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Articles divers - Page 2

  • Théorie de l'évolution, bilan critique et réponse à Darwin

    Le lundi 23 février, au CNR (Conseil National de la Recherche), à Rome, s'est tenue une intéressante conférence sur l'évolutionnisme. Car contrairement aux nombreux colloques qui, ici ou là, marquent l'année Darwin (2009 en effet, voit commémorer à la fois le bicentenaire de la naissance de Darwin et le 150e anniversaire de son livre L'Origine des Espèces), il s'agissait ici non de célébrer une fois de plus la gloire du célèbre naturaliste anglais, mais d'établir un bilan critique de sa théorie.

    Au sein d'un groupe choisi de scientifiques et de philosophes, de journalistes, d'universitaires, et de représentants de l'Eglise (dont un envoyé du Conseil Pontifical pour la Culture, abbé Tomasz Trafny), des intervenants allaient se succéder, permettant de bien cerner et d'approfondir la nature et les conséquences de l'évolutionnisme.

    En introduction, le Pr Roberto de Mattei, vice-président du CNR, rappelait que l'évolutionnisme avait pris naissance comme un mouvement de refus de la Création, ce qui rend aussi difficile d'en faire une théorie acceptable par la pensée chrétienne, qu’il l’était d’accepter la théorie économique de Marx en prétendant rejeter ses présupposés matérialistes et athées. D'autre part, comment décrire chez les êtres vivants la permanence d'une “forme” spécifique, conservée au cours de la “re-production”, tout en faisant reposer la vie sur le hasard de rencontres moléculaires ou de combinaisons d'ADN, vision matérialiste qui consiste précisément, par le refus d'une finalité en acte, à nier la réalité des formes?

    Le premier intervenant fut un sédimentologiste français, Guy Berthault, dont les travaux expérimentaux réalisés notamment à l'Institut d'Hydraulique de Marseille et à l'Université du Colorado, ont été publiés par l'Académie des Sciences de France et par celle de Russie. Il a montré que les strates dans les roches sédimentaires ne résultent pas de dépôts successifs, comme on l'avait cru depuis trois siècles, mais d'une ségrégation mécanique des particules durant leur transport par des courants horizontaux et lors de leur dépôt dû aux variations de vitesse du courant. Il en résulte que la chronologie stratigraphique, fondement des chronologies géologiques (qui ont à leur tour servi à étalonner les datations par les radioéléments) est à revoir entièrement. Or les longues durées ont servi à rendre crédible une évolution qu'on n'arrivait pourtant pas à constater à l'échelle de l'histoire humaine.
    Un chercheur au Commissariat à l'Energie Atomique (France), Jean de Pontcharra, expliquait alors, sur l'exemple du potassium-argon, méthode la plus utilisée pour dater les fossiles, que bien des hypothèses faites pour transformer des analyses chimiques en dates du calendrier, ne sont pas vérifiées, ce qui a pour effet de vieillir considérablement les âges. Une lave émise lors de l'éruption du mont Saint-Helens, dans l'Etat de Washington, en mai 1980, est ainsi datée de 300 000 ans, 900 000 ans ou deux millions d'années, selon qu'on analyse la roche totale ou ses composants.

    Puis un chimiste américain, Hugh Miller, présentait les mesures au carbone 14 qu'il vient de réaliser sur le collagène d'os de dinosaures. Les dates s'échelonnent entre 20 000 et 40 000 ans, ce qui est évidemment très loin des 60 millions d'années données habituellement pour la disparition de ces grands animaux!

    Un physicien allemand, Thomas Seiler, montra ensuite comment la loi la mieux attestée en physique, le principe de dégradation de l'énergie (ou d'entropie croissante), s'opposait à l'apparition spontanée des différents êtres vivants, laquelle requiert chaque fois une augmentation d'ordre et d'information.

    Le Pr Pierre Rabischong, ancien Doyen de la Faculté de Médecine de Montpellier, sur quelques exemples tirés du corps humain, prouvait l'impossibilité d'expliquer par une genèse spontanée la complexité et l'admirable inter-corrélation de nos organes et de leurs fonctions. Il faut bien admettre un “programme” préexistant, issu d'une intelligence dont la supériorité saute aux yeux dès qu'on compare une prothèse à l'organe qu'elle tente de remplacer. Il y a pourtant des équipes multidisciplinaires qui mobilisent une grande quantité de “matière grise” derrière le moindre organe artificiel!

    En fin de matinée, le Pr Maciej Giertych, généticien à l'Académie des Sciences de Pologne, exposait quelle avait été sa surprise en découvrant que les manuels de science de ses enfants présentaient la génétique des populations, sa discipline, comme la preuve de l'évolution. Or la formation des races ou des variétés, phénomène très bien étudié sur les espèces domestiques, consiste en une réduction de la diversité du génome. C'est donc l'exact contraire d'un progrès pour l'espèce puisqu'aucune nouveauté n'apparaît. Comment se peut-il qu'une théorie considérée comme scientifique, deux cents ans après sa première formulation, n'ait à présenter comme “preuve” que l'interprétation infidèle d'un phénomène en réalité contraire à ce qu'elle affirme?

    L'après-midi fut consacrée aux aspects philosophiques de l'évolutionnisme. Le Pr Alma von Stockhausen, de l'Académie Gustav Siewert, retraçait l'idée d'évolution en remontant, non à Spencer ou encore au Deus sive Natura de Spinoza, comme on le fait souvent, mais à Luther qui, en introduisant l'idée d'une incomplétude primordiale, d'un non-être, en Dieu, est le véritable prédécesseur de Hegel et de son idée d'une autoréalisation permise précisément par l'accomplissement de la négativité. L'évolution par l'élimination du moins apte chez Darwin en fut ainsi l'application en biologie, comme la lutte des classes (avec ses destructions) fut présentée par Marx comme un progrès politique.

    Puis le Pr Josef Seifert, Recteur de l'Université du Liechtenstein, faisait un commentaire critique de différentes versions de l'évolutionnisme: la théorie darwinienne athée, matérialiste et niant une Cause intelligente pourtant manifeste; l'évolutionnisme théiste, à la manière de Teilhard de Chardin, qui appelait un surhomme biologiquement supérieur à nous et dont la conscience collective accomplirait la divinisation du monde; l'évolutionnisme limité selon lequel Dieu intervient à certains moments pour assurer le franchissements de seuils tels que la vie et la conscience, ou celle des grands embranchements vivants. Il s'agit bien de “contes de fées”, mais qu'il est impossible de réfuter par la seule philosophie.

    Hugh Owen, Directeur du Centre Kolbe (Etats-Unis), montrait sur différents exemples comment la croyance en l'évolution avait freiné la recherche scientifique en faussant le regard des chercheurs sur les êtres vivants: on est parti d'un présupposé de “non-fonction” devant les organes dont on ne comprenait pas encore le rôle, alors que l'hypothèse inverse, selon laquelle tout a un sens et un rôle, est le véritable stimulant pour la recherche. C'est ainsi que pendant vingt ans 90 % du génome a été qualifié d'ADN “poubelle” (junk DNA), simplement parce qu'on ne s'intéressait alors qu'aux séquences codant pour les protéines, soit 10 % environ. On considérait que le reste du génome était une survivance de séquences jadis utiles lors d'étapes antérieures de l'évolution, mais désormais sans fonction. On a quand même fini par découvrir que cette partie du génome jouait un rôle essentiel de régulation, mais le présupposé évolutionniste avait longtemps dissuadé les chercheurs de s'y intéresser.

