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Linceul de Turin

  • Miracles : le dernier film documentaire de Pierre Barnérias

    Pour la première fois au cinéma, plongez dans une investigation captivante sur les traces de trois énigmes, scientifiquement inexpliquées. Avec la participation de l’écrivain Didier Van Cauweleart (prix Goncourt), du chercheur du STURP Barrie Schwortz, de l’historien Jean-Christian Petitfils ou encore du chercheur François-Michel Debroise, découvrez les mystères de la relique la plus étudiée au monde, de l’image d’une femme enceinte qui s’est imprimée sur une tunique au XVI siècle, et des textes mystiques qui défient les records de la littérature.

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    Site officiel du film-documentaire

  • Message du Pape François pour l'ostension du Saint Suaire

    Le Pape François a enregistré un message vidéo qui sera diffusé lors de l'ostension du Saint-Suaire. Le voici :S

    "Chers frères et sœurs,

    Je me place, moi aussi avec vous devant le Saint Suaire, et je remercie le Seigneur qui nous offre cette possibilité avec les moyens d’aujourd’hui.

    Même si cela se fait sous cette forme, il ne s’agit pas d’une simple observation, mais d’une vénération, c’est un regard de prière. Je dirais davantage : c’est un se laisser regarder. Ce Visage a les yeux clos, c’est le visage d’un défunt, et pourtant mystérieusement il nous regarde, et dans le silence il nous parle. Comment est-ce possible ? Comment se fait-il que le peuple fidèle, comme vous, veuille s’arrêter devant cette Icône d’un Homme flagellé et crucifié ? Parce que l’Homme du Suaire nous invite à contempler Jésus de Nazareth. Cette image – imprimée dans la toile – parle à notre cœur et nous pousse à gravir le Mont du Calvaire, à regarder le bois de la croix, à nous immerger dans le silence éloquent de l’amour.

    Laissons-nous donc rejoindre par ce regard, qui ne cherche pas nos yeux mais notre cœur. Écoutons ce qu’il veut nous dire, dans le silence, en passant au-delà de la mort-même. À travers le Saint Suaire nous parvient la Parole unique et ultime de Dieu : l’Amour fait homme, incarné dans notre histoire ; l’Amour miséricordieux de Dieu qui a pris sur lui tout le mal du monde pour nous libérer de sa domination. Ce Visage défiguré ressemble à tant de visages d’hommes et de femmes blessés par une vie qui ne respecte pas leur dignité, par des guerres et des violences qui frappent les plus faibles… Pourtant le Visage du Suaire communique une grande paix ; ce Corps torturé exprime une souveraine majesté. C’est comme s’il laissait transparaître une énergie contenue mais puissante, c’est comme s’il nous disait : aies confiance, ne perd pas l’espérance ; la force de l’amour de Dieu, la force du Ressuscité vainc tout.

    Pour cela, contemplant l’Homme du Suaire, je fais mienne, en ce moment, la prière que saint François d’Assise prononça devant le Crucifié :

    Dieu Très-Haut et glorieux,
    viens éclairer les ténèbres de mon cœur ;
    donne-moi une foi droite, une espérance solide et une parfaite charité ;
    donne-moi de sentir et de connaître, Seigneur, afin que je puisse l’accomplir, ta volonté sainte qui ne saurait m’égarer. Amen.

    Source : Le Salon beige

  • Lecture critique de "Vérités sur le Saint-Suaire"

    Gérard Lucotte revisite de fond en comble le Linceul de Turin

    Lessives, sang d’animal et photographie…

    Je viens de lire – avec indignation – le dernier livre de Gérard Lucotte, scientifique de haut vol (au point de sembler être spécialiste à peu près en tout), sur le Linceul de Turin.Vérités sur le Saint-Suaire, tout juste publié par l’Atelier Fol’Fer, présente des Etudes scientifiques récentes sur le Linceul de Turin. Loin d’être une présentation de tout ce que cette insigne relique a révélé lors de multiples études de toutes sortes, il s’agit de découvertes annoncées par l’auteur à partir de l’observation, au microscope électronique, d’échantillons obtenus par des voies détournées et sans possibilité de contrôle auprès de personnes y ayant eu accès jadis ou naguère. C’est un premier point, que d’ailleurs revendique l’auteur qui signale l’arrêt officiel de toute recherche sur le Linceul depuis 2002, le Centre de sindonologie de Turin ne communiquant plus aucun fragment ou échantillon à soumettre à l’analyse. Les autorités ecclésiastiques chargées de la garde du Linceul, qui viennent d’organiser une ostension qui a attiré des millions de fidèles, n’ont agréé Lucotte d’aucune façon.

    Les assertions de Gérard Lucotte sont telles que je veux en parler tout de suite. D’autant qu’elles avaient été précédées par ses écrits et ses déclarations sur la Sainte Tunique d’Argenteuil en 2007 qui me semblaient franchement insupportables : cette relique-là révèle, selon le chercheur, que l’homme de la Tunique était affecté d’une maladie génétique, qu’il avait des « morpions » et qu’il était « opiomane » – et je ne parle pas ici de déclarations privées plus scabreuses que l’on m’a rapportées de diverses sources.

    Donc : voici des « découvertes » de Lucotte sur le Linceul. Elles portent sur des fibres de lin, des pollens et autres poussières et matières organiques ou non recueillies par exemple sur le filtre d’un aspirateur utilisé pour nettoyer le Linceul, tous matériaux obtenus « par la bande » et dont l’authenticité n’a d’autre assise que la foi accordée par le lecteur à l’auteur.

    Je dis bien le lecteur lambda, au rang desquels je me situe. Dans la foule d’affirmations et d’explications extrêmement détaillées sur une masse de sujets d’étude forts différents, traités de manière apparemment très objective (mais j’ai retrouvé, lors d’un « carottage », au moins une page pompée directement sur le très incertain « wikipedia »), l’acheteur ordinaire du livre ne saura faire un tri avisé. Peut-être ces descriptions générales du rouissage du lin à l’obtention du blanc de céruse en passant par l’identification des lessives qui « lavent plus blanc » sont-elles exactes. Je n’ai pas les moyens de vous le dire.

    Mais comme Lucotte écrit un livre de vulgarisation sans passer par l’étape de la publication d’un papier scientifique dans une revue du même métal, en avançant quantité d’observations, de mesures et d’interprétations totalement inédites, je demeure à mon niveau de journaliste non spécialisé : dubitative.

    Et sur le simple plan de l’analyse raisonnable, interloquée.

    Admettons donc – il n’y a pas de raison a priori de mettre la sincérité de Gérard Lucotte en doute – que tous ces objets divers observés (seul ? sans une équipe ? Cela paraît impossible) sur le Linceul de Turin y soient vraiment. Visite guidée.

    *

    • Pour Gérard Lucotte, le linge acheté par Joseph d’Arimatie était blanc à l’origine, comme l’indiquent pour lui les mots « lenzuolo candido » utilisés par saint Matthieu… en parfait italophone ? (Soyons honnêtes : ailleurs il cite les mots « sindon munda » !). Blanc puisque traité, et pourtant aujourd’hui « coquille d’œuf » comme le lin non blanchi que les brodeuses connaissent bien et dont il est difficile de retrouver la teinte écrue lorsqu’il s’éclaircit au fil des lavages : au « mieux », la toile jaunira avec l’âge, mais ce n’est pas la même chose.

