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Avortement et démographie

Un humoriste célèbre affirmait que si tous les citoyens sont égaux entre eux, il y en à cependant de plus égaux que d’autres. Cette boutade semble devoir s’appliquer à Simone Veil qui, après une année faste au cours de laquelle elle rejoignit les Immortels de l’Académie française, termina l’année 2008 en fanfare en recevant des mains du Président de la république l’insigne de grand officier de la légion d’honneur, en même temps que quelques autres héros nationaux, tel Zinedine Zidane.

L’Académie française qui jadis rassemblait les meilleurs écrivains du temps, vient donc d’admettre en son sein Simone Veil, dont l’unique publication se résume à son autobiographie (1) , sujet certes passionnant, mais dont nul n’oserait affirmer qu’elle survivra à son auteur. Elue le 20 novembre 2008 au fauteuil de Pierre Messmer, elle avait dédaigné la règle d’usage dans l’ex-vénérable institution qui veut que l’impétrant envoie une lettre de supplication bien tournée aux Immortels. Ceux-ci avaient assez mal pris la chose mais l’on s’était assuré auparavant qu’il n’y ait aucun candidat sérieux face à elle. Tout passe par la prévention.

Quant à la légion d’honneur , dame Veil avait fait savoir qu’il était pour elle hors de question que soit respectée le règlement qui veut qu’on ne puisse recevoir le grade de grand officier(2) avant celui d’officier. On ne mélange pas les torchons avec les serviettes. D’où la « mère Veil », comme la surnommait Daniel Raffard de Brienne, tire t’elle tant d’arrogance ? D’avoir mis son nom sur la loi la plus criminelle et la plus barbare de l’époque contemporaine ? On relira avec profit l’article que Daniel Raffard de Brienne lui consacra en 1993.

1) Une vie, éditions Stock, 2007

2) C’est à dessein que nous supprimons toute majuscule à académie française comme à légion d’honneur. Les choses en question sont devenues trop banales pour être distinguées.

Voici l'article en question :

 

Avortement et démographie

Nous reprenons ici le titre d’une intervention que nous avions faite à la Mutualité, le 8 octobre 1989, au cours du Congrès organisé par Renaissance Catholique sur le thème « Notre combat pour la vie ». Notre texte fut publié en 1990 dans le n°6 de la présente revue qui ne se voulait encore que bulletin.

Il nous semble opportun de revenir, brièvement pour le moment, sur ce même sujet. Nous ne voulons certes pas fêter le retour aux affaires, presque à la tête du gouvernement, de cette dame Veil qui nous imposa, avec l’appui déterminant de MM Chirac et Giscard d’Estaing, l’inimaginable légalisation du « crime abominable ». Nous pensons simplement que, si nos technocrates libéraux se montrent peu sensibles aux arguments de la morale (contrairement aux socialistes qui, eux, les inversent), ils peuvent peut-être déplorer les conséquences économiques d’un déclin démographique partiellement imputable à l’avortement.

L’avortement est d’abord un facteur de chômage et de récession. Prenons des chiffres. Avant la loi Veil, il se pratiquait environ, selon les évaluations les plus sérieuses, 60 000 avortements illégaux par an. On sait que ces avortement clandestins, dont le nombre peut avoir diminué, n’ont pas disparu, alors que la loi Veil leur ajoute officiellement chaque année 180 000 avortements légaux, hypocritement baptisés IVG.

On a des raisons de croire que toutes les « IVG » ne se trouvent pas recensées, mais nous nous en tiendrons aux chiffres officiels. En restant modeste par souci d’objectivité, on peut évaluer à un minimum de 150 000 le nombre annuel d’enfants tués dans le sein de leurs mères et qui ne l’auraient pas été sans la loi Veil. Il va de soi que ce nombre se trouvera considérablement augmenté par la promotion de la « contraception » abortive et des pesticides humains comme le RU 486. Il faudra bientôt tenir compte aussi, sur le plan démographique, des enfants qui ne seront même pas conçus parce que leurs parents potentiels ont été avortés à partir de 1974.

