Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Théorie de l'évolution, bilan critique et réponse à Darwin

    Le lundi 23 février, au CNR (Conseil National de la Recherche), à Rome, s'est tenue une intéressante conférence sur l'évolutionnisme. Car contrairement aux nombreux colloques qui, ici ou là, marquent l'année Darwin (2009 en effet, voit commémorer à la fois le bicentenaire de la naissance de Darwin et le 150e anniversaire de son livre L'Origine des Espèces), il s'agissait ici non de célébrer une fois de plus la gloire du célèbre naturaliste anglais, mais d'établir un bilan critique de sa théorie.

    Au sein d'un groupe choisi de scientifiques et de philosophes, de journalistes, d'universitaires, et de représentants de l'Eglise (dont un envoyé du Conseil Pontifical pour la Culture, abbé Tomasz Trafny), des intervenants allaient se succéder, permettant de bien cerner et d'approfondir la nature et les conséquences de l'évolutionnisme.

    En introduction, le Pr Roberto de Mattei, vice-président du CNR, rappelait que l'évolutionnisme avait pris naissance comme un mouvement de refus de la Création, ce qui rend aussi difficile d'en faire une théorie acceptable par la pensée chrétienne, qu’il l’était d’accepter la théorie économique de Marx en prétendant rejeter ses présupposés matérialistes et athées. D'autre part, comment décrire chez les êtres vivants la permanence d'une “forme” spécifique, conservée au cours de la “re-production”, tout en faisant reposer la vie sur le hasard de rencontres moléculaires ou de combinaisons d'ADN, vision matérialiste qui consiste précisément, par le refus d'une finalité en acte, à nier la réalité des formes?

    Le premier intervenant fut un sédimentologiste français, Guy Berthault, dont les travaux expérimentaux réalisés notamment à l'Institut d'Hydraulique de Marseille et à l'Université du Colorado, ont été publiés par l'Académie des Sciences de France et par celle de Russie. Il a montré que les strates dans les roches sédimentaires ne résultent pas de dépôts successifs, comme on l'avait cru depuis trois siècles, mais d'une ségrégation mécanique des particules durant leur transport par des courants horizontaux et lors de leur dépôt dû aux variations de vitesse du courant. Il en résulte que la chronologie stratigraphique, fondement des chronologies géologiques (qui ont à leur tour servi à étalonner les datations par les radioéléments) est à revoir entièrement. Or les longues durées ont servi à rendre crédible une évolution qu'on n'arrivait pourtant pas à constater à l'échelle de l'histoire humaine.
    Un chercheur au Commissariat à l'Energie Atomique (France), Jean de Pontcharra, expliquait alors, sur l'exemple du potassium-argon, méthode la plus utilisée pour dater les fossiles, que bien des hypothèses faites pour transformer des analyses chimiques en dates du calendrier, ne sont pas vérifiées, ce qui a pour effet de vieillir considérablement les âges. Une lave émise lors de l'éruption du mont Saint-Helens, dans l'Etat de Washington, en mai 1980, est ainsi datée de 300 000 ans, 900 000 ans ou deux millions d'années, selon qu'on analyse la roche totale ou ses composants.

    Puis un chimiste américain, Hugh Miller, présentait les mesures au carbone 14 qu'il vient de réaliser sur le collagène d'os de dinosaures. Les dates s'échelonnent entre 20 000 et 40 000 ans, ce qui est évidemment très loin des 60 millions d'années données habituellement pour la disparition de ces grands animaux!

    Un physicien allemand, Thomas Seiler, montra ensuite comment la loi la mieux attestée en physique, le principe de dégradation de l'énergie (ou d'entropie croissante), s'opposait à l'apparition spontanée des différents êtres vivants, laquelle requiert chaque fois une augmentation d'ordre et d'information.

    Le Pr Pierre Rabischong, ancien Doyen de la Faculté de Médecine de Montpellier, sur quelques exemples tirés du corps humain, prouvait l'impossibilité d'expliquer par une genèse spontanée la complexité et l'admirable inter-corrélation de nos organes et de leurs fonctions. Il faut bien admettre un “programme” préexistant, issu d'une intelligence dont la supériorité saute aux yeux dès qu'on compare une prothèse à l'organe qu'elle tente de remplacer. Il y a pourtant des équipes multidisciplinaires qui mobilisent une grande quantité de “matière grise” derrière le moindre organe artificiel!