    • Par la suite (mais on ne suit pas toujours bien les explications successives de Lucotte), l’auteur assure que le Linceul a été blanchi à plusieurs reprises par l’application de plusieurs pigments et de plusieurs mordants pour les fixer afin de le blanchir, anciennement peut-être au blanc de céruse et récemment – après 1810 – au sulfate de baryum qu’on fabrique depuis cette date-là. Il parle de « couche picturale » dont il a donc pu voir les « résidus ».

    • A côté des pigments blancs, Gérard Lucotte affirme avoir trouvé, adhérant aux fibres de lin examinées à des grossissements extraordinaires, des pigments rouges, ocre, rouille, jaunes. Vous rappelez-vous les assertions très controversées de Walter McCrone qui affirmait avoir trouvé tous ces pigments et qui en déduisait que l’image du Suaire résultait de l’application de ces pigments avec les doigts, puis – hypothèse ultérieurement formulée – par des procédés de peinture plus classiques ? Eh bien, Lucotte a trouvé, comme McCrone, de l’oxyde de fer et d’autres éléments indiquant l’existence de peintures sur le Linceul. Elles ont sans doute servi à « renforcer les taches de sang », ou à rehausser l’image, croit-on comprendre, au fil d’au moins deux pigmentations différentes.

    • Passons rapidement sur la présence d’une « micro-météorite » supposée (pourquoi pas, après tout) pour arriver aux traces de terre trouvées par certains chercheurs au niveau des images des pieds et des genoux. Lucotte récuse « certains » auteurs (en note, on comprend qu’il s’agit de Daniel Raffard de Brienne) qui évoquent la présence d’aragonite, composante qui signerait la provenance du Linceul puisqu’elle est caractéristique de la région de Jérusalem. Non, non, répond Lucotte : sous la forme où elle est présente, l’aragonite du Linceul indique la présence d’un pigment blanc qui en contient. Le sol foulé par l’homme du Linceul est « quelque peu argileux », avec une « coloration rouge ou brunâtre ».

    • Il y a des scientifiques qui consacrent leur vie à l’étude d’une discipline. Celle des pollens, par exemple. Gérard Lucotte n’est pas de ceux-là. Il indique avoir travaillé depuis 2007 sur les échantillons du Linceul qu’il a pu obtenir, et – à côté de ses observations sur les acariens, les pigments, les moisissures, les hématies, éléments métalliques, terreux, textiles qu’il identifie absolument tous avec âge et éventuellement procédés de fabrication – il s’est livré à l’étude critique de toutes les observations et conclusions avancées par des spécialistes antérieurs : Max Frei, aujourd’hui disparu, ou Baruch et Danin, deux universitaires israéliens qui font autorité sur la flore de leur pays et du Proche-Orient. L’étude des pollens du Linceul, nous avait-on dit au terme de publications fort sérieuses, révèle l’origine palestinienne du Linceul et indique même que le Christ a été mis au tombeau comme cela se fait encore de nos jours chez les chrétiens de la région : entouré de fleurs. Balivernes que tout cela ! Dans Vérités sur le Saint-Suaire, Lucotte assure qu’il n’a pu identifier aucun pollen de cette région-là, seulement des pollens récents d’espèces « d’origine européenne uniquement ». Et de dénoncer la pauvreté des illustrations publiées par les autres auteurs… Ce qui est une manière de les disqualifier, eux.

    • Pour Gérard Lucotte, le Linceul révélerait aussi avoir été ignifugé trois fois, dont une récente, avec du mica. Il le fallait bien, puisqu’il ajoute foi, en le citant étrangement, comme s’il s’était agi de la relation d’un témoin oculaire et non de l’allégation d’une chose qu’on racontait généralement, à quelques propos d’Antoine de Lalaing, généralement peu pris au sérieux dans les milieux sindonologiques. Ce voyageur des temps jadis relate ainsi une ostension qui eut lieu en 1503 et évoque l’« ordalie » à laquelle le Linceul aurait été soumis : plongé dans l’huile bouillante, passé au feu sans brûler et sans que son image se fût altérée.

    On imagine bien des chrétiens de ces années-là faisant protéger militairement la relique pour la montrer au peuple avant de la mettre au feu… Curieusement, Gérard Lucotte n’a pas trouvé dans son catalogue de restes ceux d’une friture plusieurs fois centenaire. Regrettable omission.

    • En revanche il y a du soufre, et des fragments de bois d’allumettes industrielles fabriquées à partir de 1844, puisqu’après cette date on a dû « honorer » le linceul en posant des bougies dessus et en les allumant comme sur un gâteau d’anniversaire…

    • Le Linceul a été lessivé et relessivé au cours de son histoire. Même avec une lessive du XXe siècle, contenant des phosphates, dont l’efficacité sur les taches visibles de sang semble quand même du coup très en deçà de ce que nous promettent, et en général nous obtiennent les fabricants…

    Pardonnez mon ton trivial, mais là, Lucotte m’exaspère un peu. Ai-je vraiment besoin d’un livre sur le Saint-Suaire pour apprendre ceci ? « On peut faire sa lessive à la main, au lavoir, dans une buanderie, ou à la laverie ; à la maison la lessive peut se faire dans une lessiveuse ou dans une machine à laver (lave-linge). » (Cette citation-là est à quelques mots près tirée de l’article « eau » du blog régionaliste belcaire-pyrénées.com !)

    Sérieusement, imagine-t-on qu’une relique portant la trace du très précieux Sang de notre Sauveur, serait soumise à un lavage ? C’est, comme dirait Sherlock Holmes, pire qu’impossible : improbable. Psychologiquement ahurissant. Historiquement à l’opposé de la manière dont sont conservés les vases contenant ce qui reste de miracles eucharistiques passés. Là, tout simplement, je n’y crois pas. A tort peut-être. Mais de preuves, je n’estime pas en trouver dans le livre de Lucotte.

    • Mais c’est que je suis sans doute bien trop crédule quand je lis, ici ou là, dans des publications anciennes et modernes de la sindonologie, que le Saint-Suaire de Turin porte sur lui du sang, le Précieux Sang de Jésus-Christ. Pour Lucotte, venu là encore contredire bien des scientifiques et bien des recherches, il y a en effet du sang sur le Suaire, puisqu’il a vu des hématies, « rares », « isolées » anciennes et récentes. Sur les 64 hématies étudiées, seules 9 sont d’origine humaine, et elles sont « récentes », assure Lucotte. Les 55 autres sont d’origine animale, probablement de grands animaux comme le bœuf ou le cheval, dont 56 % récentes et le reste anciennes et même « très anciennes », et résultent de dépôts successifs sur le Linceul.

    « Mais si c’est du sang d’animal », observe mon fils de 8 ans qui m’entend raconter cela, « alors ce n’est pas un saint suaire ! » Je ne le lui fais pas dire.

    • Mais alors qu’est-ce que le Linceul – terme que Lucotte préfère à « Saint-Suaire », et on le comprend.