    Dominique Tassot, Président du Centre d'Etudes et de Prospective sur la Science (France), présentait différentes anomalies logiques typiques des raisonnements évolutionnistes: affirmation simultanée de thèses contradictoires (comme le gradualisme chez les êtres vivants et l'existence de "sauts" dans l'évolution des animaux fossiles); emploi d'un terme confus comme celui d'évolution afin de créditer la thèse invérifiée d'une macroévolution trans-spécifique par tous les faits liés à la variabilité et aux adaptations intra-spécifiques (microévolution); extrapolation sur des durées immenses pour conclure au contraire de ce qui a été observé, etc.

    Après une discussion finale montrant le vif et profond intérêt des participants pour ce thème fondamental, le Pr Roberto de Mattei reprenait la parole en rappelant l'importance d'un débat où se manifeste bien les limites de la science et l'importance de restaurer une vision chrétienne du monde faisant au concept de Création sa place centrale porteuse d'ordre, de finalité et d'intelligibilité. En un mot de conclusion, Dominique Tassot rappelait qu'il n'aurait pas fallu demander aux scientifiques de répondre à une question hors de leur portée, comme la question des origines, ce qui était encore bien compris par les fondateurs de la science européenne jusqu'au XVIII siècle. Une société en ordre appelle l'existence d'une autorité intellectuelle supérieure, laquelle nous aurait épargné cette idéologie évolutionniste envahissant aujourd'hui tous les domaines de l'action comme de la pensée. (D. T.)

    Correspondance européenne n° 197 du 10 mars 2009

  • Avortement et démographie

    Un humoriste célèbre affirmait que si tous les citoyens sont égaux entre eux, il y en à cependant de plus égaux que d’autres. Cette boutade semble devoir s’appliquer à Simone Veil qui, après une année faste au cours de laquelle elle rejoignit les Immortels de l’Académie française, termina l’année 2008 en fanfare en recevant des mains du Président de la république l’insigne de grand officier de la légion d’honneur, en même temps que quelques autres héros nationaux, tel Zinedine Zidane.

    L’Académie française qui jadis rassemblait les meilleurs écrivains du temps, vient donc d’admettre en son sein Simone Veil, dont l’unique publication se résume à son autobiographie (1) , sujet certes passionnant, mais dont nul n’oserait affirmer qu’elle survivra à son auteur. Elue le 20 novembre 2008 au fauteuil de Pierre Messmer, elle avait dédaigné la règle d’usage dans l’ex-vénérable institution qui veut que l’impétrant envoie une lettre de supplication bien tournée aux Immortels. Ceux-ci avaient assez mal pris la chose mais l’on s’était assuré auparavant qu’il n’y ait aucun candidat sérieux face à elle. Tout passe par la prévention.

    Quant à la légion d’honneur , dame Veil avait fait savoir qu’il était pour elle hors de question que soit respectée le règlement qui veut qu’on ne puisse recevoir le grade de grand officier(2) avant celui d’officier. On ne mélange pas les torchons avec les serviettes. D’où la « mère Veil », comme la surnommait Daniel Raffard de Brienne, tire t’elle tant d’arrogance ? D’avoir mis son nom sur la loi la plus criminelle et la plus barbare de l’époque contemporaine ? On relira avec profit l’article que Daniel Raffard de Brienne lui consacra en 1993.

    1) Une vie, éditions Stock, 2007

    2) C’est à dessein que nous supprimons toute majuscule à académie française comme à légion d’honneur. Les choses en question sont devenues trop banales pour être distinguées.

    Voici l'article en question :

     

    Avortement et démographie

    Nous reprenons ici le titre d’une intervention que nous avions faite à la Mutualité, le 8 octobre 1989, au cours du Congrès organisé par Renaissance Catholique sur le thème « Notre combat pour la vie ». Notre texte fut publié en 1990 dans le n°6 de la présente revue qui ne se voulait encore que bulletin.

    Il nous semble opportun de revenir, brièvement pour le moment, sur ce même sujet. Nous ne voulons certes pas fêter le retour aux affaires, presque à la tête du gouvernement, de cette dame Veil qui nous imposa, avec l’appui déterminant de MM Chirac et Giscard d’Estaing, l’inimaginable légalisation du « crime abominable ». Nous pensons simplement que, si nos technocrates libéraux se montrent peu sensibles aux arguments de la morale (contrairement aux socialistes qui, eux, les inversent), ils peuvent peut-être déplorer les conséquences économiques d’un déclin démographique partiellement imputable à l’avortement.

    L’avortement est d’abord un facteur de chômage et de récession. Prenons des chiffres. Avant la loi Veil, il se pratiquait environ, selon les évaluations les plus sérieuses, 60 000 avortements illégaux par an. On sait que ces avortement clandestins, dont le nombre peut avoir diminué, n’ont pas disparu, alors que la loi Veil leur ajoute officiellement chaque année 180 000 avortements légaux, hypocritement baptisés IVG.

    On a des raisons de croire que toutes les « IVG » ne se trouvent pas recensées, mais nous nous en tiendrons aux chiffres officiels. En restant modeste par souci d’objectivité, on peut évaluer à un minimum de 150 000 le nombre annuel d’enfants tués dans le sein de leurs mères et qui ne l’auraient pas été sans la loi Veil. Il va de soi que ce nombre se trouvera considérablement augmenté par la promotion de la « contraception » abortive et des pesticides humains comme le RU 486. Il faudra bientôt tenir compte aussi, sur le plan démographique, des enfants qui ne seront même pas conçus parce que leurs parents potentiels ont été avortés à partir de 1974.

    Mais restons-en aux 150 000 morts sanglantes supplémentaires annuelles, un nombre sûrement inférieur à la réalité. Cela représente depuis 1974, première année de l’application de la loi (que, pour changer, nous pourrions appeler Chirac ou Giscard), le massacre de près de 3 millions d’enfants. Et de consommateurs. Dont la satisfaction des besoins aurait au moins freiné la récession. On estime que la naissance de 5 ou 6 enfants supplémentaires amène la création d’un emploi : il y aurait donc 5 à 600 000 chômeurs de moins sans la loi Veil-Chirac.

    On a d’autre part constaté que la majorité des avortées sont des femmes mariées, désireuses de limiter le nombre de leurs enfants et de conserver leur travail : d’ailleurs, si 70% des mères d’un enfant travaillent hors de chez elles, ce pourcentage tombe à 20% pour celles de trois enfants.

    Sans la loi Veil-Giscard, les mères de famille auraient libéré leurs emplois au profit d’au moins 5 ou 600 000 autres chômeurs, sans doute même davantage. On aurait même pu aller au-delà en encourageant la natalité par de substantielles allocations familiales qu’auraient permise la réduction du nombre des bénéficiaires d’indemnités de chômage. On peut dire que les allocations familiales sont, contrairement aux indemnités de chômage, productives de richesse. Nous ajouterions bien que l’on travaillerait, ce faisant, à la restauration de la famille et donc de la société, mais cette réflexion, qui irriterait les doctrinaires de gauche, n’intéresserait pas les technocrates de « droite ».

    Ce qui peut les intéresser en revanche, c’est de constater le terrible vieillissement de la population dû à l’insuffisance des naissances. Aux chômeurs s’ajoute un nombre croissant de retraités pour un nombre déclinant de cotisants.

    La situation ne tardera pas à devenir dramatique. Nous l’avions déjà expliqué en octobre 1989. Le docteur Tremblay a particulièrement bien étudié ce problème et montré, par exemple, que le nombre de personnes de plus de 60 ans va doubler dans les quarante prochaines années pour atteindre les 20 millions alors que le nombre, en croissance, des chômeurs dépasse déjà les 5 millions pour environs 22 millions de travailleurs cotisants (il est évident que DRD fait ici allusion au nombre de chômeurs réel et de salariés en sous-activité et non aux chiffres officiels du chômage. NDLR).

