelles, il appartient au Recteur de l’église d’autoriser ce qui est indiqué ci-dessus.

    Art. 6. Dans les Messes selon le Missel du B. Jean XXIII célébrées avec le peuple, les lectures peuvent aussi être proclamées en langue vernaculaire, utilisant des éditions reconnues par le Siège apostolique.

    Art. 7. Si un groupe de fidèles laïcs dont il est question à l’article 5 § 1 n’obtient pas du curé ce qu’ils lui ont demandé, ils en informeront l’Évêque diocésain. L’Évêque est instamment prié d’exaucer leur désir. S’il ne peut pas pourvoir à cette forme de célébration, il en sera référé à la Commission pontificale Ecclesia Dei.

    Art. 8. L’Évêque qui souhaite pourvoir à une telle demande de fidèles laïcs, mais qui, pour différentes raisons, en est empêché, peut en référer à la Commission pontificale Ecclesia Dei, qui lui fournira conseil et aide.

    Art. 9, § 1. De même, le curé, tout bien considéré, peut concéder l’utilisation du rituel ancien pour l’administration des sacrements du Baptême, du Mariage, de la Pénitence et de l’Onction des Malades, s’il juge que le bien des âmes le réclame.
    § 2. Aux Ordinaires est accordée la faculté de célébrer le sacrement de la Confirmation en utilisant le Pontifical romain ancien, s’il juge que le bien des âmes le réclame.
    § 3. Tout clerc dans les ordres sacrés a le droit d’utiliser aussi le Bréviaire romain promulgué par le bienheureux Pape Jean XXIII en 1962.

    Art. 10. S’il le juge opportun, l’Ordinaire du lieu a le droit d’ériger une paroisse personnelle au titre du canon 518, pour les célébrations selon la forme ancienne du rite romain, ou de nommer soit un recteur soit un chapelain, en observant les règles du droit.

    Art. 11. La Commission pontificale Ecclesia Dei, érigée par le Pape Jean-Paul II en 1988 (5), continue à exercer sa mission.
    Cette commission aura la forme, la charge et les normes que le Pontife romain lui-même voudra lui attribuer.

    Art. 12. Cette commission, outre les facultés dont elle jouit déjà, exercera l’autorité du Saint-Siège, veillant à l’observance et à l’application de ces dispositions.

    Tout ce que j’ai établi par la présente Lettre apostolique en forme de Motu proprio, j’ordonne que cela ait une valeur pleine et stable, et soit observé à compter du 14 septembre de cette année, nonobstant toutes choses contraires.

    Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le 7 juillet de l’an du Seigneur 2007, en la troisième année de mon pontificat.

    BENEDICTUS Pp. XVI
    Benoît XVI

    Notes:

    [1] PRESENTATION GENERALE DU MISSEL ROMAIN, troisième édition, 2002, n. 397.
    [2] JEAN-PAUL II, Lettre ap. Vicesimus quintus annus (4 décembre 1988), n. 3 : AAS 81 (1989), p. 899 ; La Documentation catholique 86 (1989), pp. 518-519.
    [3] Ibidem.
    [4] Motu proprio Abhinc duos annos (23 octobre 1913) : AAS 5 (1913), pp. 449-450 ; cf. JEAN-PAUL II, Lettre ap. Vicesimus quintus annus, n. 3 : AAS 81 (1989), p. 899; La Documentation 86 (1989), p. 519.
    [5] Cf. JEAN-PAUL II, Motu proprio Ecclesia Dei adflicta (2 juillet 1988), n. 6 : AAS 80 (1988), p. 1498: La Documentation catholique 85 (1988), pp. 788-789.
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  • MISSA, pour la solidarité des catholiques

    missa-gp1.jpgMISSA est un groupe visant à resserrer les liens entre les catholiques « traditionnels» (pas nécessairement « traditionalistes »), notamment grâce à internet. Les domaines dans lesquels MISSA peut apporter son aide sont très divers : professionnel, commercial, associatif, information, petites annonces et bien sûr religieux.

    De plus MISSA présente le double avantage d’être à la fois gratuit et local. Ce groupe est indépendant de toute structure officielle, ce qui n’empêche pas bien sûr que nous soyons individuellement engagés dans tel ou tel mouvement. Il n’y pas d’association MISSA.

    MISSA

  • Le rap par Serge de Beketch

    Voici un clin d'oeil en souvenir de Serge de Beketch. Il s'agit de l'enregistrement d'une émission de Radio Courtoisie au cours de laquelle ce brillant journaliste et écrivain se moque, avec un talent fou, du rap et des rappeurs. 