    Eh bien, Gérard Lucotte y a trouvé, omniprésentes, partie « intégrante » du linge puisqu’adhérant à ses fibres et nichées dans ses interstices, des microbilles de silice recouvertes d’argent. Probablement une solution liquide, assure-t-il ; du nitrate d’argent (oui, il y a aussi de l’azote dans ces microbilles). Qui dit nitrate d’argent dit « argent », et « argentique », et donc « photo ». Et de renvoyer le lecteur vers un site de bricolage où l’on apprend comment fabriquer du « papier salé », procédé très ancien précurseur du daguerréotype, en rappelant que le principe de la chambre obscure était connu dès le IVe siècle av. J.-C. On apprend aussi au passage que les daguerréotypes qui nécessitent un long temps d’exposition étaient volontiers réalisés au XIXe pour « immortaliser » le doux visage d’une jeune femme morte en couches… Ou un enfant mort-né… Quant au « papier salé », selon sa durée d’exposition, on apprend qu’il peut donner une image négative, que celle-ci « se forme dans les fibres du papier » (en gras dans le texte) et se révèle dans une jolie « couleur sépia ».

    Ce chapitre sur la formation de l’image est dédié à André Marion, spécialiste d’optique, membre fondateur de l’Académie d’Ufologie (science des OVNIS), avec qui Lucotte avait cosigné un précédent ouvrage sur le Linceul, et qui est mort « soudainement » l’an dernier.

    *

    Et voilà ! Bingo ! L’énigme du Linceul est résolue ! Le Linceul est peut-être très ancien, mais de là à croire qu’il comporte une image non faite de main d’homme…

    Que cherche à dire Lucotte ? Ce qu’il a vu, sans doute, mais dans un regard dont la foi est absente, et en tirant ses conclusions à lui. Et pourquoi, en vue de quoi ? Là, on entre dans un autre domaine. On sait l’homme incroyant, fasciné par les reliques du Christ, « l’Homme le plus extraordinaire, que je n’ai jamais rencontré » comme il le dit dans une étrange (auto ?)-interview à la fin de son livre. La faute de français est trop flagrante pour ne pas être voulue et significative. De même Lucotte prend-il toutes sortes de biais pour ne pas dire qu’il croit le Linceul « authentique ».

    Son livre donnera sans doute lieu à des réponses scientifiques. Je ne ressens pas le besoin de les attendre pour dire, à mon modeste niveau, que ce genre… d’OVNI littéraire n’est pas de nature à promouvoir la vénération du Linceul de Turin, tout comme son livre sur la Sainte Tunique tend à ridiculiser et discréditer l’adoration de Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai Homme.

    J.S.

    Article paru dans Présent daté du 28 mai 2010.

  • Remise en question de la datation au carbone du Linceul de Turin

    Interrogations sur la technique, le prélèvement et les résultats

    ROME, Lundi 3 mai 2010 (ZENIT.org) - La question de la datation du tissu du linceul de Turin « est actuellement totalement ouverte », car, « du fait des possibles contaminations chimiques et biologiques survenues au cours des siècles - contaminations à vérifier et surtout à évaluer quantitativement - la « date radiocarbonique » obtenue en 1988 pourrait être notablement différente de la date réelle », explique le site officiel du Saint-Suaire.

    Les mises en cause de cette datation viennent de ces contaminations mais aussi d'autres failles dans la rigueur scientifique de l'examen. Rappelons aussi que d'autres disciplines de datation à la fois anciennes (type de tissu, type de tissage, de filage, par exemple) doivent également être prises en compte et que d'autres techniques modernes peuvent être utilisées (luminescence à l'infrarouge, mesure du degré de dépolymérisation de la cellulose, entre autres).

    L'examen au carbone 14 de 1988, effectué par trois laboratoires de Tucson, d'Oxford et de Zurich, a avancé une date entre 1260 et 1390. Or, on constate à la fois le manque de prise en considération de paramètres qui pipent les résultats, et d'autre part, des incohérences dans le prélèvement et dans les résultats publiés.

    Des paramètres « pipant » les résultats

    Le fondateur de la méthode de datation au carbone 14, Willard Frank Libby, nobel de chimie en 1960, recommande avant l'application de sa méthode de prendre en compte l'origine et l'histoire d'un objet pour diagnostiquer les contaminations possibles et intégrer ces paramètres aux résultats de l'analyse.

    La formation de l'image

    Or, il faudrait savoir la façon dont s'est formé l'image pour dater le suaire. On constate une « déshydratation et oxydation » du lin, peut-être dues à un rayonnement de type ultra-violet comme le suggèrent les travaux de l'ENEA (Organsme pour les nouvelles technologies, l'énergie et l'environnement, « Ente per le Nuove tecnologie, l'Energia e l'Ambiente ») de Frascati, près de Rome. Un rayonnement qui, interférant avec la myrrhe et l'aloès, peut avoir altéré la teneur en carbone 14.

    Un chercheur français Jean-Baptiste Rinaudon, expert en médecine nucléaire à Montpellier, a fait remarquer lui aussi que lors de la formation de l'image sur le tissu les réactions atomiques auraient pu provoquer l'enrichissement du tissu en C 14.

    L'histoire du linceul

    Plusieurs types de composantes relevées sur le suaire, et dues à son histoire, auraient dû être pris en considération : des éléments dus à l'environnement et des éléments dus au contact avec le corps du supplicié:

    1 - L'eau utilisée en 1532 pour éteindre l'incendie de la chapelle du château de Chambéry où le suaire était conservé.

    2 - Le reliquaire qui le conservait était en argent, ce qui a dû provoquer des réactions chimiques sous l'effet du feu : c'est ce que soulignent le chimiste russe - et baptiste - Dimitri A. Kouznetsov et Andreï Ivanov à Moscou, car le feu a fondu le reliquaire et des gouttes de métal sont tombées sur le tissu, provoquant une série de trous symétriques (la symétrie étant due au fait que le linceul était conservé plié) et de brûlures.

    3 - Les poussières, accumulées au cours de sa fabrication et de son histoire, y compris des résidus de cire.

    4 - Les micro-organismes, essentiellement des micro champignons, et des bactéries : leur présence « rajeunit » le tissu, a fait observer le microbiologiste américain Leoncio Garza-Valdès, mais aussi les spores et les pollens découverts et étudiés par le biologiste suisse Max Frei Sulzer sur des échantillons prélevés en 1973 et 1978 (plus de 50 plantes d'Europe, de Palestine et d'Anatolie) et par les israéliens Avinoam Danin et Uri Baruch qui ont découvert des traces de plantes originaires de la région de Jérusalem. Le savant américain Harry Gove, qui a effectué la datation, avoue lui-même que la « patine » due aux champignons et aux bactéries peut avoir « altéré » la datation.

    5 - Des éléments venus du contact du suaire avec le corps du supplicié avant les onctions (sang - sang humain, groupe AB, identifié en 1981 par Pierluigi Baima Bollone et les américains John H. Heller et Alan D. Adler -, sérum, cellules épithéliales) et les traces d'onctions de myrrhe et d'aloès

    Ces paramètres n'ayant pas été pris en considération, ils constituent un première source de contestation de la rigueur scientifique de cette méthode.

    Le prélèvement de l'échantillon

    Des incohérences se manifestent aussi dans la méthode de prélèvement et dans les résultats. Le site officiel du Suaire signale une méthode de prélèvement et des échantillons qui suscitent la perplexité des autres experts. Résumons les indices rendant les interrogations légitimes.

    Premier indice : Les responsables des trois laboratoires et le Dr Tite, du British Museum, nommé « garant » de l'ensemble de l'opération, ont exigé « d'exclure tout autre examen et tout autre chercheur, en refusant catégoriquement d'insérer la datation au carbone 14 dans un contexte multidisciplinaire d'études et d'examens à effectuer simultanément », comme d'autres experts le souhaitaient.

    Deuxième indice : Le prélèvement de l'échantillon a été fait sur un site unique (donc non représentatif de l'ensemble) et parmi les plus « pollués » et donc parmi les moins appropriés.

