Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

L'affaire du carbone 14

1988221732.JPGDans une plaquette publiée par Renaissance Catholique et préfacée par André van Cauwenberghe, Daniel Raffard de Brienne consacrait un chapitre à l'affaire du carbone 14. Il développera le sujet dans différents livres et au cours d'innombables conférences mais le chapitre en question donne un apperçu assez complet sur la question.

2 - L'affaire du carbone 14

Le mémoire de Pierre d'Arcis

La datation du Saint Suaire, telle qu'elle fut pratiquée en 1988 au moyen du carbone 14 réussit à attribuer au lin du tissu une ancienneté moyenne le situant dans la première moitié du XIVe siècle. La date ne pouvait être plus récente puisque la relique est connue de manière suivie depuis 1353 environ. Il était préférable qu'elle ne fût pas plus ancienne pour concorder avec le mémoire de Pierrre d'Arcis qui constituait l'argument majeu du chanoine Ulysse Chevalier.

Chevalier avait retrouvé en effet la copie ou le brouillon d'un mémoire adressé, très probablement en 1389, par l'évêque de Troyes Pierre d'Arcis au pape (en fait antipape) Clément VII. Pierre d'Arcis y dénonce avec vigueur le faux suaire exposé par les chanoines de Lirey. Selon lui, un de ses prédécesseurs à l'évêché de Troyes, Henri de Poitiers, aurait fait à ce sujet trente-quatre ans plus tôt, donc en 1355; une enquête au cours de laquelle il avait obtenu les aveux du peintre faussaire auteur de l'image.

Le document serait fâcheux pour le linceul s'il ne se heurtait à de fortes objections. Tout d'abord Clément VII y répondit le 6 janvier 1390 par un décret ordonnant à Pierre d'Arcis de garder le silence et autorisant l'exposition à Lirey de ce qu'il appelait, il est vrai, la copie du Suaire (mais ne faut-il pas un original à une copie ?). Ensuite on ne trouve aucune trace de l'enquête de 1355 ; nous avons vu, en revanche, Henri de Poitiers envoyer en 1356 sa bénédiction à la collégiale de Lirey et douze évêque accorder en 1357 des indulgences aux pélerins qui s'y rendaient.

Enfinc et surtout, aucun peintre n'a pu s'avouer l'auteur de l'image du Saint Suaire puisque, nous le verrons, il ne peut s'agit en caucun cs d'une peinture. Notons cependant qu'il a existé un certain nombre de copies connues comme telles, peintes d'après le Saint Suaire. Nous risquons l'hypothèse que les chanoines de Lirey pouvaient, pour des raisons de sécurité, avoir exposé habituellement une de ces copies à la place du l'original qu'ils conservaient. Cette hypothèse suffirait à expliquer toute l'affaire et la lettre de Clément VII.

La datation au carbone 14

Que vaut cette méthode de datation ? Il nous faut donner ici quelques explications élémentaires.

On sait que les atomes de carbone ordinaire, ou C 12, forment, si l'on peut dire, l'ossature des molécules organiques qui composent tous les êtres vivants, animaux ou végétaux.

De son côté, le carbone 14 ou C 14, est un carbone radioactif. Les atomes sont tous constitués de particules : neutrons, protons, électrons, etc.. Les atomes radioactifs comprennent des particules en surnombre qui, mal fixés, tendent à s'échapper. Ce sont ces particules "en fuite" qui forment le rayonnement qui caractérise ces atomes.

En entrant dans l'atmosphère, les rayons cosmiques bombardent quelques atomes de l'azote qui forme les 4/5e de l'air que nous respirons. Un atome d'azote et un neutron donnent naissance à un atome de C 14 et un atome d'hydrogène. Le C 14 naissant, ainsi formé, entre immédiatement en réaction avec l'oxygène de l'air et donne une molécule de gaz carbonique (CO2), qui entre ainsi dans le cycle du carbone des molécules organiques. Il y à environ un atome de C 14 pour mille milliards de carbone total (10-12).

Tant qu'ils sont vivants, les végétaux et les animaux, par l'intermédiaire des végétaux, ont, dans leur économie, un taux de carbone identitque à celui de l'atmosphère. Lorsqu'ils meurent, par exemple lorsque le lin est récolté, le carbone ordinaire ou C 12 subsiste alors que le carbone radioactif ou C 14 continue à se dégrader par rayonnement en redevenant de l'azote sans être remplacé.

Or la proportion, extrêmement faible, de C 14 est considérée comme constante au cours des siècles. Et on connait la vitesse de dégradation du C 14 : il faut 5730 ans (c'est la plus récente estimation) pour que la moitié de C 14 contenu dans un corps organique disparaisse. Il suffit donc de connaître la teneur en C 14 de ce corps pour calculer la date de sa mort. On a mis pour cela au point des techniques très délicates.