    Les amis de Serge ont mis en ligne un enregistrement des mêmes paroles mixées sur un fond musical de type rap. Désopilant et à faire largement circuler : Le rap par Serge de Beketch (version censurée)

  • Les éditions de Chiré

    690241773.JPGChiré, point d'appui de la Reconquête

    Je n'ai pas connu les Journées Chouannes avant 1983, année à partir de laquelle je les fréquente régulièrement et avec plaisir. J'avais rencontré Jean Auguy lors d'une réunion que j'avais organisée à Lille en 1981. Un peu plus tard, je lui ai soumis un travail que j'avais réalisé sur la Nouvelle Messe à la demande du MJCF. Le Père Noché, jésuite, m'ayant littéralement sommé de faire imprimer ce travail, je l'ai donc envoyé à Jean Auguy. Surprise : il le publie et me demande d'en faire un autre sur la Nouvelle Catéchèse. C'est le début d'un engrenage fatal qui continue à me broyer !

    Je fais donc connaissance avec l'oeuvre capitale que Chiré a entreprise. On ne se rend peut-être pas compte du service qu'a rendu cette maison à la Tradition catholique et française dont, il y à quelques décennies, il ne restait pas grand chose de visible : les méchants "intégristes" étaient exclus de "l'accueil de l'autre", comme "de l'échange et du partage" post-conciliaires. Chiré a alors diffusé des livres qui transmettient les idées justes et fédéraient les "survivants" dispersés.

    Ce service immense, il ne faudrait pas l'oublier. Il serait bien ingrat de ne pas rester fidèle à Chiré à un moment où la situation de la Tradition s'améliore.

    Il y à vingt ans, Chiré était entassé dans l'enceinte d'un petite école, au centre de la localité de ce nom. Cette école, c'était un peut le village d'Astérix qui résistait toujours à l'invasion. Les derniers Gaulois s'y réunissaient chaque année, au début de septembre pour les bientôt fameuses Journées Chouannes.

    Le cadre était familial et modeste. On ne s'y comptait pas très nombreux ; mais on était heureux de s'y retrouver chaque année. De solides amitiés s'y créaient. Des repas préparés par les dames s'y prenaient sous le préau de l'école. Sous un gros chêne (1), une petite tribune accueillait la Messe puis des orateurs. Des auteurs signaient leurs oeuvres et, comme maintenant et à de très rares exceptions propres à rappeler la règle, la pluie s'abstenait de tomber.

    Et puis Chiré s'est épanoui dans des bâtiments plus commodes sur des terrains beaucoup plus vastes. La participation aux Journées Chouannes s'est, elle aussi, largement étendue, perdant un peu l'intimité du début, mais gagnant l'enthousiasme d'une jeunesse de plus en plus nombreuse.

    L'afflux de la jeunesse est d'autant plus opportune qu'au fil des ans les anciens disparaissent peu à peu. Nous avons perdu Meunier, Coston, Davesnes, Baumgartner qui venait tous les ans d'Autriche... Et aussi les auteurs qui étaient devenus mes amis : Jacques Ploncard d'Assac, André Figueras, Vladimir Volkoff.

    Volkoff n'est parti que dix jours après les dernières Journées Chouannes, celles de 2005. L'ultime image que j'ai de lui est celle de son dos s'éloignant de ma petite table d'auteur après y avoir malicieusement déposé (à côté de l'eau fournie par DPF) une bouteille de vin que nous n'avions pas finie à table (elle ne devait pas être la première).

    Daniel Raffard de Brienne

    in Les Cahiers de Chiré, n°21, août 2006 (quarantième anniversaire)

    Les éditions de Chiré

    Voir aussi sur Metapedia : Lectures Françaises

    Adresse : SA DPF (Diffusion de la Pensée Française), BP 1, 86190 Chiré-en-Montreuil

  • Analyse de la traduction post-conciliaire du Pater

    La traduction post-concilaire du Pater a, en son temps, fait abondamment couler l'encre sans pour pour autant qu'il ait été mis fin au débat. Daniel Raffard de Brienne, dans divers écrits, contribua à la réflexion sur le sujet. Il nous offre ici, dans un article rédigé en 1990, une analyse synthétique de la question en même temps qu'un condensé d'érudition historique. Les lecteurs souhaitant aller plus loin liront avec profit Traductor, Traditor. Les nouvelles traductions de l'Ecriture Sainte.