    En fin de matinée, le Pr Maciej Giertych, généticien à l'Académie des Sciences de Pologne, exposait quelle avait été sa surprise en découvrant que les manuels de science de ses enfants présentaient la génétique des populations, sa discipline, comme la preuve de l'évolution. Or la formation des races ou des variétés, phénomène très bien étudié sur les espèces domestiques, consiste en une réduction de la diversité du génome. C'est donc l'exact contraire d'un progrès pour l'espèce puisqu'aucune nouveauté n'apparaît. Comment se peut-il qu'une théorie considérée comme scientifique, deux cents ans après sa première formulation, n'ait à présenter comme “preuve” que l'interprétation infidèle d'un phénomène en réalité contraire à ce qu'elle affirme?

    L'après-midi fut consacrée aux aspects philosophiques de l'évolutionnisme. Le Pr Alma von Stockhausen, de l'Académie Gustav Siewert, retraçait l'idée d'évolution en remontant, non à Spencer ou encore au Deus sive Natura de Spinoza, comme on le fait souvent, mais à Luther qui, en introduisant l'idée d'une incomplétude primordiale, d'un non-être, en Dieu, est le véritable prédécesseur de Hegel et de son idée d'une autoréalisation permise précisément par l'accomplissement de la négativité. L'évolution par l'élimination du moins apte chez Darwin en fut ainsi l'application en biologie, comme la lutte des classes (avec ses destructions) fut présentée par Marx comme un progrès politique.

    Puis le Pr Josef Seifert, Recteur de l'Université du Liechtenstein, faisait un commentaire critique de différentes versions de l'évolutionnisme: la théorie darwinienne athée, matérialiste et niant une Cause intelligente pourtant manifeste; l'évolutionnisme théiste, à la manière de Teilhard de Chardin, qui appelait un surhomme biologiquement supérieur à nous et dont la conscience collective accomplirait la divinisation du monde; l'évolutionnisme limité selon lequel Dieu intervient à certains moments pour assurer le franchissements de seuils tels que la vie et la conscience, ou celle des grands embranchements vivants. Il s'agit bien de “contes de fées”, mais qu'il est impossible de réfuter par la seule philosophie.

    Hugh Owen, Directeur du Centre Kolbe (Etats-Unis), montrait sur différents exemples comment la croyance en l'évolution avait freiné la recherche scientifique en faussant le regard des chercheurs sur les êtres vivants: on est parti d'un présupposé de “non-fonction” devant les organes dont on ne comprenait pas encore le rôle, alors que l'hypothèse inverse, selon laquelle tout a un sens et un rôle, est le véritable stimulant pour la recherche. C'est ainsi que pendant vingt ans 90 % du génome a été qualifié d'ADN “poubelle” (junk DNA), simplement parce qu'on ne s'intéressait alors qu'aux séquences codant pour les protéines, soit 10 % environ. On considérait que le reste du génome était une survivance de séquences jadis utiles lors d'étapes antérieures de l'évolution, mais désormais sans fonction. On a quand même fini par découvrir que cette partie du génome jouait un rôle essentiel de régulation, mais le présupposé évolutionniste avait longtemps dissuadé les chercheurs de s'y intéresser.

    Dominique Tassot, Président du Centre d'Etudes et de Prospective sur la Science (France), présentait différentes anomalies logiques typiques des raisonnements évolutionnistes: affirmation simultanée de thèses contradictoires (comme le gradualisme chez les êtres vivants et l'existence de "sauts" dans l'évolution des animaux fossiles); emploi d'un terme confus comme celui d'évolution afin de créditer la thèse invérifiée d'une macroévolution trans-spécifique par tous les faits liés à la variabilité et aux adaptations intra-spécifiques (microévolution); extrapolation sur des durées immenses pour conclure au contraire de ce qui a été observé, etc.