En principe, la datation du C 14 peut donner de bons résultats pour des objets de moins de 50 000 ans avec cette réserve que, contrairement à la théorie,la teneur en C 14 de l'atmosphère a varié au cours des âges. Toutefois, les dates possibles du Saint Suaire se situent dans une fourchette où d'autres éléments peuvent servir d'étalons pour contrôler la fiabilité de la méthode. En revanche, la technique, extrêmement délicate, donne parfois des résultats aberrants dans le cas de dérivés carbonés qui peuvent subir des échanges isotopiques au cours des âges. Les éventuels contaminants n'apportent pas de différences significatives dans les résultats de datation du lin.

C'est ainsi que l'un des trois laboratoires qui étudieront le Saint Suaire, celui de Zurich, s'est trompé en 1983 de mille ans en testant unlinge ancien. Un autre de ces trois, celui de Tucson, a daté un cor viking de 2006 de notre ère ! On ne peut cependant pas tirer de ces mauvais résultats une quelconque conclusion quant à la non fiabilité du C 14 pour le lin du Saint Suaire.

Le Saint Suaire et le carbone 14

Appliqué au Saint Suaire, le dosage au carbone 14 pouvait indiquer de manière relativement sûre l'époque approximative à laquelle le lin du tissu avait été récolté. Cela ne présentait à la vérité aucun intérêt réel puique l'on disposait déjà de nombreux arguments pour dater la relique. En outre, les premières applications de la méthoqe exigeaient la destruction d'un morceau important du précieux linge.

De nouvelles techniques permettant de réduire fortement l'importance de la destruction, on décida de procéder au test. Le 21 avril 1988, des échantillons furent prélevés sur le Saint Suaire et remis aux laboratoires de Zurich, Tucson (Arizona) et Oxford. Des bruits se mirent assez vite à circuler et, le 13 octobre, avant la publication officielle qui ne sera faite que le 14 février suivant,le cardinal Ballestrero, archevêque de Turin, prit sur lui de déclarer que le Saint Suaire datant du Moyen Age, n'était qu'une "vénérable icône".

Cette déclaration, confirmée par les responsables du test, fut répercutée dans le monde entier par une énorme campagne médiatique. L'affaire paraissait classée : le linceul de Turin était un faux. Il ne se trouva aucun journaliste avant Orazio Perrosillo pour faire remarquer que la datation au C 14 contredisait les conclusions de toutes les autres recherches scientifiques, souvent plus sûres qu'elle. Or, si l'on donnait raison à un seul test contre tous les autres, on mettait en doute l'ensemble de la science... et donc aussi la méthode au C 14.

En 1989, le docteur Tite, directeur du British Museum et unique coordinateur des essais, fut récompensé par la création en sa faveur d'une chaire à Oxford (où se situait un des trois laboratoires) grâce au don d'un million de livres sterling offert par un groupe d'"hommes d'affaires". En 1990, le British Museum, toujours lui, organisa une grande exposition sur le thème du faux, "l'art de la duperie", dont une photographie en grandeur réelle du Saint Suaire occupait la place centrale.

Des anomalies dans la publication des résultats

Le zèle déployé pour proclamé que le Saint Suaire ne date que du Moyen Age parait au moins prématuré quand on se penche sur les résultats publiés.

On observe d'abord que ces résultats n'ont fait l'objet que d'un court article du journal britannique Nature, le 14 février 1989. Il n'y figure qu'une synthèse des travaux, alors que toute expertise scientifique doit comporter une description des méthodes utilisées, le détail des résultats obtenus aux différents niveaux et, de manière générale, tout ce qui peut permettre un contrôle. Rien de cela n'a jamais été publié alors que l'article de Nature n'a, du fait de ses lacunes, aucune autorité.

Si sommaire que soit cet article, il contient tout de même une grave anomalie au sujet des dates annoncées. Le docteur Tite avait, en effet, proclamé que le Saint Suaire avait été fabriqué entre les années 1260 et 1390, un évantail de dates dont le centre se situe en 1325. Or, l'on s'aperçoit que l'évantail provient de l'amalgame de dates incompatibles entre elles.

Les laboratoires de Zurich et de Tucon avaient obtenu des datations homogènes qui donnaient une fourchette allant de 1353 à 1384, avec une moyenne se situant autour de 1370. Or ces dates sont trop récentes si les échantillons viennent bien du Saint Suaire puisque celui-ci a été exposé au moins depuis 1355 d'après Pierre d'Arcis, et sans doute dès 1353.

Fort heureusement, le laboratoire d'Oxford, intervenu plus tardivement et en connaissant ces premiers résultats, a trouvé un évantail allant de 1262 à 1312 qui a permis au docteur Tite de faire l'amalgame 1260-1390.

L'amalgame en question est inacceptables puisqu'il engloge une période qui ne se trouve couverte par aucun résultat : il y à un "trou" de 41 ans dans l'évantail proposé, et un trou où se trouve engloutiela date exigée par le mémoire de Pierre d'Arcis.

De plus, les savants et les mathématiciens estiment que des résultats aussi hétérogènes ne peuvent concerner le même tissu. Si l'on accepte les datations de Zurich et de Tucson, il faut rejeter celle d'Oxford. Ou Oxford a travaillé sur un échantillon de provenance différente. Ou Oxford s'est trompé dans ses manipulations. Ou Oxford a menti.

