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  • Le linceul dans l'Evangile

    L'objet le plus important de l'Histoire des hommes

    Enfant, j'ai vécu sous le regard de la Sainte Face. Mes grands parents, orthodoxes, l'avaient placée dans l'iconostase familiale, avec une icône de la Vierge de Kazan et un portrait de l'empereur Nicolas II.

    Peu à peu m'est venue la certitude que le Saint Suaire était un Cinquième Evangile mis "en réserve de la Foi" en attendant notre époque d'imagerie triomphante.

    Les résultats de l'enquête scientifique effectuée sur le Suaire de Turin en 1978 par quarante scientifiques de tous domaines et de toutes origines religieuses (plusieurs se convertirent au christianisme après leurs travaux) me renforcèrent dans cette assurance.

    Les menées abjectes et grotesques des lobbies et de leurs médias contre le Saint Suaire ; le recours aux armes du mensonge, du trucage et de la corruption ; la lâcheté de certains clercs achevèrent de me convaincre du caractère capital du combat pour la reconnaissance de l'authenticité.

    Ce travail est, pour l'essentiel, accompli aujourd'hui par le CIELT dons les congrès, à Paris et à Rome, furent décisifs contre "le mauvais coup de la datation".

    Je suis fier, en cette fête de la Résurrection, que Daniel Raffard de Brienne, Président du CIELT et spécialiste du Saint Suaire sur lequel, depuis des années, il a donné des centaines de conférences en Europe et dans le Monde, ait accepté de confier au "Libre Journal" une sorte de résumé des connaissances aujourd'hui acquises sur ce qui est sans doute l'objet le plus important de l'Histoire des hommes.

    Serge de Beketch

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    Le linceul dans l'Evangile

    Linceul 2.gifLe Linceul actuellement conservé à Turin entre dans l'histoire le soir de la Passion. Les trois Evangiles synoptiques rapportent en effet que Joseph d'Arimathie, ayant acheté un linceul (blanc, précise saint Matthieu), en enveloppa le corps du Christ. Le mot grec utilisé dans ces trois Evangiles est "sindôn", toile de lin. C'est le sens exact du mot "linceul". Sindôn, comme linceul, désigne secondairement une toile de lin servant à envelopper un corps.

    Saint Jean, en parlant de cet enveloppement, utilise le mot grec "othonia", que l'on a souvent traduit par "linges", un autre mot français désignant des pièces de lin. "Othonè", d'où dérive "othonion", s'applique à une toile de lin fine (comme celle du Linceul de Turin). On peut considérer qu'"othonia" désigne donc le linceul et non d'improbables bandelettes. D'ailleurs, saint Luc, parlant du tombeau vide, emploie aussi le mot "othonia" et non plus "sindôn". Ces remarques prennent leur valeur quand on aborde le fameux passage de saint Jean que l'on a généralement traduit ainsi : « Pierre entra dans le sépulcre, il vit le linge ("soudarion") qui couvrait la tête, non pas posé avec les linges, mais roulé en un autre endroit ». Les traducteurs ont longtemps pensé que le suaire, roulé à part, était le Linceul. Déjà, au VIIe siècle, saint Braulion emploiera le mot "sudarium", suaire, à propos du Linceul du Christ. En réalité, "soudarion" désigne un mouchoir ou une serviette et, s'il est « enroulé en un endroit », il n'est pas dit qu'il est à part. L'exégèse moderne a démontré que le "soudarion" était la mentonnière serrée autour du visage du Christ et restée, au matin de Pâques, enroulée à sa place entre les pans du Linceul retombé à plat. La disposition du "soudarion" montrait donc que le corps avait disparu sans que l'on ait pu l'enlever. Et ceci explique la réflexion de saint Jean à ce propos : « Il vit et il crut ».

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    Le Linceul au Proche-Orient

    Plusieurs textes antiques font allusion aux linges funéraires du Christ, mais leurs indications sont si vagues et si confuses que l'on ne peut rien en tirer qui éclairerait l'histoire du Linceul au cours des premiers siècles. Seule une phrase d'un apocryphe du IIe siècle, l'Evangile des Hébreux, montre que l'on savait à cette époque que le "sindôn" était conservé.

