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Saint-Siège : entretien avec Mgr Burke

L'article suivant paru, dans Correspondance européenne du mois de septembre, nous a paru particulièrement important, aussi le reproduisons-nous dans son intégralité :

Entretien avec Mgr Burke

Dans son numéro 37 (août-septembre 2008), le mensuel italien “Radici Cristiane” a publié un important entretien avec S. Exc. Mgr Raymond L. Burke, sur le thème de l’Eucharistie. Mgr Raymond Leo Burke, archevêque de Saint Louis (USA), a récemment été appelé à Rome par le Saint-Père en qualité de nouveau Préfet du Tribunal suprême de la Signature apostolique. Nous rapportons ci-dessous quelques extraits de l’entretien en question :

Q.: Excellence, il semble que prévale aujourd’hui une vision laxiste quant à la réception de l’Eucharistie. Pourquoi ? Croyez-vous que cela influence les fidèles dans leur manière de vivre en tant que catholiques ?

R.: L’une des raisons pour lesquelles je crois que ce laxisme s’est développé est le manque d’attention accordée à l’importance de la dévotion eucharistique, en particulier par le biais du culte rendu au Très Saint Sacrement dans le cadre de processions, des bénédictions du Très Saint Sacrement, au travers de l’allongement des temps d’adoration solennelle et de la dévotion des 40 heures. Sans la dévotion au Très Saint Sacrement, les personnes perdent rapidement la foi eucharistique. Nous savons qu’il existe un pourcentage élevé de catholiques qui ne croient pas en la présence du corps et du sang du Christ sous les espèces eucharistiques. Nous savons en outre qu’il existe un pourcentage alarmant de catholiques qui ne participent pas à la Messe dominicale.

Un autre aspect est la perte du sens de liaison entre le sacrement de l’Eucharistie et celui de la Pénitence. Peut-être par le passé a-t-on exagéré au point que les personnes pouvaient croire qu’elles devaient se confesser avant chaque communion. Mais désormais, les personnes vont régulièrement communier et ne se confessent peut-être jamais, ou rarement. Ce qui s’est perdu c’est le sens de notre indignité et du besoin de confesser ses péchés et de faire pénitence afin de recevoir dignement la Sainte Eucharistie.

Il faut ajouter à cela ce qui s’est développé à partir de la sphère civile, à savoir l’idée selon laquelle recevoir l’Eucharistie constituerait un droit. C’est-à-dire que comme catholiques, nous aurions le droit de recevoir l’Eucharistie. Il est vrai qu’une fois baptisés et ayant atteint l’âge de raison, nous devrions être préparés à recevoir la Sainte Communion et, si nous sommes bien disposés, nous devons la recevoir fréquemment. Mais, dans le même temps, nous ne pouvons jamais prétendre avoir un droit à recevoir l’Eucharistie.

Q : Il existe des lois de l’Eglise faites pour empêcher des conduites inadaptées de la part des fidèles pour le bien de la communauté. Pourriez-vous les commenter et nous expliquer jusqu’à quel point l’Eglise et la hiérarchie ont le devoir d’intervenir pour expliquer et corriger ?

R : Vis-à-vis de l’Eucharistie, par exemple, il existe deux canons en particulier qui sont relatifs à la digne réception du sacrement. Ils ont pour but deux biens. L’un d’entre eux est celui de la personne elle-même parce que recevoir de manière indigne le Corps et le Sang du Christ est un sacrilège. Si cette réception a lieu de manière délibérée alors que la personne est en état de péché mortel, il s’agit d’un sacrilège. Donc, pour le bien même de la personne en question, l’Eglise se doit de nous instruire en disant que chaque fois que nous recevons l’Eucharistie, nous devons au préalable examiner notre conscience.

Si nous avons un péché mortel sur la conscience, nous devons d’abord nous confesser de ce péché et recevoir l’absolution et, seulement ensuite, nous approcher du sacrement eucharistique. Bien souvent, nos péchés graves sont cachés et connus seulement de nous-mêmes et peut-être de rares autres. Dans ce cas, nous devons nous-mêmes contrôler la situation et être capables de ne pas recevoir la Communion.

 Mais il existe d’autres cas, dans lesquels des personnes commettent des péchés graves de manière délibérée et ce sont des cas publics, comme celui d’un fonctionnaire qui, en connaissance de cause et de manière volontaire, soutient des actions contraires à la loi morale divine et éternelle. Par exemple, il appuie publiquement l’avortement volontaire qui comporte la suppression de vies humaines innocentes et sans défense. Une personne qui commet un péché de cette manière doit être admonestée publiquement de manière à ce qu’elle ne reçoive pas la Communion tant qu’elle n’aura pas réformé sa vie. Si une personne admonestée de la sorte persiste dans un péché mortel public et s’approche pour recevoir la Communion, le ministre de l’Eucharistie est dans l’obligation de la lui refuser. Pourquoi ? Tout d’abord en vue du salut de la personne elle-même, c’est-à-dire pour l’empêcher de commettre un sacrilège. Mais également pour le salut de toute l’Eglise, pour empêcher un scandale de deux façons. Premièrement, un scandale concernant ce que doit être notre disposition pour recevoir la Sainte Communion. En d’autres termes, il faut éviter que les personnes puissent penser qu’il est possible d’être en état de péché mortel et de s’approcher de l’Eucharistie.

Deuxièmement, pourrait se déclencher une autre forme de scandale consistant à induire les personnes à penser que l’acte public que cette personne pose, alors que tous jusqu’alors la pensait un péché sérieux, ne doit pas l’être tant que cela puisque l’Eglise permet à la personne en question de recevoir la Communion. Si nous nous trouvons face à une personne publique qui soutient ouvertement et de manière délibérée les idées avortistes et qui reçoit l’Eucharistie, que finiront par penser les personnes communes ? Elles peuvent être portées à croire qu’il est correct d’une certaine manière de supprimer une vie innocente dans le sein maternel.

(CE 188/02 du 10 septembre 2008)

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