    Troisième indice : L'échantillon a ensuite divisé en trois parties à remettre aux trois laboratoires, mais ceux-ci ont donné des versions contradictoires à propos du poids et de la taille des échantillons.

    Quatrième indice : Sur la base des données officiellement communiquées, il ressort que l'échantillon prélevé pesait environ le double de ce qu'il aurait dû, si l'on se fonde sur le poids au centimètre carré du Suaire, calculé avec précision à l'occasion des examens de 1978 (donc, ou bien on a fourni des données erronées, ou bien ces données ne se référaient pas à l'échantillon du Suaire).

    Cinquième indice : Le test ne s'est pas fait « en aveugle » ! Or, les trois laboratoires avaient insisté sur la nécessité, pour garantir l'impartialité, d'exécuter le test « en aveugle » (c'est-à-dire en datant, en même temps que l'échantillon du Suaire, deux autres échantillons préalablement introduits dans des conteneurs anonymes, de manière à empêcher que l'on identifie lequel des trois était l'échantillon du Suaire). Or, eux-mêmes ne s'en sont pas tenu à cette exigence. D'une part le tissu du Suaire est parfaitement reconnaissable, d'autre part, les analystes ont voulu assister personnellement au prélèvement (ils l'ont vu de près !) . Enfin, l'âge des autres échantillons a été communiqué aux trois laboratoires avant l'opération de datation !

    Sixième indice : Les résultats fournis par chacun des trois laboratoires présentent une non négligeable « dishomogénéité », problème qu'il n'a pas été possible de discuter et d'approfondir en raison du refus, de la part des responsables des laboratoires, de fournir les « données primaires » -   c'est-à-dire non encore interprétées et comparées - en leur possession.

    Les contestataires des résultats

    Les principales contestations sont venues d'un ingénieur italien de Milan, Ernesto Brunati, qui a trouvé, dans la relation des résultats du carbone 14 publiée dans la revue américaine « Nature » (16 février1989) une donnée fausse. Et une étude de l'université de La Sapienza de Rome, menée par les statisticiens italiens Livia De Giovanni et Pierluigi Conti a démontré l'existence d'une erreur de calcul qui rendait non fiable le résultat des examens.

    Les travaux d'un groupe de 4 statisticiens publié en avril 2010 par l'institut italien de statistique remet aussi en question la cohérence des résultats.

    Giulio Fanti, professeur de Mesures mécaniques et thermiques de l'université de Padoue, Marco Riani, de l'université de Parme, Fabio Crosilla, de l'université de Udine et Anthony C. Atkinson, de la London School of Economics, ont en effet examiné statistiquement les 12 datations produites par les 3 laboratoires.

    C'est cette étude qui montre que les échantillons ne peuvent pas venir d'une même source. Or, si les résultats publiés semblent être issus de tissus différents, c'est soit en vertu d'une erreur (on aurait prélevé non pas un échantillon du Suaire mais un échantillon de l'étoffe du rapiéçage de 1534), soit parce que les échantillons prélevés ont subi une contamination non uniforme. Dans les 2 cas, les résultats ne peuvent pas être considérés comme « concluants », estiment les auteurs.

    Refaire des examens

    Ces différences, sur l'échantillon de 10 mm x 7 mm, appliquées statistiquement à toute la longueur du linceul de Turin conduisent à cette conclusion : trop de différences et donc, l'examen aurait dû être refait.

    Emanuela Marinelli, professeur en sciences naturelles et géologiques, membre du Centre romain de sindonologie, organisatrice du congrès mondial Sindone 2000, auteur de livres, conclut : l'échantillon a été prélevé sur un angle « contaminé et raccommodé ».

    Un expert d'Oxford, Christopher Bronk Ramsey reconnaît le « conflit » entre les données et invite à « un regard critique sur les preuves ». Il réclame même qu'on produise une « histoire cohérente » pour arriver « à la vérité ».

    Anita S. Bourdin

    Source : ZENIT

  • Linceul de Turin : ils s'en donnent du mal !

    Un groupe de chercheurs italiens vient de reproduire le Suaire de Turin avec, nous dit-on sans plus de précisions, les techniques disponibles au XIVe siècle. Il ne leur en faut pas plus pour conclure que le Saint Suaire est un faux.

    Un improbable "comité italien pour la vérification des faits présentés comme paranormaux" dont personne n'avait jamais entendu parler, couvre l'opération et estime que le prétendu Saint-Suaire est une supercherie.

    Luigi Garlaschelli, professeur de chimie (dont personne n'a jamais entendu parler non plus) à l'université de Pavie affirme dans le quotidien La Repubblica que les caractéristiques inexplicables du suaire, considérées jusqu'ici comme «non reproductibles par des moyens humains», ont très bien pu être «obtenues par l'emploi de matériaux bon marché et par un procédé assez simple».

    Cette démarche paraît bien pathétique quand on sait le nombre de preuves scientifiques accumulées dans les conditions les plus rigoureuses, par les chercheurs les plus pointus et qui démontrent sans ambiguïté l'authenticité du Linceul de Turin. Faut-il vraiment que cette relique  dérange pour que soit dépensée une telle énergie à tenter d'infirmer son athenticité.

    Mais maintenant, en 2009, cet acharnement devient pitoyable et en même temps assez révélateur. En effet, si les fameux tests controversés au carbone 14 avait clos de manière définitive et scientifique le sujet en concluant à un faux, de telles expériences douteuses seraient-elles encore nécessaires ? A trop en faire...

     

    Voici deux liens proposés par une lectrice de ce blog que je remercie sincèrement :

    Réponse à Science et vie sur le Saint Suaire

    Aspect tridimensionnel comparé du Linceul de Turin et des faux suaires et des faux suaires réalisés expérimentalement

  • Le linceul dans l'Evangile

    L'objet le plus important de l'Histoire des hommes

    Enfant, j'ai vécu sous le regard de la Sainte Face. Mes grands parents, orthodoxes, l'avaient placée dans l'iconostase familiale, avec une icône de la Vierge de Kazan et un portrait de l'empereur Nicolas II.

    Peu à peu m'est venue la certitude que le Saint Suaire était un Cinquième Evangile mis "en réserve de la Foi" en attendant notre époque d'imagerie triomphante.

    Les résultats de l'enquête scientifique effectuée sur le Suaire de Turin en 1978 par quarante scientifiques de tous domaines et de toutes origines religieuses (plusieurs se convertirent au christianisme après leurs travaux) me renforcèrent dans cette assurance.

    Les menées abjectes et grotesques des lobbies et de leurs médias contre le Saint Suaire ; le recours aux armes du mensonge, du trucage et de la corruption ; la lâcheté de certains clercs achevèrent de me convaincre du caractère capital du combat pour la reconnaissance de l'authenticité.

    Ce travail est, pour l'essentiel, accompli aujourd'hui par le CIELT dons les congrès, à Paris et à Rome, furent décisifs contre "le mauvais coup de la datation".

    Je suis fier, en cette fête de la Résurrection, que Daniel Raffard de Brienne, Président du CIELT et spécialiste du Saint Suaire sur lequel, depuis des années, il a donné des centaines de conférences en Europe et dans le Monde, ait accepté de confier au "Libre Journal" une sorte de résumé des connaissances aujourd'hui acquises sur ce qui est sans doute l'objet le plus important de l'Histoire des hommes.