    Mais, il y à pire. Un pire qui peut inquiéter une partie des élus de « droite » : le Français de souche est une espèce en voie de disparition. On sait que pour qu’une population se renouvelle, simplement, sans croissance, chaque femme doit donner en moyenne le jour à 2,1 enfants. Or, depuis des années, le taux de fécondité des Françaises tourne autour de 1,6 ou 1,7 enfants. Il faut remarquer que parmi ces Françaises figure un nombre sans cesse plus élevé de mères d’ethnies et de civilisations extérieures : des récentes naturalisées et des femmes nées en France de parents étrangers.

    Si l’on tient compte de ces facteurs, on peut estimer raisonnablement que la population française de souche diminue d’au moins 300 000 personnes par an. La loi Veil a évidemment une responsabilité directe majeure dans ce déclin : les chiffres le prouvent. Son rôle indirect peut-être plus important encore : la législation du meurtre des enfants crée un climat délétère où se dissolvent les valeurs morales, fondements de la famille et de la société et facteurs de natalité. I

    ll faut ajouter que le vide laissé par la disparition des Français se trouve comblé, et au-delà, par une immigration désordonnée qui, favorisée pour des motifs financiers par la « droite » libérale, s’est trouvée accrue pour des raisons idéologiques par la gauche socialiste. L’invasion est telle que l’on ne connaît même plus, à 2 ou 3 millions près, le nombre des immigrés.

    De plus, une autre source d’immigration est encore plus productive : celle du ventre, puisque tout enfant né en France, serait-ce le bébé vert d’une Martienne en panne d’OVNI, est déclaré Français dès lors qu’il remplit quelques conditions de résidence (comme si le lapin né dans un poulailler devenait poulet). Or les femmes immigrées ont un taux de fécondité deux fois, et même trois pour les Maghrébines, plus élevé que celui des Françaises. On voit là que « Notre combat pour la vie », c’est aussi notre combat pour la survie de la France et des Français.

    Daniel Raffard de Brienne

    (Renaissance Catholique n° 24, mai-juin 1993)

  • Crise de la transmission de la foi

    Le christianisme va-t-il disparaître.JPGRenaissance catholique publie systématiquement les interventions des conférenciers animant ses universités d'été. Cela donne la plupart du temps de beaux ouvrages d'environ 300 à 350 pages, dotés d'une jaquette de qualité. Ces ouvrages constituent de véritables mines d'intelligence et de doctrine qui devraient figurer dans toute bonne bibliothèque.

    Les textes des conférences données au cours de l'été 2001 n'ont été publiés qu'en juin 2007 et parmi ceux-ci, un long article de Daniel Raffard de Brienne, intitulé "Crise de la transmission de la foi". Nous vous en livrerons l'intégralité mais en plusieurs fois.

    Crise de la transmission de la foi

     La transmission des principes, des connaissances et des raisons de croire est toujours et partout une chose délicate : « On ne naît pas chrétien, on le devient », selon les mots de Tertullien. Loin de se limiter à l’éducation des plus jeunes, elle met en jeu la totalité de la communauté de l’Eglise appelée à se pérenniser, à transcender la ligne de partage entre les générations. Dans toute perspective humaine non dévoyée, à plus forte raison dans la notion chrétienne de vocation, de piété filiale et de paternité, cette transmission constitue le premier des devoirs. Conformément à ses racines étymologiques (tradere, transmettre), elle doit normalement se définir comme un héritage affectif et moral légué par le passé et conservé vivant dans le présent. Le dépositaire s’inscrit dans une « lignée » et ne manque pas d’en avoir conscience. Les principes qu’il professe, la foi qu’il embrasse, il sait que d’autres avant lui les ont défendus ; les valeurs pour lesquelles il combat, d’autres les ont incarnées ; les gestes qu’il fait, d’autres les ont accomplis. La notion d’enracinement conserve ici sa signification essentielle. Le passé demeure une réalité immédiatement sensible dans les pensées, la mémoire, les attitudes et comportements. Il est d’ailleurs singulier que la tradition soit définie autant par l’avenir que par le passé. Le passé renferme le « talent » donné à faire fructifier, mais c’est l’avenir qui oblige l’Ecclesia qui l’a reçu à se préoccuper de le transmettre. C’est l’avenir qui indique dans quel langage, avec quelles clefs il convient de le présenter aux générations futures qui devront à leur tour le transmettre. Dans quelle mesure chacun doit-il se considérer, pour l’essentiel de son être, comme le dépositaire passager d’un héritage lentement accumulé à travers le temps, le témoin, le mainteneur et l’agent de transmission au regard duquel la date de naissance n’a plus guère qu’une relative importance ? La tradition est immuable quand le groupe qui en est le gardien conserve sa cohésion et sa durée ; la tradition est condamnée à l’altération et à l’effacement quand le groupe s’effrite et se disloque. On comprend dès lors qu’il existe une bonne et une mauvaise manière de transmettre. Son particularisme n’est plus clairement reconnu. Elle ne s’attache plus à assurer la permanence et la défense de son identité propre. Cette crise est alors conçue comme un phénomène de brisure : c’est sur les fossés entre les générations que se trouve mise l’insistance bien plus que sur les ponts qui les relient. Les hommes ressemblent alors plus à leur temps qu’à leur père. Les esprits deviennent dépendants des péripéties et des vicissitudes de l’immédiateté du présent sans trouver le fil qui les relie à l’épaisseur du passé. A ce risque de dépérissement s’ajoute le risque d’une rupture brutale, lorsqu’un événement vient rompre ou paralyser la possibilité même de la transmission : révolution, génocide, bouleversement ecclésial. Les repères sont alors ébranlés dans leurs fondements et les rouages de transmission sont dispersés ou anéantis. Il n’est plus alors question que de survie, au risque de perdre le lien qui relie les générations. L’éventualité d’une reprise dépend dès lors de la capacité de refondation des familles, de la persistance de soutien ou de relais (les monastères par exemple), de l’importance des élites, c’est-à-dire de personnes déterminées, conscientes des biens à sauver et prêtes à se sacrifier pour les propager. Cela présuppose la pérennité d’un vivier humain ayant conservé un lien fort avec le passé collectif en voie d’abolition. Dans une période de carence des canaux ordinaires de la transmission de la foi, c’est même à ce milieu, en fait une gamme assez diverse de résistances, qu’incombent la charge de l’avenir, la continuité de la transmission. Cette charge écrasante est possible à assumer à la condition impérative d’en être conscient et de vouloir transmettre de façon efficace.

    Ce rappel des enjeux posé, il convient maintenant de mesurer en détail l’amplitude de la crise de la transmission de la foi subie depuis le concile Vatican II.