    LA TRADUCTION POST-CONCILIAIRE DU PATER

    Une question vient à l'esprit : pour quelles raisons l'épiscopat conciliaire français a-t-il imposé une nouvelle traduction du Pater alors que l'on en utilisait depuis des siècles de fort satisfaisantes.

    La première raison est inhérente à la nature révolutionnaire du Concile et de ses suites; il fallait créer une rupture: "du passé faisons table rase". On trouvera sans doute une deuxième raison dans l'œcuménisme : en rejetant la version traditionnelle, on voulait adopter un texte acceptable pour les protestants. D'ailleurs la traduction imposée avait eu pour auteur en 1922 un protestant anonyme (et inculte).

    Troisième raison: cette traduction introduisait comme subrepticement un tutoiement qui, en français actuel, indique une familiarité égalitaire. La promotion du culte de l'homme implique la réduction des formes de respect envers Dieu : toute la nouvelle liturgie en témoigne.

    Le nouveau texte apporte, outre ce douteux tutoiement, quelques fautes de traduction. Par exemple, c'est une erreur de remplacer "arrive" par "vienne" : le verbe venir marque un mouvement dont l'aboutissement reste vague, alors que le verbe arriver exprime au contraire l'aboutissement du mouvement. S'agissant du règne de Dieu par la grâce, il faut évidemment conserver "arrive" conformément au texte latin (advenire signifie arriver, advenir) et à l'enseignement de l'Évangile. Saint Cyprien explique à propos du Pater: "Nous demandons que le règne de Dieu nous soit rendu présent".

    Autre erreur: "quotidien" (quotidianum) veut dire "de chaque jour" et non "de ce jour". Pourquoi demander pour aujourd'hui le pain de ce jour? Pour ne pas avoir le pain d'un autre jour? Par crainte du pain rassis?

    Une autre bévue constitue un contresens assez ridicule : la place de "aussi" dans "comme nous pardonnons aussi". Cet aussi, plutôt superflu, veut restituer le et latin et le kai grec. Mais il se rapporte à "nous" et non à "pardonnons". Il aurait fallu traduire: "comme nous aussi nous pardonnons". Ce n'est pas la même chose de pardonner comme Dieu le fait ou de pardonner à certains comme à d'autres.

    La faute de traduction de la sixième demande nous arrêtera plus longtemps car elle entraîne de fâcheuses conséquences.

    I1 faut reconnaître que se pose ici un problème délicat. Le texte latin dit en effet : et ne nos inducas in tentationem. Mot à mot : "et ne nous conduis pas en tentation". Le texte grec a exactement le même sens : le verbe eisphêrein correspond à inducere ou, mieux, à inferre qui, d'après saint Augustin, se rencontrait dans certaines versions.

    A s'en tenir au mot à mot, il faudrait comprendre que Dieu, même s'il ne tente pas lui-même, conduit l'homme à subir la tentation; l'expose donc positivement au risque de céder au mal. C'est philosophiquement impossible : le mal ne résulte que d'une insuffisance de bien due à la non-perfection de la création (seul Dieu est parfait) et au mésusage par l'homme de sa liberté. En conséquence, Dieu peut permettre le mal mais il ne peut le favoriser; sinon il serait l'auteur d'un mal qui limiterait le bien; il n'aurait donc pas la perfection du bien et, limité, ne serait donc pas Dieu. C'est ce que dit aussi la théologie catholique: "Dieu ne peut pas, en raison de son infinie perfection, être la cause d'un défaut moral" (Louis Ott). L'Écriture le confirme : "Ne dis pas : c'est à cause du Seigneur que je me suis écarté" (Ecclés.). Saint Jacques précise : "Dieu ne tente personne".

    Nous nous trouvons devant une fâcheuse énigme : comment le Pater peut-il contredire la doctrine? L'abbé Carmignac a apporté la clef du mystère. On sait qu'il a démontré que la première version des Évangiles synoptiques était hébraïque; mais on avait toujours admis jusque-là que saint Matthieu avait écrit le sien en araméen. Peu importe ici, car l'hébreu et l'araméen possèdent tous deux une conjugaison particulière, le causatif, qui exprime à la fois la cause et l'effet : au causatif, "entrer", signifie "faire entrer". La négation placée devant le causatif peut s'appliquer soit à la cause soit à l'effet, selon le contexte ou le jugement du lecteur : on aura ainsi "ne pas faire entrer" ou "faire ne pas entrer". Le sens réel du texte hébreu perdu du Pater aura été : "fais que nous n'entrions pas en tentation". Le traducteur grec, ne pouvant rendre sans s'écarter du mot à mot une nuance que lui-même, sémite, sentait en grec, s'en est tenu à un décalque servile. D'où le problème.