    Serge de Beketch

    ***

     

    Le linceul dans l'Evangile

    Linceul 2.gifLe Linceul actuellement conservé à Turin entre dans l'histoire le soir de la Passion. Les trois Evangiles synoptiques rapportent en effet que Joseph d'Arimathie, ayant acheté un linceul (blanc, précise saint Matthieu), en enveloppa le corps du Christ. Le mot grec utilisé dans ces trois Evangiles est "sindôn", toile de lin. C'est le sens exact du mot "linceul". Sindôn, comme linceul, désigne secondairement une toile de lin servant à envelopper un corps.

    Saint Jean, en parlant de cet enveloppement, utilise le mot grec "othonia", que l'on a souvent traduit par "linges", un autre mot français désignant des pièces de lin. "Othonè", d'où dérive "othonion", s'applique à une toile de lin fine (comme celle du Linceul de Turin). On peut considérer qu'"othonia" désigne donc le linceul et non d'improbables bandelettes. D'ailleurs, saint Luc, parlant du tombeau vide, emploie aussi le mot "othonia" et non plus "sindôn". Ces remarques prennent leur valeur quand on aborde le fameux passage de saint Jean que l'on a généralement traduit ainsi : « Pierre entra dans le sépulcre, il vit le linge ("soudarion") qui couvrait la tête, non pas posé avec les linges, mais roulé en un autre endroit ». Les traducteurs ont longtemps pensé que le suaire, roulé à part, était le Linceul. Déjà, au VIIe siècle, saint Braulion emploiera le mot "sudarium", suaire, à propos du Linceul du Christ. En réalité, "soudarion" désigne un mouchoir ou une serviette et, s'il est « enroulé en un endroit », il n'est pas dit qu'il est à part. L'exégèse moderne a démontré que le "soudarion" était la mentonnière serrée autour du visage du Christ et restée, au matin de Pâques, enroulée à sa place entre les pans du Linceul retombé à plat. La disposition du "soudarion" montrait donc que le corps avait disparu sans que l'on ait pu l'enlever. Et ceci explique la réflexion de saint Jean à ce propos : « Il vit et il crut ».

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    Le Linceul au Proche-Orient

    Plusieurs textes antiques font allusion aux linges funéraires du Christ, mais leurs indications sont si vagues et si confuses que l'on ne peut rien en tirer qui éclairerait l'histoire du Linceul au cours des premiers siècles. Seule une phrase d'un apocryphe du IIe siècle, l'Evangile des Hébreux, montre que l'on savait à cette époque que le "sindôn" était conservé.

    L'iconographie fournit un indice important. On sait qu'aucun texte ne donne le moindre détail sur l'aspect physique du Christ. On voit dans les catacombes romaines le Bon Pasteur représenté sous la figure d'un jeune homme imberbe aux cheveux courts et bouclés. Puis apparaît peu à peu, au IVe siècle et même plus tôt, le type classique du Christ à barbe et cheveux longs. Emile Mâme y voyait l'influence de mosaïques de Jérusalem.

    Toujours est-il que, dès cette haute époque, l'iconographie du Christ prend pour modèle la face imprimée sur le Linceul. On remarquera qu'à chaque nouvelle apparition publique du précieux linge le portrait du Christ ressemblera davantage à cette face : ainsi lors de la découverte du Mandylion à Edesse au VIe siècle et lors de son transfert à Constantinople en 944. Une grave inondation ravagea en 525 la ville d'Edesse, l'actuelle Urfa, au nord de la Mésopotamie. On découvrit alors dans les ruines le Mandylion, un portrait « non fait de main d'homme » du Christ. On sait maintenant qu'il s'agissait du Linceul, « plié quatre fois » derrière un treillage d'or ne laissant voir que le visage. A l'époque, on attribua le portrait à un miracle réalisé au profit du roi Abgar avant l'an 30. On peut sans doute voir dans la légende de Véronique qui apparaîtra au VIIIe siècle. Les textes concernant le Mandylion sont nombreux, mais deux questions se posent : pourquoi et quand ?

    - Pourquoi avait-on dissimulé le Linceul sous l'aspect de ce portait ? La réponse est simple : à l'horreur héritée des Juifs pour tout ce qui se rapporte à la mort s'était ajouté, par respect, le refus de montrer le Christ souffrant. Les tout premiers crucifix ne datent que de la fin du Ve siècle.

    - Deuxième question : quand le Linceul arriva-t-il à Edesse et quand, transformé en Mandylion, fut-il caché ? On ne sait rien sur la date d'arrivée. Quant à la date où le Mandylion fut dissimulé puis oublié, elle se situe certainement avant le IVe siècle et à l'occasion d'événements particulièrement graves. On peut penser au très dur siège subi par Edesse en 260 de la part des Perses.

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    Le Linceul à Constantinople

    Linceul 4.gifEdesse tomba sous le joug de l'islam en 639 et l'Empire byzantin ne put jamais la reprendre. Toutefois l'empereur romain Lécapène mena ses troupes jusqu'aux murs de la ville en 943 et exigea de l'émir la remise du Mandylion. Le Mandylion fit son entrée à Constantinople le 15 août 944. On ne tarda pas à le déplier et à constater qu'il s'agissait du Linceul, puisqu'une homélie de Grégoire le Référendaire, récemment traduite par le R.P. Dubarle, le décrit alors en mentionnant la plaie du côté que le pliage du Mandylion dissimulait. Plusieurs textes donnent quelques détails qui permettent d'identifier le "sindôn" conservé à Constantinople avec le Linceul de Turin. On peut citer, en particulier, la chronique de Guillaume de Tyr rapportant la visite du roi latin de Jérusalem en 1171, et une harangue de Nicolas Mésaritès en 1201. Mais, là encore, les preuves les plus convaincantes sont apportées par l'iconographie avec les peintures et les mosaïques de Constantinople, de Cappadoce, de Grèce... Et aussi les monnaies et ivoires byzantins. On y note non plus seulement le visage caractéristique imprimé sur le Linceul mais d'autres particularités comme la main sans pouce et la jambe d'apparence plus courte que l'autre. Il est même amusant de remarquer que la traverse inférieure de la croix orientale, une traverse qui représente un supposé "suppedaneum" (repose-pieds), est disposée en biais pour compenser la prétendue boiterie du Christ ! Les miniatures d'un manuscrit conservé à Budapest, le codex Pray, apportent des indices supplémentaires. Les experts les estiment antérieures à 1150. L'une d'elles représente le corps du Christ étendu avec des détails propres à l'image du Linceul : la nudité, les mains croisées, l'absence de pouce. Une autre montre le Linceul avec les chevrons (très exagérés) de son tissu et surtout avec quatre petits ronds disposés en "L" et qui correspondent exactement à quatre petites brûlures rondes du Linceul de Turin. Ces brûlures, antérieures à l'incendie de 1552, étaient sans doute interprétées comme des taches de sang et, pour cette raison, reproduites avec soin tant dans cette miniature que dans un dessin de 1516 conservé à Lierre en Belgique et où les quatre ronds sont peints en rouge. A la fin de 1203, détournés de leur objectif par la rapacité des Vénitiens, les combattants latins de la IVe croisade débarquent à Constantinople en attendant de repartir pour l'Egypte. L'un d'eux, Robert de Clari, qui laissera un récit de l'expédition, en profite pour visiter la ville. Il voit dans l'église des blachernes « le sydoine (linceul) où Notre Sire fut enveloppé... On y pouvait bien voir la Figure de Notre Seigneur ».