    « La catéchèse, disait le cardinal Billé, traverse un temps de crise, voire même de rupture. Il ne s’agit pas simplement de statistiques de baisse de rentrées ou de difficultés à recruter. Il s’agit d’abord d’un constat. De plus en plus de jeunes et d’adultes sont étrangers à la foi chrétienne, même parmi ceux qui participent à la catéchèse » (Discours d’ouverture de l’assemblée plénière des évêques de France en 2001 qui lance le « chantier » pour « refonder les pratiques de la catéchèse »). Effectivement, le bilan de trente années de « renouveau » est extrêmement inquiétant. Ceux qui observent l’évolution de la catéchèse en France depuis quelques années notent des phénomènes préoccupants : une baisse certaine des effectifs, une difficulté non moins certaine à renouveler le personnel disponible pour cette mission dont les compétences se font de plus en plus rares, et une réelle incertitude quant aux « parcours catéchétiques » à proposer ». La dernière enquête réalisée par le Centre national d’enseignement religieux (CNER) date de 1994. A l’époque, environ un tiers des enfants était catéchisés, mais ce chiffre était extrêmement variable selon les diocèses : 13% en Seine-Saint-Denis, 80% en Moselle, département concordataire, en prenant les extrêmes. On estimait que le nombre d’inscriptions diminuait de 1% par an, 4% des enfants catéchisés ne seraient pas baptisés, avec, là encore, des disparités régionales (9% en région parisienne, 1% en Moselle ou en Lozère). Il y avait, en 1994, environ 129 000 catéchistes, soit un pour huit enfants, des femmes à 90%. 92% étaient des laïcs, 4% des prêtres, 4% des religieux ou des religieuses. Depuis 1994, on estime que pour la tranche d’âge des 8-12 ans, la fréquentation est passée de 62% à moins de 45%, une régression annuelle de 1,7%, nettement supérieure aux prévisions. Dans le diocèse de Coutances, estime aujourd’hui le responsable régional de la catéchèse, on est passé de 65% à 50%. Comme si, dans les régions de l’Ouest à forte tradition catholique, on se rapprochait à grands pas de la situation nationale. Si l’on ajoute à ces chiffres la difficulté plus grande de trouver des bénévoles compétents pour faire la catéchèse, on sent bien, sur le terrain, que la crise est profond dans une société qui ne vit plus dans le « bain religieux ». Pour les observateurs, un basculement de société sans précédent s’opère sous nos yeux : « On vit encore sur l’héritage de ce qui a été créé et mis en place lors du Concile de Trente (1545-1560). C’est comme si on tournait une page de quatre cents ans d’histoire. Il n’est pas anormal que cela prenne un peu de temps », dit le même responsable régional. Denis Villepelet, premier directeur laïc, depuis 1996, de l’ISPC (l’Institut supérieur de pastorale catéchétique fondé en 1950 et accueillant aujourd’hui 140 étudiants) à la « Catho » de Paris, n’hésite pas à évoquer une « crise de la transmission » qui affecte la catéchèse en France. « Ce qui est proposé ne fait plus sens », ajoute-t-il. Autrefois le catéchisme était là pour étayer la foi des enfants dont l’éveil était assuré tout naturellement à la maison. Aujourd’hui, les catéchistes sont déroutés. Marie-Téhrèse Perriaux, responsable du service diocésain de la catéchèse de Clermont-Ferrand, 50 ans, mère de quatre enfants, qui compte à son actif une formation théologique à l’ISPC, affirme sans ambages : « Les catéchistes sont pessimistes. (…) On a demandé à des personnes de faire du catéchisme en leur faisant endosser une énorme et difficile responsabilité, sans formation et sans filet ! (…) Chacun bricolait dans son coin. Nous avons fait en sorte que ce bricolage se fasse en plein jour. »

    Depuis une dizaine d'années, les pasteurs sont donc particulièrement alertés, notamment par le fait que de plus en plus de jeunes accèdent au mariage sans avoir été catéchisés, dans l'ignorance de la notion même de péché. Le problème se complique : la catéchèse se dédouble désormais et s'adresse aussi de manière habituelle à des adutes qui demandent le baptême ou qui, baptisés, découvrent les choses de la foi comme "recommençants". En 1999, 2 500 adultes ont reçu le baptême durant la nuit de Pâques. Le nombre total de catéchumènes était de 11 000 personnes : 3 500 ont fait leur "entrée en catéchuménat", 2 400 se préparaient à la confirmation, 1 300 se préparaient à leur première communion. Plus de 80% avaient entre 18 et 40 ans, 36% venaient de milieux populaires, 11% se trouvaient en situation de précarité, 70% étaient des femmes. La plupart se déclaraient sans religion avant leur conversion. Le temps de formation dure environ deux ans.

    A l'intérieur même du "caté" des enfants, un nombre conséquent d'entre eux ne sont pas baptisés ou issus de familles qui vivent dans l'indifférence ou dont les parents sont séparés, leur éducation chrétienne familiale n'étant de ce fait nullement assurée. Des problèmes d'organisation à incidence politique viennent se greffer sur ces difficultés : le président de la commission épiscopale pour la catéchèse, Mgr Dubost, évêque d'Evry, constate la difficulté de plus en plus grande de trouver du temps libre pour les catéchismes du mercredi, réservé par la loi à des activités de ce type. Certes, les statistiques de fréquentation les plus pessimistes ne représentent, par définition, que la surface des choses : on ne mesure pas en chiffres et bilans l'action du Saint-Esprit. Qui peut prétendre sonder les voies de la grâce ? "C'est le mystère même de la foi. Pour rénover, rendre neuf le Nouveau Testament, rendre neuf l'Evangile, il faut être des saints et, le premier obstacle, c'est que nous ne le soyons pas", précise Mgr Dubost. Cependant la religion du Christ est celle de l'Incarnation et l'action divine passe par des signes humains.

    Longtemps le catéchisme a concerné la quasi-totalité de la population même non pratiquante. L'effacement de la culture chrétienne des Français, largement constatée aujourd'hui a pour cause, non pas unique mais directe, la crise catéchétique de la fin des années soixante. Certes, le public dominical avait déjà largement diminué et vieilli dès les lendemains du Concile, mais les enfants passaient encore presque tous par le catéchisme. Aujourd'hui, constatait déjà le rapport Dagens, du nom de l'actuel évêque d'Angoulême, approuvé par l'assemblée des évêques de France en novembre 1994, "pour beaucoup d'enfants de notre pays, l'initiation aux valeurs fondatrices de l'existence s'effectue en dehors ou à l'écart de la "tradition catholique". D'autant plus que cette tradition est souvent réduite à une "donnée culturelle" indépendante de la foi" (Proposition de la foi dans la société actuelle). Il faut préciser que l'absence de transmission des choses de la religion dans l'Eglise de France se fait en surimpression d'un autre constat autrement plus angoissant : elle devient inexorablement une Eglise sans prêtres, et donc, notamment, une Eglise dépourvue de ses enseignants de la doctrine chrétienne normalement désignés. Ce fait bouleverse les données du problème : l'attention se porte non plus sur les questions catéchitiques, mais sur l'importance qu'il convient d'accorder au poids de la continuité du sacerdoce dans la transmission de l'héritage chrétien. Dans les administrations diocésaines, il n'est plus question que de restructuration du tissu paroissial et de gestion par des laïcs de pans entiers de fonctions cléricales (enterrements, aumôneries de lycées et d'hôpitaux... et catéchèse) pour faire face à la pénurie exponentielle à laquelle les évêques sont confrontés. Cette crise du recrutement sacerdotal, qui n'a pas de correspondance depuis la période révolutionnaire, représente un ébranlement psychologique croissant pour le clergé (sauf pour ceus qui ont eux-mêmes encouragé la désaffection), mais aussi pour les communautés chrétiennes. Sans doute le catéchisme des enfants et des adultes ne peut qu'être confié aujourd'hui à des laïcs. Mais ce contexte de régression du nombre des pasteurs, ainsi que de la visible décadence du sacerdoce lui-même, est délétère pour l'exercice de la fonction pédagogique de la foi. Le témoignage d'un prêtre de 53 ans du diocèse de Verdun, "Etre prêtre dans les conditions d'aujourd'hui" dans le recueil Des ministres pour l'Eglise (Cerf, 2001), est assez déprimant pour un diocèse qui ne compte aucune vocation sacerdotale à ce jour : "Perspective très proche, dans laquelle nous sommes, de ne plus pouvoir proposer la forme individuelle de réconciliation aus enfants du catéchisme", "il faut être bien fort, et bien enraciné spirituellement pour vivre ces baisses dans la durée sans se décourager", "un horizon de mort", etc.