    L'iconographie fournit un indice important. On sait qu'aucun texte ne donne le moindre détail sur l'aspect physique du Christ. On voit dans les catacombes romaines le Bon Pasteur représenté sous la figure d'un jeune homme imberbe aux cheveux courts et bouclés. Puis apparaît peu à peu, au IVe siècle et même plus tôt, le type classique du Christ à barbe et cheveux longs. Emile Mâme y voyait l'influence de mosaïques de Jérusalem.

    Toujours est-il que, dès cette haute époque, l'iconographie du Christ prend pour modèle la face imprimée sur le Linceul. On remarquera qu'à chaque nouvelle apparition publique du précieux linge le portrait du Christ ressemblera davantage à cette face : ainsi lors de la découverte du Mandylion à Edesse au VIe siècle et lors de son transfert à Constantinople en 944. Une grave inondation ravagea en 525 la ville d'Edesse, l'actuelle Urfa, au nord de la Mésopotamie. On découvrit alors dans les ruines le Mandylion, un portrait « non fait de main d'homme » du Christ. On sait maintenant qu'il s'agissait du Linceul, « plié quatre fois » derrière un treillage d'or ne laissant voir que le visage. A l'époque, on attribua le portrait à un miracle réalisé au profit du roi Abgar avant l'an 30. On peut sans doute voir dans la légende de Véronique qui apparaîtra au VIIIe siècle. Les textes concernant le Mandylion sont nombreux, mais deux questions se posent : pourquoi et quand ?

    - Pourquoi avait-on dissimulé le Linceul sous l'aspect de ce portait ? La réponse est simple : à l'horreur héritée des Juifs pour tout ce qui se rapporte à la mort s'était ajouté, par respect, le refus de montrer le Christ souffrant. Les tout premiers crucifix ne datent que de la fin du Ve siècle.

    - Deuxième question : quand le Linceul arriva-t-il à Edesse et quand, transformé en Mandylion, fut-il caché ? On ne sait rien sur la date d'arrivée. Quant à la date où le Mandylion fut dissimulé puis oublié, elle se situe certainement avant le IVe siècle et à l'occasion d'événements particulièrement graves. On peut penser au très dur siège subi par Edesse en 260 de la part des Perses.

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    Le Linceul à Constantinople

    Linceul 4.gifEdesse tomba sous le joug de l'islam en 639 et l'Empire byzantin ne put jamais la reprendre. Toutefois l'empereur romain Lécapène mena ses troupes jusqu'aux murs de la ville en 943 et exigea de l'émir la remise du Mandylion. Le Mandylion fit son entrée à Constantinople le 15 août 944. On ne tarda pas à le déplier et à constater qu'il s'agissait du Linceul, puisqu'une homélie de Grégoire le Référendaire, récemment traduite par le R.P. Dubarle, le décrit alors en mentionnant la plaie du côté que le pliage du Mandylion dissimulait. Plusieurs textes donnent quelques détails qui permettent d'identifier le "sindôn" conservé à Constantinople avec le Linceul de Turin. On peut citer, en particulier, la chronique de Guillaume de Tyr rapportant la visite du roi latin de Jérusalem en 1171, et une harangue de Nicolas Mésaritès en 1201. Mais, là encore, les preuves les plus convaincantes sont apportées par l'iconographie avec les peintures et les mosaïques de Constantinople, de Cappadoce, de Grèce... Et aussi les monnaies et ivoires byzantins. On y note non plus seulement le visage caractéristique imprimé sur le Linceul mais d'autres particularités comme la main sans pouce et la jambe d'apparence plus courte que l'autre. Il est même amusant de remarquer que la traverse inférieure de la croix orientale, une traverse qui représente un supposé "suppedaneum" (repose-pieds), est disposée en biais pour compenser la prétendue boiterie du Christ ! Les miniatures d'un manuscrit conservé à Budapest, le codex Pray, apportent des indices supplémentaires. Les experts les estiment antérieures à 1150. L'une d'elles représente le corps du Christ étendu avec des détails propres à l'image du Linceul : la nudité, les mains croisées, l'absence de pouce. Une autre montre le Linceul avec les chevrons (très exagérés) de son tissu et surtout avec quatre petits ronds disposés en "L" et qui correspondent exactement à quatre petites brûlures rondes du Linceul de Turin. Ces brûlures, antérieures à l'incendie de 1552, étaient sans doute interprétées comme des taches de sang et, pour cette raison, reproduites avec soin tant dans cette miniature que dans un dessin de 1516 conservé à Lierre en Belgique et où les quatre ronds sont peints en rouge. A la fin de 1203, détournés de leur objectif par la rapacité des Vénitiens, les combattants latins de la IVe croisade débarquent à Constantinople en attendant de repartir pour l'Egypte. L'un d'eux, Robert de Clari, qui laissera un récit de l'expédition, en profite pour visiter la ville. Il voit dans l'église des blachernes « le sydoine (linceul) où Notre Sire fut enveloppé... On y pouvait bien voir la Figure de Notre Seigneur ».