Mais restons-en aux 150 000 morts sanglantes supplémentaires annuelles, un nombre sûrement inférieur à la réalité. Cela représente depuis 1974, première année de l’application de la loi (que, pour changer, nous pourrions appeler Chirac ou Giscard), le massacre de près de 3 millions d’enfants. Et de consommateurs. Dont la satisfaction des besoins aurait au moins freiné la récession. On estime que la naissance de 5 ou 6 enfants supplémentaires amène la création d’un emploi : il y aurait donc 5 à 600 000 chômeurs de moins sans la loi Veil-Chirac.

On a d’autre part constaté que la majorité des avortées sont des femmes mariées, désireuses de limiter le nombre de leurs enfants et de conserver leur travail : d’ailleurs, si 70% des mères d’un enfant travaillent hors de chez elles, ce pourcentage tombe à 20% pour celles de trois enfants.

Sans la loi Veil-Giscard, les mères de famille auraient libéré leurs emplois au profit d’au moins 5 ou 600 000 autres chômeurs, sans doute même davantage. On aurait même pu aller au-delà en encourageant la natalité par de substantielles allocations familiales qu’auraient permise la réduction du nombre des bénéficiaires d’indemnités de chômage. On peut dire que les allocations familiales sont, contrairement aux indemnités de chômage, productives de richesse. Nous ajouterions bien que l’on travaillerait, ce faisant, à la restauration de la famille et donc de la société, mais cette réflexion, qui irriterait les doctrinaires de gauche, n’intéresserait pas les technocrates de « droite ».

Ce qui peut les intéresser en revanche, c’est de constater le terrible vieillissement de la population dû à l’insuffisance des naissances. Aux chômeurs s’ajoute un nombre croissant de retraités pour un nombre déclinant de cotisants.

La situation ne tardera pas à devenir dramatique. Nous l’avions déjà expliqué en octobre 1989. Le docteur Tremblay a particulièrement bien étudié ce problème et montré, par exemple, que le nombre de personnes de plus de 60 ans va doubler dans les quarante prochaines années pour atteindre les 20 millions alors que le nombre, en croissance, des chômeurs dépasse déjà les 5 millions pour environs 22 millions de travailleurs cotisants (il est évident que DRD fait ici allusion au nombre de chômeurs réel et de salariés en sous-activité et non aux chiffres officiels du chômage. NDLR).

Mais, il y à pire. Un pire qui peut inquiéter une partie des élus de « droite » : le Français de souche est une espèce en voie de disparition. On sait que pour qu’une population se renouvelle, simplement, sans croissance, chaque femme doit donner en moyenne le jour à 2,1 enfants. Or, depuis des années, le taux de fécondité des Françaises tourne autour de 1,6 ou 1,7 enfants. Il faut remarquer que parmi ces Françaises figure un nombre sans cesse plus élevé de mères d’ethnies et de civilisations extérieures : des récentes naturalisées et des femmes nées en France de parents étrangers.

Si l’on tient compte de ces facteurs, on peut estimer raisonnablement que la population française de souche diminue d’au moins 300 000 personnes par an. La loi Veil a évidemment une responsabilité directe majeure dans ce déclin : les chiffres le prouvent. Son rôle indirect peut-être plus important encore : la législation du meurtre des enfants crée un climat délétère où se dissolvent les valeurs morales, fondements de la famille et de la société et facteurs de natalité. I

ll faut ajouter que le vide laissé par la disparition des Français se trouve comblé, et au-delà, par une immigration désordonnée qui, favorisée pour des motifs financiers par la « droite » libérale, s’est trouvée accrue pour des raisons idéologiques par la gauche socialiste. L’invasion est telle que l’on ne connaît même plus, à 2 ou 3 millions près, le nombre des immigrés.

De plus, une autre source d’immigration est encore plus productive : celle du ventre, puisque tout enfant né en France, serait-ce le bébé vert d’une Martienne en panne d’OVNI, est déclaré Français dès lors qu’il remplit quelques conditions de résidence (comme si le lapin né dans un poulailler devenait poulet). Or les femmes immigrées ont un taux de fécondité deux fois, et même trois pour les Maghrébines, plus élevé que celui des Françaises. On voit là que « Notre combat pour la vie », c’est aussi notre combat pour la survie de la France et des Français.

Daniel Raffard de Brienne

(Renaissance Catholique n° 24, mai-juin 1993)

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