    "Nous ne pouvons cacher notre inquiétude, disait encore le rapport Dagens, pour ce qui concerne en France la transmission de la culture religieuse et la place du fait religieux dans l'éducation." Le problème n'est évidemment pas circonscrit à la France : le cardinal José Policarpo da Cruz, partriarche de Lisbonne, évoque des problèmes analogues de crise de la foi, de doctrine et de morale dans les familles, de pressions conformistes sans cesse croissantes de l'école sur les enfants. Les évêques d'Italie constatent que,"dans sa forme plus massive et traditionnelle, la catéchèse ecclésiale montre des signes évidents d'une grave crise" ("Transmettre l'Evangile dans un monde qui change", 2001.

    La crise de la transmission de la foi ne s'exprime pourtant pas, d'abord, en termes de moyens et d'effectifs. Elle est d'abord liée au contenu de ce qu'on a appelé "la nouvelle catéchèse". Délégué de la Commission épiscopale de la catéchèse et du catéchuménat, Mgr Albert Rouet, évêque de Poitiers, se demandait en 1999 quels critères pouvait retenir une personne en quête de conversion ("en recherche" selon le jargon). Sa réponse est caractéristique : "L'engagement de l'Eglise de France pour les immigrés, les pauvres, les blessés de la vie, constitue la véracité de son discours sur Dieu. Parler de Dieu passe par la capacité qu'on a de parler de l'homme."

    Au Canada, dès 1966, les évêques avaient approuvé, avant sa publication, un nouveau catéchisme constitué d'un ensemble de documents de 3000 pages, comprenant des livrets pour les enfants, les catéchistes, les parents, le tout complété par du matériel audiovisuel. Cet ensemble anonyme était en provenance de l'Office catéchétique provincial de Montréal. Ce n'est pas faire de la polémique que de constater que ce catéchisme ne transmettait plus la foi catholique. Or s'il ne fut pas explicitement imposé,les évêques l'employèrent à une écrasante majorité dans leurs diocèses. Rapidement, toute personne opposée à son emploi fut considérée comme "déloyale" envers les évêques canadiens. Cette impression fut d'ailleurs confirmée par les évêques eux-mêmes. Des parents écrivirent à leur pasteur pour dénoncer la nouvelle catéchèse imposée et se constituèrent en associations pour réclamer le retour à un enseignement authentique de la foi. Il créèrent un réseau et diffusèrent des documents romains utiles aux catéchistes, tel le Credo prononcé par Paul VI en 1968 lors de la cérémonie de clôture de l'Année de la foi, mais délibérément ignorés par les responsables canadiens. Un programme radio, "Fortitude", et un magazine Challenge, tentèrent de briser l'unanimité de la presse catholique acquise à la nouvelle catéchèse. En vain. Or, il ne s'agissait pas seulement d'un changement de méthode pédagogique : c'est le contenu doctrinal lui-même qui y était subverti par une habile manipulation des esprits. Le catéchisme omettait l'enseignement du péché originel, n'enseignait plus clairement la divinité du Christ ni la place de la Vierge dan l'histoire du Salut. Il évitait de parler des anges, des miracles de l'Evangile, notamment lors de l'Annonciation, de la Nativité et des Noces de Cana. Il n'exposait pas le mystère de la Rédemption par le sacrifice de Jésus en croix. La messe était ravalée à un repas convivial : rien sur le sacrifice, la consécration ou la présence réelle. Les parents réfractaires furent tournés en ridicule. Des méthodes de pression psychologique lors des réunions et week-ends de recyclage furent déployées. Prêtres et parents en sortaient blessés et désorientés. Aujourd'hui, un autre catéchisme, Born of the Spirit, présentant les mêmes défauts que le premier, est encore imposé au Canada. Seuls certains parents réussissent à transmettre la foi à leurs enfants en les soustrayant à l'enseignement délétère du catéchisme officiel ou en complétant et redressant, au jour le jour, la formation déficiente reçue à l'école ou au catéchisme. 

    Une étonnante, et pour le coup louable, repentance épiscopale venue d'Autriche a souligné la défaillance hiérarchique. L'archevêque de Salzbourg, Mgr Georg Eder, a déclarré dans une lettre pastorale lue le 12 novembre 2000 dans les paroisses de son diocèse, après la condamnation de l'un de ses prêtres qui avait concélébré une eucharistie avec un pasteur méthodiste : "Il faut déplorer avec regret le fait qu'une grande partie de nos fidèles soutiens financiers (en Autriche tous les catholiques paient un impôt d'Eglise, sauf à dénoncer leur qualité) mais aussi de ceux qui fréquentent les messes dominicales ne savent pratiquement plus rien de la nature de la messe. Comment cela est-il possible ? Qu'a-t-on donc prêché à ce sujet durant les trois dernières décennies ? Comment se fait-il que la compréhension de l'eucharistie disparaisse, malgré le renouvellement de la liturgie ? Autant de questions ouvertes. Certainement plus de 90% des personnes ne savent pas de quoi il s'agit. Si la situation est telle - et je pourrais contribuer à l'illustrer de multiples façons -, ceci indique qu'une démission des pasteurs est intervenue depuis des années. Nous, les gardiens mandatés par le Seigneur, nous n'avons pas accompli correctement notre devoir et nous nous sommes attiédis. Nous, évêques, nous nous sommes trop peu occupés de notre troupeau, nous avons laissé pénétrer les loups féroces. Dans les facultés catholiques, durant des décennies, des professeurs ont dénaturé le dogme catholique et d'autres encore.. Dans les cours d'instructio religieuse, les vérités concernant l'eucharistie ont été, et sont encore, transmises de manière gravement lacunaire. Oui, les pasteurs sont coupables, le sel s'est affadi, et il sera bientôt foulé aux pieds."

    Les évêques de France, de leur côté, se sont momentanément emballés pour les JMJ parisiennes de 1997, mettant beaucoup d'espoir dans leurs retombées catéchitiques et escomptant l'éclosion de nombreuses vocations. Le "caté" s'est affiché sur les murs par de vastes campagnes de communication : 9000 affiches à Paris ont proclamé : "Le catéchisme, des répères pour la vie". Cette campagne s'est doublée d'une opération de proximité visant 80 000 familles avec enfants. Chacune a reçu une lettre personnelle présentant les activités pour les enfants et adolescents organisées à la paroisse. Les douze diocèses de l'Ouest (Angers, Bayeux, Coutances, Lavail, Le Mans, Rennes...) ont lancé leur campagne de communication sur le slogan : "La pause café prépare à la solidarité : c'est bon signe !" avec une citation de Yann, 9 ans : "Au caté on a organisé une fête de la solidarité pour le quartier. Après la messe, animée par les jeunes, on a pris l'apéro au centre social, puis le pique-nique tous ensemble. Ensuite, nous avons animé des jeux. Il y avait aussi des danses coréennes, des chants, une animation autour du commerce équitable et une initiation aux premiers secours. C'était super !". Cette campagne lancée à l'instigation de l'Association générale pou rle développement de l'enseignement religieux (Agder), qui regroupe les équipes de catéchèse des 12 diocèses de l'Ouest, est menée en partenariat avec Bayard Presse (La Croix) et les éditions Créer. Elle a eu une diffusion très grand public puisque le slogan était inséré à plus d'un million d'exemplaires dans les journaux du grand ouest. 25 000 livrets ont été distribués dans les 12 diocèses comme support de travail pour comme support de travail pour les catéchistes, le tout accompagné d'affichage dans les paroisses et les commerces. Ce catéchisme à grande échelle laisse planer plus qu'un doute sur son efficacité.