    Mais les choses se gâtent entre les Grecs et les Francs qui conquièrent la ville en 1204 et s'y installent. Et le Linceul disparaît. Robert de Clari explique : « Ni ne sut-on onques, ni Grec, ni Flançais, ce que le sydoine devint quand la ville fut prise ».

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    Le Linceul en Champagne

    Vers 1350, le Linceul, disparu en 1204 à Constantinople, apparaît en Champagne, dans le village de Lirey, entre les mains d'un brillant chevalier et chef de guerre, Geoffroy de Charny. Faute de documents on ne sait que peu de choses sur l'histoire de la relique entre ces deux dates, sinon qu'en 1239 ou 1241 l'empereur latin de Constantinople fit parvenir un morceau du tissu à saint Louis et que, sans doute en 1266, le grand Khan des Mongols, Khoubilaï, envoya de Pékin au Pape une toile d'amiante destinée à protéger le Linceul. On sait aussi que Geoffroy de Charny acquit lui-même la relique. Rien de cela n'éclaire les pérégrinations qui ont mené le Linceul de la capitale byzantine au village champenois. On a bâti sur de frêles indices plusieurs scénarios où l'on a fait intervenir jusqu'aux secrets ou prétendus secrets des Templiers. Mais il semble que l'on s'avance maintenant vers une solution moins romanesque mais plus sûre. Une lettre de Théodore Ange au Pape Innocent III, découverte il y a peu d'années, montre qu'en 1205 le Linceul se trouvait à Athènes où l'avait apporté un croisé pilleur de Constantinople, Othon de la Roche, qui s'y taillait un duché. Il est raisonnable de penser que le Linceul resta à Athènes jusqu'à ce que le dernier héritier d'Othon de la Roche en fût chassé en 1311. Le dernier duc d'Athènes finit par se réfugier en France où, devenu connétable, il mourra, sans héritiers, avec Geoffroy de Charny à la bataille de Poitiers en 1356. Il avait certainement rencontré Charny en 1344 et en 1345, à une époque où celui-ci recherchait des reliques pour la collégiale qu'il comptait construire à Lirey en remerciement de sa libération, en 1343, des geôles anglaises. Or, Charny, malgré ses charges militaires, fit un rapide voyage en Orient en 1346 : n'allait-il pas y chercher le Saint Suaire ? En 1353, la collégiale de Lirey ouvre ses portes et les pèlerins affluent pour y vénérer le linceul, comme en garde le souvenir une curieuse médaille de pèlerinage retrouvée dans la Seine à Paris et conservée au musée de Cluny. Après la défaite d'Azincourt, la Guerre de Cent Ans tourne au désastre. Pour mettre la relique en sécurité, la dernière des Charny, Marguerite, l'abrite de 1418 à 1452 dans son château de Saint-Hippolyte, en Franche-Comté. En 1453, n'ayant pas d'enfants, elle remet le Linceul au duc de Savoie.

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    L'histoire moderne du Linceul

    Devenu en 1453 la propriété de la puissante Maison de Savoie, le Linceul accède en Europe à une grande notoriété. Des personnages illustres et de grands saints le vénéreront. Des Papes créeront une fête et une messe du Saint Suaire.