Des anomalies dans la procédures

Lorsqu'il fut décidé de procéder à la datation par le carbone 14, on établit un très sérieux protocole d'expérimentation. On devait recourir à sept laboratoires de classe internationale, utilisant l'une ou l'autre des deux méthodes de comptage. Les travaux devaient se dérouler en secret, chacun des laboratoires s'interdisant de communiquer avec les autres. Des contrôles étaient prévus. Enfin, on devait employer la technique du "double aveugle" : les échantillons du Saint Suaire et les échantillons de contrôle provenant d'autres tissus anciens seraient enfermés dans des tubes numérotés de sorte que les laboratoires ne puissent les identifier en cours d'expertise. D'autre part, les savants du STURP désiraient faire des recherches sur les échantillons prélevés avant leur destruction par les procédés de datation.

En réalité tout se passa au milieu d'une vaste "magouille" où s'agitaient tous les adversaires du Saint Suaire et dont Petrosillo et Marinelli ont donné l'effarante chronologie. En fin de compte, quatre des laboratoires furent éliminés ainsi que la méthode de comptage la plus sûre.

Le STURP fut écarté ainsi même que l'Académie pontificale des sciences, en sorte qu'il n'y eut pas d'autre contrôle que celui du Britih Musuem du docteur Tite (bientôt professeur à Oxford). Le secret ne fut respecté ni entre les trois laboratoires restants ni vers l'extérieur. On ne conserva du "double aveugle" que l'apparence à l'usage du public, alors que les laboratoires connaissaient l'identité des échantillons et même, chose inouïe, les dates des échantillons de contrôle.

On voit que, dans ces conditions, les essais n'offraient plus aucune garantie de sérieux, malgré l'aval accordé par le Vatican qui décidait en dernier ressort.

Des anomalies dans le prélèvement des échantillons

Parmi les modifications apportées au protocole initial, figurait aussi le remplacement de spécialiste en tissus anciens qui devait exécuter le découpage des échantillons du Suaire par Riggi di Numana, industriel italien, assisté du professeur Tesrore qui procéderait à des pesées précises au dixième de milligramme. Puisque le dosage se faisait en pourcentage et non en poids, des pesées aussi précises ne présentaient guère d'intérêt, si ce n'est peut-être celui de multiplier les manipulations et donc de disperser l'attention des observateurs.

Le prélévement eut lieu le 21 avril 1988, solennellement mais sans même de procès-verbal. Et là, on tombe tout de suite dans l'incohérence. D'après Riggi, l'échantillon prélevé sur le Saint Suaire mesurait 8,1 centimètres sur 1,6, soit près de 13 centimètres carrés, dont il enleva quelques fragments pour éliminer des coupures plus récentes. Pour d'autres, le morceau mesurait 7 centimètres sur 1, soit 7 centimètres carrés, ce qui semble peu par rapport à 13, même après ébarbage des coutures. De toute manière, au dire des spécialistes, le poids de ces échantillons était au centimètre près du double de celui du tissu du linceul.

Notons encore une anomalie. Aux trois échantillons remis dans les tubes métalliques à chaque laboratoire fut joint au dernier moment, dans une enveloppe de papier, un quatrième échantillon provenant d'une chape provençale du début du XIVe siècle.

Enfin, le symposium organisé à Paris en septembre 1989 par les personnalités qui fondèrent ensuite le CIELT (Centre International d'Etudes sur le Linceul de Turin) que nous présenterons dans notre conclusion devait révéler beaucoup plus grave. Le professeur Testore y expliqua quele fragment prélevé sur le Suaire fut coupé, on ne sait pourquoi, en deux échantillons, l'un de 154,9 milligrammes, l'autre de 114,8 milligrammes. Seul fut utilisé le premier, partagé en trois morceaux de 52,0, 52,8, et 53,7 milligrammes.

Or, un spécialiste français, le frère Bonnet-Eymard, s'aperçut que le poids total des morceaux excèdait de 3,6 milligrammes celui de l'échantillon dont ils étaient tirés. Riggi et Testore qui auraient pu invoquer une erreur crurent plus crédible de parler d'un quatrième morceau inconnu jusque-là. Pour Riggi, les 3,6 mg provenaient de l'échantillon de 144.8 mg et avaient été ajoutés au troisième morceau qui ne pesait que 50,1 mg. Malheureusement cette explication se heurtait au fait que ce troisième morceau, pesant plus des 50 mg requis par précaution (il fallait en réalité 40 mg) suffisait sans appoint. Aussi Testore, de son côté, prétendit que contrairement à ce qui avait été déclaré, les trois morceaux avaient été pris de l'échantillon de 144,8 mg et que, le troisième ne pesant alors que 36,6 mg (ce qui supposait un découpage bien inégal), il avait fallu lui ajouter un fragment de 14,1 mg découpé dans l'échantillon de 154,9 mg.

Ces contradictions suffisent à suggérer l'idée d'une substitution de tissu et, en tout cas, à faire rejeter les conclusions d'une expertise si mal emmanchée.

Les commentaires sont fermés.