    En effet, la formation familiale pour l'éducation chrétienne la plus fondamentale a toujours été assurée par le catéchisme, "l'oeuvre par excellence", selon Mgr Dupanloup, ainsi que par la prédication dominicale. Or il y à beaucoup moins de monde à la messe du dimanche (3% en région parisienne). En outre, la majorité des homélies contiennent bien peu de rappels explicites des données de la foi et de la morale. Mais si le public paroissial a fondu, le nombre des enfants catéchisés est longtemps resté à un niveau honorable. Cela a duré jusqu'au moment où les "enfants du Concile", formés par la nouvelle pédagogie catéchitique, sont devenus à leur tour parents. Depuis une dizaine d'années le taux de baptêmes diminue à une cadence inquiétante (30 baptêmes pour 100 naissance en région parisienne) et par voie de conséquence le nombre d'enfants catéchisés. De plus, alors qu'autrefois la majorité des enfants attendaient la communion solennelle (12-13 ans) pour abandonner la pratique et l'instruction religieuses, aujourd'hui, une bonne part d'entre eux quitte les bancs après la première communion (8-10 ans). La désertification catéchitique, limitée aux banlieues ouvrières sous les abbés Godin et Daniel (France, pays de mission ?, 1943), se répand désormais sur l'ensemble du territoire. Dans une enquête sur la baisse des critères d'appartenance religieuse chez les jeunes, le sociologue Yves Lambert notait une "sortie de la religion" chez la moitié des enfants de parents pratiquants, la proportion étant nettement plus marquée dans les milieux les plus conciliaires que dans le monde traditionnel ("Les jeunes et le christianisme : le grand défi", dans la revue Le Débat, 1993). le Père Bernard Sesboüé, jésuite, professeur de théologue au Centre Sèvres et président du Groupe des Dombes spécialisé dans le dialogue oecuménique, constate avec amertume : "Combien de foyers catholiques qui ont vécu avec enthousiasme l'événement de Vatican II, qui ont donné de leur foi un témoignage vivant, ouvert et engagé, voient avec tristesse la génération de leurs enfants prendre paisiblement une toute autre direction. On peut maintenant observer ce phénomène, amplifié, à la génération des petits-enfants. Désormais, la cohérence nécessaire entre les différentes instances éducatrices (famille, école, milieux de vie, médias, tout ce qui véhicule des options morales n'existe plus."

    Il demeure malgré tout, que cette faillite est principalement imputable à l'aggiornamento de la pastorale, plus spécialement celle qui concerne l'éducation de la foi, à l'époque du fameux Catéchisme hollandais (1966). En, France, c'est dès le lendemain de la Seconde Guerre mondiale que le mouvement catéchitique manifesta visiblement son influence. En 1947 paraît la dernière mouture officielle du Catéchisme à l'usage des diocèses de France. Contestant la valeur des procédés traditionnels de ce manuel, la nouvelle méthode du chanoine Joseph Colomb, directeur national du Centre national de l'Enseignement Religieux, prétendait subordonner l'acquisition des vérités à l'accueil actif des catéchisés : "La valeur prédagogique d'un programme, d'une parole, ne réside pas d'abord dans sa richesse de vérité, mais dans le fait qu'ils sont adaptés à l'expérience religieuse de l'enfant, au moins à ses possibilités actuelles d'expérience, dans le fait que cette parole pourrait être, qu'elle serait la réponse aux questions que l'enfant poserait s'il avait la permission d'en poser (Doctrines de vie au catéchisme). Ces idées triomphent en partie avec l'édition du Catéchisme du chanoine Colomb, en 1950, qui s'inscrit dans le courant général de la réforme de la pédagogie. Cette expérience du "catéchisme progressif" a été sanctionnée en 1957 en la personne du chanoine, démis de ses fonctions à la suite d'une intervention du Saint-Office. Le Concile a ouvert depuis les vannes jusque-là contenue. Le Directoire de pastorale catéchitique publié par l'Episcopat français en 1964 est la consécration officielle de l'expérience interrompue. Il ne faut d'ailleurs pas penser que les manuels remplacés étaient d'un autre âge : un gros effort avait été fait pour varier leur présentation, ajouter des notions de liturgie et des connaissances d'Ecriture sainte, et surtout pour aider le travail des prêtres catéchistes par tout un matériel de fiches et guides pédagogiques, et cela de longue date, depuis les célèbres volumes du chanoine Quinet, Carnet de préparation d'un catéchiste (Spes, 1928). Dès 1965, l'ancienne pédagogie fait place à des séances ludiques avec dialogues entre catéchistes et enfants, se concluant par des liturgies devenues le lieu privilégié d'une créativité extrême. Le contenu de l'enseignement s'est effondré. A partir de ce moment, près de 90% des catéchistes ont été recrutés chez des laïcs, dont les connaissances élémentaires laissaient souvent à désirer, ou , pire, avaient été déformées par des sessions de recyclage. Malgré l'exhortation apostolique de Paul VI, Evangelii muntiandi, en 1975, qui voulait endiguer la débâcle, la crise a été aggravée par la rédaction de Parcours et la publicaton de leur clé de voûte, Pierres vivantes, en 1981, qui se voulait un recueil de documents avec lesquels les autres Parcours devaient être utilisés, le tout en conformité avec un Texte de référence voté par les évêques de France, lors de leur assemblée de 1979. Marc Dem, dans son pamphlet Evêques français, qu'avez-vous fait du catéchisme ? (La Table Ronde, 1984), a fait le bilan de la nouvelle catéchèse diffusée par Pierres Vivantes et par les Parcours homologués. Il est accablant : "Plus de Création, plus de péché originel, plus d'âme, plus d'anges, plus de diable, plus d'enfer, plus de ciel, plus de certitudes, plus de Marie conçue sans péché, plus de Crèche, plus de Jésus au milieu des docteurs, plus de Verbe incarné, plus de Trinité, plus de Rédemption, plus de Sacrifice, plus d'Ascension, plus d'Evangiles, plus d'Eglise une, sainte, catholique et apostolique."

    à suivre...

  • Saint Siège : le bilan à un an du Motu Proprio Summorum Pontificum

    Un an après l’émission du Motu Proprio de Benoît XVI, le monde catholique tire un premier bilan. Il en a été discuté la semaine passée dans le cadre du colloque « Le Motu Proprio ‘Summorum Pontificorum’ de S.S. Benoît XVI. Une richesse spirituelle pour toute l’Eglise », qui s’est tenu du 16 au 18 septembre près l’Institut Santa Maria Bambina au Vatican. Organisé par l’association “Jeunes et Tradition” et placé sous le patronage de la Commission pontificale « Ecclesia Dei », le colloque a vu la participation de prêtres, religieux et laïcs, reconnaissant l’opportunité de redécouvrir la beauté et la richesse du rite liturgique tridentin de saint Pie V. Un rite qui n’a jamais été abrogé, ni par le Concile Vatican II, ni par la réforme post-conciliaire, et dont le Pape Benoît XVI, au travers du dernier Motu Proprio, a voulu faciliter la célébration, en donnant plus de liberté aux curés et aux fidèles dans le choix de la liturgie et en limitant, en ce sens, le pouvoir de veto des Evêques.

    Des interventions des participants et du public sont apparues en particulier les difficultés d’interprétation des dispositions du Motu Proprio, entendues dans un sens restrictif par de nombreux hauts prélats. Mais aussi, une claire conscience que le renouvellement d’une tradition liturgique pluriséculaire ne veut signifier ni une restauration ni un simple retour au passé mais bien une valorisation et un enrichissement de la culture catholique même, car ce rite représente une incitation pour les fidèles à un plus grand recueillement, le miracle de Jésus qui se fait Eucharistie étant reporté, y compris extérieurement, au centre de la célébration. Les travaux du colloque se sont alternés à des moments de prière : parmi les plus émouvants, les nombreuses Messes célébrées tôt le matin, selon le Rite romain antique, aux différents autels de la Basilique Saint-Pierre.