    Après une discussion finale montrant le vif et profond intérêt des participants pour ce thème fondamental, le Pr Roberto de Mattei reprenait la parole en rappelant l'importance d'un débat où se manifeste bien les limites de la science et l'importance de restaurer une vision chrétienne du monde faisant au concept de Création sa place centrale porteuse d'ordre, de finalité et d'intelligibilité. En un mot de conclusion, Dominique Tassot rappelait qu'il n'aurait pas fallu demander aux scientifiques de répondre à une question hors de leur portée, comme la question des origines, ce qui était encore bien compris par les fondateurs de la science européenne jusqu'au XVIII siècle. Une société en ordre appelle l'existence d'une autorité intellectuelle supérieure, laquelle nous aurait épargné cette idéologie évolutionniste envahissant aujourd'hui tous les domaines de l'action comme de la pensée. (D. T.)

    Correspondance européenne n° 197 du 10 mars 2009

  • Les lettres martiennes

    Les lettres martiennes.jpgGastronomie

    Ma bonne amie, alors que comme nous les Terriens ne se livrent à la plupart des actes physiologiques que dans le secret de leur intimité, il en est un qu'ils ne craignent pas d'étaler en public sans la moindre pudeur : c'est l'alimentation. Il existe même des établissements spécialisés, que l'on appelle des "restaurants", où cela se fait en commun.

    Les Terriens qui m'accueillent m'emmènent parfois dans ces restaurants et j'avoue qu'une fois dissipée ma gêne j'y ai pris goût. C'est donc avec joie que j'ai accepté de me rendre dans une maison dont je ne parviens pas à prononcer le nom. "C'est un nom écossais", m'a-t-on expliqué.

    L'Ecosse est une petite région terrienne dont la cuisine jouit d'une réputation flatteuse. On y prépare de la panse de brebis farcie. "Lorsque l'on m'en a servi", m'a dit un Terrien, "j'ai cru que c'était de la merde ; quand je l'ai mangée j'ai regretté que ce n'en fût pas". C'est vous dire que la merde doit être un plat particulièrement fin et délectable. J'ai hâte d'y goûter.

    Il y à peu, l'on m'a invité dans un celèbre restaurant et je me suis régalé. Lorsque le cuisinier (un certain Bokuz, je crois) s'est approché de notre table, je lui ai dit, de mon mieux, que sa nourriture valait la merde. Je me suis retrouvé assis sur le trottoir, preuve que les artistes de la casserole n'aiment pas les compliments. Bien que de manifestation un peu rude, je prise assez cette humilité.

    Mais j'en reviens à mon restaurant écossais, qui paraît-il n'est pas écossais, mais américain, ce qui n'a pas laissé de m'inquiéter. Les Américains seraient assez primitifs, car, à en croire un Terrien, "c'est le seul peuple qui ait glissé de la barbarie à la décadence sans passer par la civilisation". Cette peuplade aurait été découverte par un certain Colomb dont le rôle paraiît controversé : il a bien agi selon les uns, mais d'après les autres il aurait mieux fait de se casser une jambe. Petite parenthèse : les Terriens n'ont que deux jambes comme vous et moi, et ce ne sont pas de petits hommes verts comme on le raconte chez nous. On en voit de toutes les couleurs. Mais pas des verts.

    Nous nous sommes donc rendus à l'établissement américain en question et là on nous a vendu très cher des petits "gadgets" en plastique. En prime on nous a remis un carton qui contenait des frites desséchées et diverses choses ni identifiables ni à première vue comestibles.

    Assez embarassé par ces objets dont l'utilité ne m'apparaissait pas, j'ai trouvé une place sur un coin de table et un bout de banquette. Et j'ai attendu le maître d'hôtel et sa carte. Je les ai attendu longtemps. En vain.

    J'ai alors regardé comment s'y prenaient les autres clients. Eh bien, il avaient perdu patience et avalaient le contenu de leurs cartons ! Ils ne paraissaient pourtant pas vraiment affamés.

    En réalité, la plupart d'entre eux étaient des enfants. Sans doute subissaient-ils une punition : "Si tu n'es pas sage, tu iras déjeuner chez..." (je n'arrive toujours pas à prononcer le nom).

    Cela semble bien sévère. Quant à l'homme qui m'avait amené là, c'est un farceur. Ca se passe comme ça chez les Terriens.

    Daniel Raffard de Brienne

    (Extrait de "Les lettres martiennes", éditions de Chiré, 1995)