    Mais, pour commencer, il voyage beaucoup. On le voit à Verceil, à Nice, à Bourg-en-Bresse et jusque dans l'actuelle Belgique. Puis il se fixe en 1502 à Chambéry, dans la chapelle ducale de la capitale savoyarde. C'est là qu'il sera, en 1532, victime d'un grave incendie. L'argent fondu de son coffre percera tous les plis du tissu, comme le montrent les deux lignes de brûlures et les pièces qui obstruent les plus gros trous. Fort heureusement, le feu aura à peu près épargné l'image du crucifié. En 1578, les Savoie qui ont acquis le Piémont y emportent le Linceul qu'ils installent dans la cathédrale de Turin où il se trouve encore, dans une grande chapelle construite en 1694. Il en sortira plusieurs fois par siècle pour s'offrir à la vénération des fidèles au cours de grandes ostensions publiques. Le dernier roi d'Italie, Humbert de Savoie, a légué en 1983 la précieuse relique au Saint Siège.

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    Les études scientifiques

    La date du 28 mai 1898 marque le début des études scientifiques consacrées au Linceul. Ce jour-là, profitant d'une ostension publique, un photographe amateur, Secondo Pia, réussit à prendre les premiers clichés de la relique. Lorsqu'il développa ses négatifs, il eut la surprise de voir apparaitre en positif le visage et le corps d'un homme bien réel. Il lui apparut que l'image, assez laide et floue, du Linceul était en réalité le négatif photographique d'un très beau modèle. Or, la notion de négatif ne date que du XIXe siècle. Toute fabrication d'un faussaire médiéval se trouvait donc exclue et l'on se voyait contraint de conclure à l'authenticité du Linceul.

    Des adversaires, pour des raisons idéologiques, de l'authenticité se manifestèrent très vite, mais leurs travaux n'apportèrent aucun argument sérieux à la thèse du faux. En revanche, toute une série de recherches permit de résoudre maints problèmes historiques, archéologiques et iconographiques liés au Linceul. D'autre part, les travaux du docteur Barbet, fondés sur les sciences médicales, expliquèrent de nombreuses particularités de l'image. On essaya aussi, mais sans succès, d'élucider l'énigme de la formation de cette image. Une autre étape décisive fut franchie lorsque l'on put examiner le précieux tissu lui-même. De premières constatations, très positives, faites en 1973 amenèrent des savants américains de toutes disciplines à fonder le STURP, avec, pour objet, l'application des techniques de pointe à l'étude du Linceul. En 1978, les membres du STURP purent se pencher pendant cinq jours sur la relique. L'étude de leurs prélèvements et de leurs clichés leur demanda ensuite 150 000 heures de labeur et les conduisit à conclure à leur tour à l'authenticité.

    Cela ne pouvait satisfaire les ennemis idéologiques du Saint Suaire. Ils profitèrent, pour reprendre l'offensive, d'un projet de datation par le test au carbone 14. Le projet avait été adopté en 1986. Il fut discrètement mais considérablement modifié en 1987 avec la suppression de tous les moyens de contrôle. Appliqué en 1988, le test assigna au Linceul un âge médiéval qui déniait l'authenticité. Une formidable campagne médiatique proclama aussitôt que le Linceul n'était qu'un faux du Moyen Age, en se gardant de soulever le problème devenu insoluble de la formation de l'image, en se gardant aussi d'expliquer pourquoi toutes les autres recherches avaient mené à la reconnaissance de l'authenticité. La réaction ne tarda pas, menée en particulier par le CIELT. Il fut rapidement démontré que le fameux essai au carbone 14 de 1988 avait souffert de quinze irrégularités graves dont chacune suffisait à lui enlever tout crédit. Sait-on, pour prendre un seul exemple, que le poids de l'échantillon prélevé ne concorde pas avec celui des morceaux de tissu testés ? En fait, rien n'allait dans cette affaire ! Depuis, les recherches ont repris. D'autres sont programmées qui exigeront de se pencher de nouveau sur la relique quand le Saint Siège l'autorisera. Il n'est plus question de chercher à établir l'authenticité ; elle est définitivement acquise. Mais il reste à percer d'étonnants mystères.