    Introduisant les travaux en qualité de modérateur, le père dominicain Vincenzo Nuara a souligné combien les finalités du Motu Proprio ont visé « une réconciliation interne à l’Eglise » en ce qu’il « n’existe pas de vérité sans tradition et il n’existe pas de tradition sans unité ecclésiale ». En ce sens, « l’unité de l’Eglise en la personne du Pape est consubstantielle à la foi catholique ».

    La première intervention a été celle de Mgr Camille Perl, vice-président de la Commission Ecclesia Dei , selon qui le Motu Proprio répond sans aucun doute au besoin de rénover une glorieuse tradition liturgique mais ne doit pas être taxé de « passéiste ». Il « n’a pas été voulu par des nostalgiques » et il n’entend pas diminuer la valeur de la nouvelle liturgie. Les difficultés d’application, à ce qu’a déclaré Mgr Perl, ont été nombreuses de par le monde pour les raisons les plus diverses. En Allemagne, par exemple, la conférence épiscopale a émis « une directive extrêmement bureaucratique qui rend difficile l’application du Motu Proprio ». La nouveauté a été en revanche accueillie avec plus d’enthousiasme dans les pays anglo-saxons (Royaume-Uni, Etats-Unis, Canada, Australie) et en France. Dans ce dernier pays, les rares églises encore pleines le dimanche sont celles où est célébré le rite tridentin. Toutefois, le problème est constitué par « le manque de prêtres car beaucoup ne connaissent pas l’ancien rite ».

    En Italie, on rencontre, par ailleurs, l’ostracisme de nombreux évêques, alors qu’un obstacle qui se rencontre un peu partout est « le préjugé selon lequel le rite ancien serait dépassé ». Mgr Perl a, par ailleurs, signalé un certain enthousiasme « parmi les prêtres les plus jeunes, nombre desquels sont très désireux d’apprendre l’ancienne liturgie mais rencontrent des obstacles de la part de leurs évêques ou de leurs supérieurs ».

    Le cardinal Dario Castrillon Hoyos, Président de la Commission Ecclesia Dei, intervenant aux travaux du Colloque, a souligné de son côté combien le Motu Proprio a comme objectif de porter les fidèles à un plus grand respect vis-à-vis du Très Saint Sacrement. « Si le protagoniste de la célébration n’est plus la Trinité mais le célébrant – a affirmé le Cardinal – nous nous trouvons en dehors de la tradition catholique ». Il est important, selon le Cardinal, de ne pas créer d’obstacles à la célébration en latin « parce que ce qui compte, c’est le mystère de Dieu qui se fait pain et non pas la langue dans laquelle il se célèbre ». D’un autre côté, le Cardinal a pris les distances avec les traditionalistes les plus extrémistes qui utilisent l’étendard de la messe tridentine comme un instrument « de pouvoir ».

    L’intervention de Roberto de Mattei, professeur d’histoire du Christianisme à l’Université européenne de Rome et directeur de notre revue, a eu pour objet le rapport existant entre l’évolution de la liturgie et la sécularisation. Cette dernière doit être entendue comme un long « processus historique qui a débuté avec l’humanisme de la Renaissance, s’est développé avec l’époque des « Lumières » et a débouché sur le laïcisme et sur le sécularisme agnostique et athée, caractéristique du marxisme et de la société postmoderne ». Un processus qui a finalement conduit à « l’exclusion de Dieu et du christianisme de la sphère publique et à la réduction de la religion à un phénomène purement individuel ». La sécularisation s’oppose à une conception du monde fondée sur le primat du sacré. Selon cette conception, l’homme n’est plus seulement un animal social, ainsi que le voulait Aristote, mais d’abord et avant tout, un « homo religiosus » qui exprime sa relation avec Dieu dans la liturgie.

     La liturgie n’est autre que « la prière publique de l’Eglise, l’acte de culte non privé d’un homme particulier mais de la communauté des baptisés réunis autour du Saint Sacrifice de l’Autel ». Selon de Mattei, il n’existe « rien de plus antithétique à la sécularisation » que ce Sacrifice qui s’exprime au mieux dans « la formule de la Consécration composée, ainsi que le rappelle le Concile de Trente, en partie des paroles mêmes du Seigneur, en partie de ce qui a été transmis par les Apôtres et en partie par ce qui a été transmis pleinement établi par les saints Pontifes ». La plus haute forme de révérence vis-à-vis de cette présence miraculeuse de Dieu parmi les hommes est, en premier lieu, le silence qui symbolise l’ineffabilité et la majesté de Dieu. Sur la base de tels paramètres, « le rite romain antique ne permet pas d’équivoques en la matière » et se trouve être celui qui exprime le mieux le sens de la transcendance divine. Même si sa remise à l’honneur récente, par le biais du Motu Proprio, ne doit pas être vue comme une contraposition aux liturgies plus récentes, il est indubitable que le rite tridentin « exprime, avec une clarté parfaite, l’unique ecclésiologie que l’on peut dire catholique et que toute liturgie doit exprimer ».

    « Cette liturgie grégorienne – a poursuivi de Mattei – nous rappelle, au travers de son silence, de ses génuflexions, de sa révérence, l’infinie distance qui sépare le Ciel de la Terre. Elle nous rappelle que notre horizon n’est pas terrestre mais céleste. Elle nous rappelle que rien n’est possible sans le Sacrifice mais aussi que le don de la vie naturelle et surnaturelle est un mystère ». Le rite romain antique a, par ailleurs, marqué tous les moments les plus glorieux de l’histoire chrétienne « sous les voûtes de Saint-Pierre comme dans les chapelles les plus humbles et les plus reculées sises aux extrêmes confins de la terre ». Pour toutes les raisons jusqu’ici énoncées, ce rite « constitue aujourd’hui, dans les intentions de Benoît XVI, une réponse efficace au défi de la sécularisation » a-t-il ensuite conclu.

    Mgr Nicolas Bux, Consulteur de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, est aussi intervenu au colloque en soulignant l’importance de la localisation centrale du tabernacle et de la croix afin de restituer à la célébration la sacralité qu’elle mérite. Des observations à caractère pratique ont été faites par l’abbé Joseph Kramer, curé de la paroisse de la Très Sainte Trinité des Pèlerins (cf. CE 184/07 du 10 juin 2008) , et par l’abbé Joseph Luzuy de l’Institut du Christ Roi Souverain Prêtre. L’événement de trois jours a aussi pu bénéficier des interventions du père Manfred Hauke, de la Faculté de Théologie de Lugano, du père Michael Lang, de l’Université Européenne de Rome, du père Massimiliano Zangheratti, professeur à l’Institut Théologique Marie Immaculée Médiatrice. (L. M.)

    article paru dans Correspondance européenne du 30/09/2008

  • Saint-Siège : entretien avec Mgr Burke

    L'article suivant paru, dans Correspondance européenne du mois de septembre, nous a paru particulièrement important, aussi le reproduisons-nous dans son intégralité :

    Entretien avec Mgr Burke

    Dans son numéro 37 (août-septembre 2008), le mensuel italien “Radici Cristiane” a publié un important entretien avec S. Exc. Mgr Raymond L. Burke, sur le thème de l’Eucharistie. Mgr Raymond Leo Burke, archevêque de Saint Louis (USA), a récemment été appelé à Rome par le Saint-Père en qualité de nouveau Préfet du Tribunal suprême de la Signature apostolique. Nous rapportons ci-dessous quelques extraits de l’entretien en question :

    Q.: Excellence, il semble que prévale aujourd’hui une vision laxiste quant à la réception de l’Eucharistie. Pourquoi ? Croyez-vous que cela influence les fidèles dans leur manière de vivre en tant que catholiques ?