    Mais les choses se gâtent entre les Grecs et les Francs qui conquièrent la ville en 1204 et s'y installent. Et le Linceul disparaît. Robert de Clari explique : « Ni ne sut-on onques, ni Grec, ni Flançais, ce que le sydoine devint quand la ville fut prise ».

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    Le Linceul en Champagne

    Vers 1350, le Linceul, disparu en 1204 à Constantinople, apparaît en Champagne, dans le village de Lirey, entre les mains d'un brillant chevalier et chef de guerre, Geoffroy de Charny. Faute de documents on ne sait que peu de choses sur l'histoire de la relique entre ces deux dates, sinon qu'en 1239 ou 1241 l'empereur latin de Constantinople fit parvenir un morceau du tissu à saint Louis et que, sans doute en 1266, le grand Khan des Mongols, Khoubilaï, envoya de Pékin au Pape une toile d'amiante destinée à protéger le Linceul. On sait aussi que Geoffroy de Charny acquit lui-même la relique. Rien de cela n'éclaire les pérégrinations qui ont mené le Linceul de la capitale byzantine au village champenois. On a bâti sur de frêles indices plusieurs scénarios où l'on a fait intervenir jusqu'aux secrets ou prétendus secrets des Templiers. Mais il semble que l'on s'avance maintenant vers une solution moins romanesque mais plus sûre. Une lettre de Théodore Ange au Pape Innocent III, découverte il y a peu d'années, montre qu'en 1205 le Linceul se trouvait à Athènes où l'avait apporté un croisé pilleur de Constantinople, Othon de la Roche, qui s'y taillait un duché. Il est raisonnable de penser que le Linceul resta à Athènes jusqu'à ce que le dernier héritier d'Othon de la Roche en fût chassé en 1311. Le dernier duc d'Athènes finit par se réfugier en France où, devenu connétable, il mourra, sans héritiers, avec Geoffroy de Charny à la bataille de Poitiers en 1356. Il avait certainement rencontré Charny en 1344 et en 1345, à une époque où celui-ci recherchait des reliques pour la collégiale qu'il comptait construire à Lirey en remerciement de sa libération, en 1343, des geôles anglaises. Or, Charny, malgré ses charges militaires, fit un rapide voyage en Orient en 1346 : n'allait-il pas y chercher le Saint Suaire ? En 1353, la collégiale de Lirey ouvre ses portes et les pèlerins affluent pour y vénérer le linceul, comme en garde le souvenir une curieuse médaille de pèlerinage retrouvée dans la Seine à Paris et conservée au musée de Cluny. Après la défaite d'Azincourt, la Guerre de Cent Ans tourne au désastre. Pour mettre la relique en sécurité, la dernière des Charny, Marguerite, l'abrite de 1418 à 1452 dans son château de Saint-Hippolyte, en Franche-Comté. En 1453, n'ayant pas d'enfants, elle remet le Linceul au duc de Savoie.

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    L'histoire moderne du Linceul

    Devenu en 1453 la propriété de la puissante Maison de Savoie, le Linceul accède en Europe à une grande notoriété. Des personnages illustres et de grands saints le vénéreront. Des Papes créeront une fête et une messe du Saint Suaire.

    Mais, pour commencer, il voyage beaucoup. On le voit à Verceil, à Nice, à Bourg-en-Bresse et jusque dans l'actuelle Belgique. Puis il se fixe en 1502 à Chambéry, dans la chapelle ducale de la capitale savoyarde. C'est là qu'il sera, en 1532, victime d'un grave incendie. L'argent fondu de son coffre percera tous les plis du tissu, comme le montrent les deux lignes de brûlures et les pièces qui obstruent les plus gros trous. Fort heureusement, le feu aura à peu près épargné l'image du crucifié. En 1578, les Savoie qui ont acquis le Piémont y emportent le Linceul qu'ils installent dans la cathédrale de Turin où il se trouve encore, dans une grande chapelle construite en 1694. Il en sortira plusieurs fois par siècle pour s'offrir à la vénération des fidèles au cours de grandes ostensions publiques. Le dernier roi d'Italie, Humbert de Savoie, a légué en 1983 la précieuse relique au Saint Siège.

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    Les études scientifiques

    La date du 28 mai 1898 marque le début des études scientifiques consacrées au Linceul. Ce jour-là, profitant d'une ostension publique, un photographe amateur, Secondo Pia, réussit à prendre les premiers clichés de la relique. Lorsqu'il développa ses négatifs, il eut la surprise de voir apparaitre en positif le visage et le corps d'un homme bien réel. Il lui apparut que l'image, assez laide et floue, du Linceul était en réalité le négatif photographique d'un très beau modèle. Or, la notion de négatif ne date que du XIXe siècle. Toute fabrication d'un faussaire médiéval se trouvait donc exclue et l'on se voyait contraint de conclure à l'authenticité du Linceul.

    Des adversaires, pour des raisons idéologiques, de l'authenticité se manifestèrent très vite, mais leurs travaux n'apportèrent aucun argument sérieux à la thèse du faux. En revanche, toute une série de recherches permit de résoudre maints problèmes historiques, archéologiques et iconographiques liés au Linceul. D'autre part, les travaux du docteur Barbet, fondés sur les sciences médicales, expliquèrent de nombreuses particularités de l'image. On essaya aussi, mais sans succès, d'élucider l'énigme de la formation de cette image. Une autre étape décisive fut franchie lorsque l'on put examiner le précieux tissu lui-même. De premières constatations, très positives, faites en 1973 amenèrent des savants américains de toutes disciplines à fonder le STURP, avec, pour objet, l'application des techniques de pointe à l'étude du Linceul. En 1978, les membres du STURP purent se pencher pendant cinq jours sur la relique. L'étude de leurs prélèvements et de leurs clichés leur demanda ensuite 150 000 heures de labeur et les conduisit à conclure à leur tour à l'authenticité.

    Cela ne pouvait satisfaire les ennemis idéologiques du Saint Suaire. Ils profitèrent, pour reprendre l'offensive, d'un projet de datation par le test au carbone 14. Le projet avait été adopté en 1986. Il fut discrètement mais considérablement modifié en 1987 avec la suppression de tous les moyens de contrôle. Appliqué en 1988, le test assigna au Linceul un âge médiéval qui déniait l'authenticité. Une formidable campagne médiatique proclama aussitôt que le Linceul n'était qu'un faux du Moyen Age, en se gardant de soulever le problème devenu insoluble de la formation de l'image, en se gardant aussi d'expliquer pourquoi toutes les autres recherches avaient mené à la reconnaissance de l'authenticité. La réaction ne tarda pas, menée en particulier par le CIELT. Il fut rapidement démontré que le fameux essai au carbone 14 de 1988 avait souffert de quinze irrégularités graves dont chacune suffisait à lui enlever tout crédit. Sait-on, pour prendre un seul exemple, que le poids de l'échantillon prélevé ne concorde pas avec celui des morceaux de tissu testés ? En fait, rien n'allait dans cette affaire ! Depuis, les recherches ont repris. D'autres sont programmées qui exigeront de se pencher de nouveau sur la relique quand le Saint Siège l'autorisera. Il n'est plus question de chercher à établir l'authenticité ; elle est définitivement acquise. Mais il reste à percer d'étonnants mystères.