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    Le tissu et l'image

    Le Linceul est une pièce d'un fin sergé de lin à chevrons mesurant environ 436 centimètres sur 108. On trouve des tissus antiques de facture voisine conservés dans les sables secs des déserts d'Egypte et de Syrie. Le filage et le tissage en ont d'ailleurs été exécutés avec des matériels propres à ces régions. Le mode de blanchissement témoigne aussi de l'ancienneté de la confection du Linceul. Enfin, des fibres d'un coton proche-oriental mêlées aux fils de lin confirment l'origine géographique du Linceul. L'absence, en revanche, de fibres de laine suggère une origine plus précisément palestinienne puisque la loi juive, et elle seule, interdisait l'emploi des mêmes métiers pour tisser les fibres végétales et les fibres animales. Au cours de ses pérégrinations, le Saint Suaire s'est couvert d'une couche de poussière d'origines et d'époques variées. Certaines remontent à l'Antiquité puisque le tissu n'a jamais été lavé. On trouve, par exemple, sous les pieds du crucifié des traces d'aragonite, un carbonate de calcium propre à certaines villes méditerranéennes comme Jérusalem.

    On peut observer aussi de nombreux pollens dont certains appartiennent à des espèces végétales spécifiques des régions subdésertiques du Proche-Orient et attestent le séjour du Linceul dans cette partie du bassin méditerranéen. L'étude de l'image du crucifié imprimée sur le linge apporte d'autres éléments de datation et de localisation. L'homme, jeune (30 à 35 ans), grand (environ 1m80) et bien proportionné (78 kilos), a un type sémite.

    Une longue mèche de cheveux descendant entre les omoplates est une tresse défaite qui constituait un élément de coiffure typique des coutumes juives de l'Antiquité.

    De plus, l'homme a été enseveli à la mode juive, dans la position des squelettes retrouvés à Qumrân et avec une pièce de monnaie posée sur chaque oeil, selon une habitude dont on trouve des preuves archéologiques du Ier siècle en Judée.

    Ces pièces ont laissé leur trace sur le tissu, à la suite d'un phénomène de rayonnement lié à la formation de l'image. Les numismates croient pouvoir les identifier comme des monnaies frappées par Ponce Pilate en Judée vers l'an 29. Ce point important demandera à être confirmé par de nouvelles recherches, de même que l'inscription qui, pense-t-on, se trouve au verso du Linceul, un verso qui n'est pas visible depuis qu'on l'a cousu en 1534 sur une toile de Hollande. Cette inscription aurait "bavé" à travers le tissu, ce qui permet à une analyse informatique de reconnaître quelques lettres du nom du Christ.

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    La Passion selon le Linceul