    R.: L’une des raisons pour lesquelles je crois que ce laxisme s’est développé est le manque d’attention accordée à l’importance de la dévotion eucharistique, en particulier par le biais du culte rendu au Très Saint Sacrement dans le cadre de processions, des bénédictions du Très Saint Sacrement, au travers de l’allongement des temps d’adoration solennelle et de la dévotion des 40 heures. Sans la dévotion au Très Saint Sacrement, les personnes perdent rapidement la foi eucharistique. Nous savons qu’il existe un pourcentage élevé de catholiques qui ne croient pas en la présence du corps et du sang du Christ sous les espèces eucharistiques. Nous savons en outre qu’il existe un pourcentage alarmant de catholiques qui ne participent pas à la Messe dominicale.

    Un autre aspect est la perte du sens de liaison entre le sacrement de l’Eucharistie et celui de la Pénitence. Peut-être par le passé a-t-on exagéré au point que les personnes pouvaient croire qu’elles devaient se confesser avant chaque communion. Mais désormais, les personnes vont régulièrement communier et ne se confessent peut-être jamais, ou rarement. Ce qui s’est perdu c’est le sens de notre indignité et du besoin de confesser ses péchés et de faire pénitence afin de recevoir dignement la Sainte Eucharistie.

    Il faut ajouter à cela ce qui s’est développé à partir de la sphère civile, à savoir l’idée selon laquelle recevoir l’Eucharistie constituerait un droit. C’est-à-dire que comme catholiques, nous aurions le droit de recevoir l’Eucharistie. Il est vrai qu’une fois baptisés et ayant atteint l’âge de raison, nous devrions être préparés à recevoir la Sainte Communion et, si nous sommes bien disposés, nous devons la recevoir fréquemment. Mais, dans le même temps, nous ne pouvons jamais prétendre avoir un droit à recevoir l’Eucharistie.

    Q : Il existe des lois de l’Eglise faites pour empêcher des conduites inadaptées de la part des fidèles pour le bien de la communauté. Pourriez-vous les commenter et nous expliquer jusqu’à quel point l’Eglise et la hiérarchie ont le devoir d’intervenir pour expliquer et corriger ?

    R : Vis-à-vis de l’Eucharistie, par exemple, il existe deux canons en particulier qui sont relatifs à la digne réception du sacrement. Ils ont pour but deux biens. L’un d’entre eux est celui de la personne elle-même parce que recevoir de manière indigne le Corps et le Sang du Christ est un sacrilège. Si cette réception a lieu de manière délibérée alors que la personne est en état de péché mortel, il s’agit d’un sacrilège. Donc, pour le bien même de la personne en question, l’Eglise se doit de nous instruire en disant que chaque fois que nous recevons l’Eucharistie, nous devons au préalable examiner notre conscience.

    Si nous avons un péché mortel sur la conscience, nous devons d’abord nous confesser de ce péché et recevoir l’absolution et, seulement ensuite, nous approcher du sacrement eucharistique. Bien souvent, nos péchés graves sont cachés et connus seulement de nous-mêmes et peut-être de rares autres. Dans ce cas, nous devons nous-mêmes contrôler la situation et être capables de ne pas recevoir la Communion.

     Mais il existe d’autres cas, dans lesquels des personnes commettent des péchés graves de manière délibérée et ce sont des cas publics, comme celui d’un fonctionnaire qui, en connaissance de cause et de manière volontaire, soutient des actions contraires à la loi morale divine et éternelle. Par exemple, il appuie publiquement l’avortement volontaire qui comporte la suppression de vies humaines innocentes et sans défense. Une personne qui commet un péché de cette manière doit être admonestée publiquement de manière à ce qu’elle ne reçoive pas la Communion tant qu’elle n’aura pas réformé sa vie. Si une personne admonestée de la sorte persiste dans un péché mortel public et s’approche pour recevoir la Communion, le ministre de l’Eucharistie est dans l’obligation de la lui refuser. Pourquoi ? Tout d’abord en vue du salut de la personne elle-même, c’est-à-dire pour l’empêcher de commettre un sacrilège. Mais également pour le salut de toute l’Eglise, pour empêcher un scandale de deux façons. Premièrement, un scandale concernant ce que doit être notre disposition pour recevoir la Sainte Communion. En d’autres termes, il faut éviter que les personnes puissent penser qu’il est possible d’être en état de péché mortel et de s’approcher de l’Eucharistie.

    Deuxièmement, pourrait se déclencher une autre forme de scandale consistant à induire les personnes à penser que l’acte public que cette personne pose, alors que tous jusqu’alors la pensait un péché sérieux, ne doit pas l’être tant que cela puisque l’Eglise permet à la personne en question de recevoir la Communion. Si nous nous trouvons face à une personne publique qui soutient ouvertement et de manière délibérée les idées avortistes et qui reçoit l’Eucharistie, que finiront par penser les personnes communes ? Elles peuvent être portées à croire qu’il est correct d’une certaine manière de supprimer une vie innocente dans le sein maternel.

    (CE 188/02 du 10 septembre 2008)

  • Deux hommes, un même compliment

    volkoff-vladimir.jpgVladimiriana L’écrivain franco-russe s’est éteint le 14 septembre 2005, à Bourdeilles. L’objet de cette page n’est pas de réécrire une énième biographie médiocre, comme on en trouve à la pelle sur internet. (Pourquoi pas peut-être un jour recopier son autobiographie parue dans le dossier H Vladimir Volkoff.- excellent dossier, ceci dit en passant- On va y réfléchir …)

    A vrai dire, je ne sais pas comment m’y prendre pour rendre hommage à celui qui fut mon véritable maître à penser depuis ma plus tendre enfance. Je lisais Langelot, en remuant ciel et terre pour trouver un nouveau petit album de la bibliothèque verte à me mettre sous la dent, puis j’ai lu (presque) tous ses romans, et surtout (presque) tous ses essais.

    Je n’ai encore rien trouvé de mieux comme initiation à la pensée contre-révolutionnaire, que ces petits ouvrages aux titres évocateurs :” Pourquoi je suis moyennement démocrate”, “Pourquoi je serais plutôt aristocrate”, “Du roi”, “Le complexe de Procuste”, “La bête et le venin, ou la fin du communisme”… de quoi occuper quelques soirées à la lueur de la bougie.

    Dans un registre plus ludique, vous n’avez rien à perdre à lire “Les humeurs de la mer”, ou même des romans plus classiques comme “L’Enlèvement”,”L’Hôte du pape”, “Le complot”.

    J’ai un petit faible pour ses romans d’espionnage. “Le retournement”, “Le montage”, voilà ce qu’on est en droit d’attendre d’un roman. Qu’il vous nourrisse, et non qu’il vous fasse perdre votre temps ! Mais Vladimir Volkoff, c’est par dessus tout quelqu’un à admirer, qualité qui se fait rare en nos temps de tiédeur, de mièvrerie.

    On admire l’orthodoxe, l’écrivain. On estime son intelligence, son courage, sa culture, son caractère. On découvre d’une manière surprenante, c’est à dire excellente puisqu’il est au commande de l’opération, un peu plus de son être en lisant et relisant “La Garde des Ombres” (son livre que je préfère, tout bien pesé).

    On lui retourne le compliment qu’il fît à l’adresse de Daniel Raffard de Brienne : on reconnaît en lui “un homme, un vrai”.

    article relevé sur La voix dans le désert

  • Je vous salue Marie

    Par cette chanson datant de 1986, Serge Lama rend hommage à son père et à sa mère décédés lors d'un accident de la circulation en décembre 1984.

    Le texte très émouvant épingle sans faiblesse les "infiltrations ennemies dans l'Eglise", pour reprendre le titre d'un ouvrage essentiel d'Henry Coston. Sur le même sujet, on peut aussi lire avec profit "Le KGB au coeur du Vatican" par Pierre de Villemarest. Concernant les infiltrations maçonniques au sein des commissions de Vatican II, Daniel Raffard de Brienne y fait explicitement référence dans Lex Orandi.