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    Le tissu et l'image

    Le Linceul est une pièce d'un fin sergé de lin à chevrons mesurant environ 436 centimètres sur 108. On trouve des tissus antiques de facture voisine conservés dans les sables secs des déserts d'Egypte et de Syrie. Le filage et le tissage en ont d'ailleurs été exécutés avec des matériels propres à ces régions. Le mode de blanchissement témoigne aussi de l'ancienneté de la confection du Linceul. Enfin, des fibres d'un coton proche-oriental mêlées aux fils de lin confirment l'origine géographique du Linceul. L'absence, en revanche, de fibres de laine suggère une origine plus précisément palestinienne puisque la loi juive, et elle seule, interdisait l'emploi des mêmes métiers pour tisser les fibres végétales et les fibres animales. Au cours de ses pérégrinations, le Saint Suaire s'est couvert d'une couche de poussière d'origines et d'époques variées. Certaines remontent à l'Antiquité puisque le tissu n'a jamais été lavé. On trouve, par exemple, sous les pieds du crucifié des traces d'aragonite, un carbonate de calcium propre à certaines villes méditerranéennes comme Jérusalem.

    On peut observer aussi de nombreux pollens dont certains appartiennent à des espèces végétales spécifiques des régions subdésertiques du Proche-Orient et attestent le séjour du Linceul dans cette partie du bassin méditerranéen. L'étude de l'image du crucifié imprimée sur le linge apporte d'autres éléments de datation et de localisation. L'homme, jeune (30 à 35 ans), grand (environ 1m80) et bien proportionné (78 kilos), a un type sémite.

    Une longue mèche de cheveux descendant entre les omoplates est une tresse défaite qui constituait un élément de coiffure typique des coutumes juives de l'Antiquité.

    De plus, l'homme a été enseveli à la mode juive, dans la position des squelettes retrouvés à Qumrân et avec une pièce de monnaie posée sur chaque oeil, selon une habitude dont on trouve des preuves archéologiques du Ier siècle en Judée.

    Ces pièces ont laissé leur trace sur le tissu, à la suite d'un phénomène de rayonnement lié à la formation de l'image. Les numismates croient pouvoir les identifier comme des monnaies frappées par Ponce Pilate en Judée vers l'an 29. Ce point important demandera à être confirmé par de nouvelles recherches, de même que l'inscription qui, pense-t-on, se trouve au verso du Linceul, un verso qui n'est pas visible depuis qu'on l'a cousu en 1534 sur une toile de Hollande. Cette inscription aurait "bavé" à travers le tissu, ce qui permet à une analyse informatique de reconnaître quelques lettres du nom du Christ.

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    La Passion selon le Linceul

    On peut "lire" dans l'image du Linceul la Passion du Christ. Toutes les données de l'Evangile s'y retrouvent. En revanche, la représentation que l'on y voit diffère notablement de l'imagerie traditionnelle, mais elle est conforme aux connaissances médicales et archéologiques actuelles : ce serait une preuve suffisante de l'impossibilité d'un faux si l'on voulait encore en soutenir l'hypothèse. Le visage tuméfié témoigne des sévices subis chez le grand prêtre. Plus impressionnantes, des traces sanglantes couvrent tout le dos, de la tête aux pieds. Ce sont celles d'une flagellation sauvage appliquée par deux bourreaux romains, l'un à droite, l'autre à gauche. Il y eut plus de cent coups de fouet romains identifiés par la forme des plombs de leurs extrémités. Une flagellation juive se serait arrêtée à trente-neuf coups pour respecter les prescriptions de la loi. Le condamné fut coiffé d'une sorte de bonnet formé de branches épineuses entrelacées et dont les plaies de la tête permettent de reconstituer l'aspect. La couronne d'épines permettrait à elle seule de reconnaître le Christ dans ce condamné. Le portement de croix se lit dans les plaies des épaules. En fait, on ne portait pas toute la croix, trop lourde, mais la traverse horizontale qui pesait à elle seule plusieurs dizaines de kilos. Le condamné est tombé sous le poids de ce "patibulum", comme le montrent les genoux écorchés. Lors de la crucifixion, chaque poignet fut fixé par un clou à une des extrémités de la barre transversale (le "patibulum") et les pieds l'un sur l'autre par un troisième clou sur le tronc vertical (le "stipes"). On observe sur le Linceul que les clous des mains transpercèrent non pas les paumes comme on le montre traditionnellement, mais les poignets. L'erreur des représentations traditionnelles vient, d'une part, de ce que les langues sémitiques englobaient le poignet dans le mot "main" et, d'autre part, de ce que les premiers crucifix datent d'une époque où, après plus de cent ans d'interdiction du crucifiement, on ne savait plus comment il se pratiquait. Le docteur Barbet a montré que l'enfoncement du clou dans le poignet, plus précisément dans l'espace de Deltot, amenait la rétraction du pouce dans la main ; cela explique pourquoi l'image du Linceul n'a pas de pouces. La mort sur la croix était longue et affreuse. Le condamné, les bras écartés en hauteur, ne parvenait à respirer qu'en se soulevant sur le clou des pieds et en tirant sur les clous des poignets. Ne pouvant maintenir cette position atrocement douloureuse, il retombait et devait recommencer peu après. Les coulées de sang qui zigzaguent le long des bras de l'image montrent la succession de ces mouvements. Les forces du condamné diminuaient, ses mouvements respiratoires perdaient de leur ampleur et aussi de leur efficacité car le saignement et la sueur réduisaient le volume sanguin. Venait alors le moment où le condamné expirait d'épuisement et d'asphyxie. C'était le vendredi soir. Il fallait descendre les condamnés des croix avant le Sabbat et, pour cela, éventuellement les achever. Le crucifié du Linceul était mort. Pour le vérifier, on perça d'un coup de lance son côté droit et il en sortit, visible sur le tissu, un flot de sang et d'eau, comme dit saint Jean. En fait : un flot de sang et de sérosités venues d'oedème de la plèvre et du péricarde causé par l'extrême souffrance. A cause de l'approche du Sabbat, le corps fut rapidement descendu de la croix et étendu dans son Linceul sans être embaumé ni même lavé. Le tissu montre aussi qu'il n'y séjourna que peu de temps, car on ne voit aucune trace de décomposition.

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    Le mystère de l'image

    Que le corps du Christ, que l'on avait pas eu le temps de laver, ait laissé sur le Linceul de nombreuses taches de sang ne saurait surprendre. D'ailleurs ce sang ne pose pas de problèmes essentiels : il s'agit bien de sang humain dont on retrouve tous les composants, avec une proportion de bilirubine fortement augmentée par d'intenses douleurs. Mais il ne suffit pas de mettre un corps dans un tissu pour qu'il y laisse sa photographie. Le véritable mystère du Linceul, c'est la formation de son image. Pierre d'Arcis au XIVe siècle, Calvin au XVIe siècle, bien d'autres depuis ont naturellement pensé qu'il pouvait s'agir d'une peinture. Les dernières recherches ont définitivement éliminé cette hypothèse : outre que le dessin en négatif et sans contours est irréalisable, il n'y a trace d'aucun pigment colorant ou peinture. On a songé aussi au contact naturel ou accidentel de produits liquides ou gazeux : les nombreux essais ont tous échoué, car aucun n'a pu rendre le modèle du dessin. On connaît maintenant la nature de l'image. Il s'agit d'une roussissure. Une brûlure très légère et très superficielle qui n'affecte que le sommet des fibrilles des fils de lin. Et, chose étrange, la roussissure est aussi superficielle dans les endroits foncés que dans les endroits clairs : la différence de ton vient de ce qu'il y a plus de fibrilles roussies au centimètre carré aux endroits foncés. C'est une sorte de tramage. Autre particularité étrange : le dessin est tridimensionnel. Un appareil de la NASA 8 qui transforme les intensités lumineuses en distances, a donné une image en relief de la photographie de l'homme du Linceul. Aucun autre portrait photographique, obtenu normalement par la réflexion de la lumière sur le sujet, ne donne un semblable cliché en relief sans déformation. Il faut donc que, dans le cas du Linceul, la lumière qui a produit la roussissure soit venue du sujet lui-même. D'autres constatations, portant en particulier sur le fait que les masses musculaires du côté dorsal ne sont pas écrasées par le poids du corps ou sur le fait que le dessin du côté facial ne porte aucune déformation due au poids du tissu épousant les reliefs du corps, donnent à penser que la loi de la pesanteur s'est trouvée suspendue. On remarque aussi, alors que le sang des multiples plaies a adhéré au tissu, qu'il n'y a sur toute la surface du corps, et contre toute vraisemblance, aucun arrachement ni au niveau des fibres textiles ni à celui des caillots.