    On peut "lire" dans l'image du Linceul la Passion du Christ. Toutes les données de l'Evangile s'y retrouvent. En revanche, la représentation que l'on y voit diffère notablement de l'imagerie traditionnelle, mais elle est conforme aux connaissances médicales et archéologiques actuelles : ce serait une preuve suffisante de l'impossibilité d'un faux si l'on voulait encore en soutenir l'hypothèse. Le visage tuméfié témoigne des sévices subis chez le grand prêtre. Plus impressionnantes, des traces sanglantes couvrent tout le dos, de la tête aux pieds. Ce sont celles d'une flagellation sauvage appliquée par deux bourreaux romains, l'un à droite, l'autre à gauche. Il y eut plus de cent coups de fouet romains identifiés par la forme des plombs de leurs extrémités. Une flagellation juive se serait arrêtée à trente-neuf coups pour respecter les prescriptions de la loi. Le condamné fut coiffé d'une sorte de bonnet formé de branches épineuses entrelacées et dont les plaies de la tête permettent de reconstituer l'aspect. La couronne d'épines permettrait à elle seule de reconnaître le Christ dans ce condamné. Le portement de croix se lit dans les plaies des épaules. En fait, on ne portait pas toute la croix, trop lourde, mais la traverse horizontale qui pesait à elle seule plusieurs dizaines de kilos. Le condamné est tombé sous le poids de ce "patibulum", comme le montrent les genoux écorchés. Lors de la crucifixion, chaque poignet fut fixé par un clou à une des extrémités de la barre transversale (le "patibulum") et les pieds l'un sur l'autre par un troisième clou sur le tronc vertical (le "stipes"). On observe sur le Linceul que les clous des mains transpercèrent non pas les paumes comme on le montre traditionnellement, mais les poignets. L'erreur des représentations traditionnelles vient, d'une part, de ce que les langues sémitiques englobaient le poignet dans le mot "main" et, d'autre part, de ce que les premiers crucifix datent d'une époque où, après plus de cent ans d'interdiction du crucifiement, on ne savait plus comment il se pratiquait. Le docteur Barbet a montré que l'enfoncement du clou dans le poignet, plus précisément dans l'espace de Deltot, amenait la rétraction du pouce dans la main ; cela explique pourquoi l'image du Linceul n'a pas de pouces. La mort sur la croix était longue et affreuse. Le condamné, les bras écartés en hauteur, ne parvenait à respirer qu'en se soulevant sur le clou des pieds et en tirant sur les clous des poignets. Ne pouvant maintenir cette position atrocement douloureuse, il retombait et devait recommencer peu après. Les coulées de sang qui zigzaguent le long des bras de l'image montrent la succession de ces mouvements. Les forces du condamné diminuaient, ses mouvements respiratoires perdaient de leur ampleur et aussi de leur efficacité car le saignement et la sueur réduisaient le volume sanguin. Venait alors le moment où le condamné expirait d'épuisement et d'asphyxie. C'était le vendredi soir. Il fallait descendre les condamnés des croix avant le Sabbat et, pour cela, éventuellement les achever. Le crucifié du Linceul était mort. Pour le vérifier, on perça d'un coup de lance son côté droit et il en sortit, visible sur le tissu, un flot de sang et d'eau, comme dit saint Jean. En fait : un flot de sang et de sérosités venues d'oedème de la plèvre et du péricarde causé par l'extrême souffrance. A cause de l'approche du Sabbat, le corps fut rapidement descendu de la croix et étendu dans son Linceul sans être embaumé ni même lavé. Le tissu montre aussi qu'il n'y séjourna que peu de temps, car on ne voit aucune trace de décomposition.

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    Le mystère de l'image

    Que le corps du Christ, que l'on avait pas eu le temps de laver, ait laissé sur le Linceul de nombreuses taches de sang ne saurait surprendre. D'ailleurs ce sang ne pose pas de problèmes essentiels : il s'agit bien de sang humain dont on retrouve tous les composants, avec une proportion de bilirubine fortement augmentée par d'intenses douleurs. Mais il ne suffit pas de mettre un corps dans un tissu pour qu'il y laisse sa photographie. Le véritable mystère du Linceul, c'est la formation de son image. Pierre d'Arcis au XIVe siècle, Calvin au XVIe siècle, bien d'autres depuis ont naturellement pensé qu'il pouvait s'agir d'une peinture. Les dernières recherches ont définitivement éliminé cette hypothèse : outre que le dessin en négatif et sans contours est irréalisable, il n'y a trace d'aucun pigment colorant ou peinture. On a songé aussi au contact naturel ou accidentel de produits liquides ou gazeux : les nombreux essais ont tous échoué, car aucun n'a pu rendre le modèle du dessin. On connaît maintenant la nature de l'image. Il s'agit d'une roussissure. Une brûlure très légère et très superficielle qui n'affecte que le sommet des fibrilles des fils de lin. Et, chose étrange, la roussissure est aussi superficielle dans les endroits foncés que dans les endroits clairs : la différence de ton vient de ce qu'il y a plus de fibrilles roussies au centimètre carré aux endroits foncés. C'est une sorte de tramage. Autre particularité étrange : le dessin est tridimensionnel. Un appareil de la NASA 8 qui transforme les intensités lumineuses en distances, a donné une image en relief de la photographie de l'homme du Linceul. Aucun autre portrait photographique, obtenu normalement par la réflexion de la lumière sur le sujet, ne donne un semblable cliché en relief sans déformation. Il faut donc que, dans le cas du Linceul, la lumière qui a produit la roussissure soit venue du sujet lui-même. D'autres constatations, portant en particulier sur le fait que les masses musculaires du côté dorsal ne sont pas écrasées par le poids du corps ou sur le fait que le dessin du côté facial ne porte aucune déformation due au poids du tissu épousant les reliefs du corps, donnent à penser que la loi de la pesanteur s'est trouvée suspendue. On remarque aussi, alors que le sang des multiples plaies a adhéré au tissu, qu'il n'y a sur toute la surface du corps, et contre toute vraisemblance, aucun arrachement ni au niveau des fibres textiles ni à celui des caillots.