    Qu'ils aient connu ou ignoré la solution de ce problème, les commentateurs du Pater ont tous donné à la phrase son sens réel. Origène écrit : "Il répugne de supposer que Dieu induise quiconque en tentation... Combien n'est-il pas absurde de supposer que Dieu bon qui ne peut porter de mauvais fruits expose quelqu'un au mal?" Tertullien précise: "Ne nous induis pas en tentation, c'est-à-dire ne souffre pas que nous soyons tentés". Saint Cyprien explique qu'il est nécessaire de prier en disant: "Et ne souffre pas que nous soyons induits en tentation". Saint Augustin fait remarquer que beaucoup utilisent cette dernière formule, "car Dieu n'induit pas lui-même mais souffre que nous soyons induits" en nous retirant son aide à cause de nos péchés. Saint Thomas d'Aquin donne cette dernière explication. Sainte Thérèse d'Avila écrit à propos du Pater : "Demandons (à Dieu) qu'il ne permette pas que nous succombions à la tentation". Au XVIIe siècle, le Père Médaille précise que "nous prions (Dieu) de ne pas souffrir que nous commettions (des péchés) à l'avenir en succombant à la tentation"; et Bossuet, commentant la même sixième demande, dit qu' "il faut entendre : ne permettez pas que nous y entrions (en tentation)".

    Cette dernière citation montre quel sens Bossuet assignait à la traduction que reprenait son catéchisme: "ne nous induisez pas...". D'autres auteurs gardent le même mot à mot, mais dans le même esprit. Ainsi Calvin en 1541: "ne nous induy point"; le protestant Segond fera de même. Citons aussi le célèbre liturgiste Le Brunen 1716 et divers livres de prières.

    On a plus généralement sacrifié le mot à mot en faveur de formules plus proches du sens réel, souvent analogues à celles que donnaient déjà saint Cyprien et saint Augustin. On rencontre dès le XIIIe siècle: "Et ne suffrez que nus seim tempté". Un synode de Tours en 1396 donne : "Et ne nous laisse point choir en tentation". Gerson en 1507 et Benoist, curé de Saint-Eustache en 1574, ont à peu près une même formule : " Et ne permettez pas que nous soyons vaincus en tentation". Gondy, évêque de Paris, est plus bref en 1572: "ne nous laisse tomber...". Le mot "succomber" apparaît au XVIIe siècle où Le Maître de Sacy écrit cependant: "Et ne nous abandonnez point à la tentation". La formule "Et ne nous laissez pas succomber" s'imposera le plus souvent dès la fin du XVIIe siècle. La société biblique de France (protestante), en 1930, et l'église grecque orthodoxe de Paris, en 1955, traduisent: "Et ne nous laisse pas succomber à la tentation".

    Le nouveau texte imposé par l'épiscopat fait table rase de tout cela. Il ne conserve pas la périphrase devenue classique. Il n'en imagine pas une autre de sens comparable. Il ne reprend même pas le verbe "induire" dans le sens défini par les Pères de l'Église. Non. Il traduit bravement: "Et ne nous soumets pas à la tentation". Il n'y a plus d'exégèse possible, aucune échappatoire, car soumettre n'équivaut pas à inducere, induire. Induire, c'est "conduire vers"; Satan peut nous conduire vers la tentation si Dieu ne s'y oppose pas. Soumettre, c'est "placer sous", c'est réduire à l'obéissance; Satan ne peut pas soumettre nos âmes au mal ni à la tentation qui les y amène; pas même en cas de possession. Pour le texte imposé, Dieu ne se contente donc pas de laisser Satan nous tenter en raison de nos fautes et pour nous mettre à l'épreuve : il nous soumet lui-même à la tentation. Même si l'on suppose que Satan est l'agent de la tentation, on n'en accuse pas moins Dieu d'en être l'auteur principal.

    Accuser Dieu de nous soumettre à la tentation, donc de nous incliner au mal, même si nous devons sortir vainqueurs de l'épreuve, n'est-ce pas injurieux à son égard ? Et cette injure, grâce à leur épiscopat, tous les catholiques de France la répètent tous les jours.

    Daniel RAFFARD de BRIENNE
    in Fideliter, juillet-août 1990