    Conclusion : on n'a pas retiré le corps du Linceul ! Alors ? Alors, si l'on rapproche tous ces faits entre eux on ne peut émettre, pour l'instant, qu'une seule hypothèse : le corps mort a, à un moment donné, émis un rayonnement très bref et puissant et est passé à travers le Linceul. Nous nous trouvons devant des faits objectivement constatables mais dont aucune loi connue de la nature ne peut rendre compte. Ne sommes-nous pas contraints d'envisager l'hypothèse du miracle de la Résurrection ?

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    Les faux Linceuls

    On rencontre, au cours de l'Histoire, un certain nombre de faux Suaires. En bien des cas, ils ont dû naître de la pieuse coutume de montrer ou de promener en procession, le Vendredi Saint, un linge qui jouait le rôle du Linceul. La ferveur populaire aura tôt fait de lui attribuer une authenticité à laquelle il ne prétendait pas. Le plus connu de ces faux Linceuls fut celui de Besançon, détruit en 1794, le seul d'ailleurs qui portait une image du crucifié. Il est probable que cette image, assez laide, avait été grossièrement imitée de celle du vrai Linceul, qui séjourna dans la région au XVe siècle. Il survit actuellement un faux Saint Suaire à Cadouin en Périgord. Il s'agit d'une étoffe orientale du Moyen Age, sans doute rapportée d'une croisade.

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    Le Portrait du Christ

    Ni les Evangiles, ni aucun texte ancien ne donnent la moindre indication sur l'apparence physique du Christ. On ne peut donc s'étonner de voir, dans les plus anciennes peintures de Rome, le Bon Pasteur représenté comme un jeune homme imberbe aux cheveux courts et bouclés. Mais, assez vite, dès le IVe siècle au plus tard, commence à s'imposer en Occident le portrait classique du Christ portant barbe et cheveux longs. Emile Mâme voyait là l'effet d'une influence orientale, voire palestinienne. On doit y voir plus précisément l'influence de l'image du Linceul, alors conservé en Orient, et qui nous transmet le seul portrait authentique, exact et l'on peut même dire photographique, du Christ. On peut affirmer que, depuis l'Antiquité, toute l'iconographie du Christ s'inspire de la face imprimée sur le tissu. Vignon, puis Wilson, ont relevé sur la face du Linceul une liste de quinze particularités dont on retrouve toujours au moins quelques-unes aussi bien dans les monnaies de Constantinople que dans les icônes et mosaïques byzantines ou les peintures de Cappadoce. Par exemple : les cheveux longs, le nez fin et allongé ou la barbe à deux pointes. Certains points de ressemblance, parfois étranges, ont été scrupuleusement reproduits par les artistes qui n'en comprenaient pas la signification. Par exemple : les yeux globuleux, dont l'aspect vient en réalité des monnaies posées sur les paupières ; ou un triangle à la base du nez venant du fait que l'image est un négatif (ce que l'on n'a compris qu'en 1898) ; ou encore la coulée de sang du front que l'on a prise pour une petite mèche de cheveux à deux pointes (on n'a découvert qu'au Xe siècle que le portrait d'Edesse était celui du Christ souffrant et ensanglanté).

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    Qu'est-ce que le CIELT ?

    La fondation du Centre international d'études sur le Linceul de Turin est une conséquence inattendue du fameux test au carbone 14 de 1988 selon lequel le Saint Suaire aurait été confectionné au Moyen Age. Cette datation contredisait les résultats les plus sûrs des recherches scientifiques antérieures. Elle parut donc invraisemblable à un groupe de chercheurs qui, sous la direction d'André Van Cauwenberghe, réunit à Paris en septembre 1989 tous les spécialistes du monde, y compris les auteurs de la datation au C 14. Ce premier symposium international mit en évidence de graves anomalies qui enlevaient tout crédit au test de 1988. Et le CIELT était né. Le CIELT a réuni à Rome, en juin 1993, un second symposium international qui, d'une part, a mis un point final à l'affaire du C 14 (dont les acteurs, dûment invités, se sont prudemment abstenus de venir) et, d'autre part, a fait connaître les dernières recherches sur le Linceul. Un troisième symposium international se réunira en 1998. En attendant, le conseil scientifique du CLELT continue ses travaux et passe au crible de la science les nouvelles hypothèses. Et le CIELT publie, l'intention de toutes les personnes intéressées, une Lettre mensuelle qui fait en permanence le point sur tout ce qui concerne le Linceul (CIELT, 50 avenue des Ternes, 75017 Paris).

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    La datation au carbone 14

    On a tant parlé de la datation par le carbone 14 qu'il semble utile de donner quelques explications sur le principe de cette méthode née dans les années 60 et sans cesse affinée depuis. Le C 14 est un carbone radioactif qui, comme tout corps radioactif, renferme dans le noyau de ses atomes des neutrons surnuméraires. Ces neutrons tendent à s'échapper en produisant un rayonnement et les atomes deviennent stables. Or, la vitesse avec laquelle ce phénomène se produit est statistiquement constante : on sait que la moitié du C 14 cesse d'être radioactive et devient de l'azote en 5 730 ans. La méthode de datation repose sur cette vitesse de dégradation. Le C 14 se forme par la collision en haute atmosphère entre les rayons cosmiques et des atomes d'azote. Ce C 14, comme ses isotopes non radioactifs, se combine avec l'oxygène pour donner le CO2 que respirent les végétaux. Par l'alimentation, le C 14 passe ensuite dans tous les corps vivants, en même proportion que dans l'atmosphère. Lorsque les tissus meurent, le carbone normal subsiste alors que le C 14 continue a se dégrader sans être remplacé. Pour calculer l'ancienneté d'un tissu mort, il suffit donc de mesurer la proportion de C 14 restant par rapport au carbone stable. La méthode est sûre mais très délicate : il n'y a dans l'atmosphère qu'un atome de C 14 pour mille milliards d'atomes de carbone stable ! Une fois soigneusement éliminées les causes d'erreur, on peut obtenir une datation approximative sérieuse. Mais l'échantillon testé se trouve détruit.

    Daniel Raffard de Brienne


    Le site Le Libre journal a publié, le 19 avril, cet important article de Daniel Raffard de Brienne, paru dans le journal Le Libre journal de la France courtoise n°65.