    Conclusion : on n'a pas retiré le corps du Linceul ! Alors ? Alors, si l'on rapproche tous ces faits entre eux on ne peut émettre, pour l'instant, qu'une seule hypothèse : le corps mort a, à un moment donné, émis un rayonnement très bref et puissant et est passé à travers le Linceul. Nous nous trouvons devant des faits objectivement constatables mais dont aucune loi connue de la nature ne peut rendre compte. Ne sommes-nous pas contraints d'envisager l'hypothèse du miracle de la Résurrection ?

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    Les faux Linceuls

    On rencontre, au cours de l'Histoire, un certain nombre de faux Suaires. En bien des cas, ils ont dû naître de la pieuse coutume de montrer ou de promener en procession, le Vendredi Saint, un linge qui jouait le rôle du Linceul. La ferveur populaire aura tôt fait de lui attribuer une authenticité à laquelle il ne prétendait pas. Le plus connu de ces faux Linceuls fut celui de Besançon, détruit en 1794, le seul d'ailleurs qui portait une image du crucifié. Il est probable que cette image, assez laide, avait été grossièrement imitée de celle du vrai Linceul, qui séjourna dans la région au XVe siècle. Il survit actuellement un faux Saint Suaire à Cadouin en Périgord. Il s'agit d'une étoffe orientale du Moyen Age, sans doute rapportée d'une croisade.

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    Le Portrait du Christ

    Ni les Evangiles, ni aucun texte ancien ne donnent la moindre indication sur l'apparence physique du Christ. On ne peut donc s'étonner de voir, dans les plus anciennes peintures de Rome, le Bon Pasteur représenté comme un jeune homme imberbe aux cheveux courts et bouclés. Mais, assez vite, dès le IVe siècle au plus tard, commence à s'imposer en Occident le portrait classique du Christ portant barbe et cheveux longs. Emile Mâme voyait là l'effet d'une influence orientale, voire palestinienne. On doit y voir plus précisément l'influence de l'image du Linceul, alors conservé en Orient, et qui nous transmet le seul portrait authentique, exact et l'on peut même dire photographique, du Christ. On peut affirmer que, depuis l'Antiquité, toute l'iconographie du Christ s'inspire de la face imprimée sur le tissu. Vignon, puis Wilson, ont relevé sur la face du Linceul une liste de quinze particularités dont on retrouve toujours au moins quelques-unes aussi bien dans les monnaies de Constantinople que dans les icônes et mosaïques byzantines ou les peintures de Cappadoce. Par exemple : les cheveux longs, le nez fin et allongé ou la barbe à deux pointes. Certains points de ressemblance, parfois étranges, ont été scrupuleusement reproduits par les artistes qui n'en comprenaient pas la signification. Par exemple : les yeux globuleux, dont l'aspect vient en réalité des monnaies posées sur les paupières ; ou un triangle à la base du nez venant du fait que l'image est un négatif (ce que l'on n'a compris qu'en 1898) ; ou encore la coulée de sang du front que l'on a prise pour une petite mèche de cheveux à deux pointes (on n'a découvert qu'au Xe siècle que le portrait d'Edesse était celui du Christ souffrant et ensanglanté).

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    Qu'est-ce que le CIELT ?

    La fondation du Centre international d'études sur le Linceul de Turin est une conséquence inattendue du fameux test au carbone 14 de 1988 selon lequel le Saint Suaire aurait été confectionné au Moyen Age. Cette datation contredisait les résultats les plus sûrs des recherches scientifiques antérieures. Elle parut donc invraisemblable à un groupe de chercheurs qui, sous la direction d'André Van Cauwenberghe, réunit à Paris en septembre 1989 tous les spécialistes du monde, y compris les auteurs de la datation au C 14. Ce premier symposium international mit en évidence de graves anomalies qui enlevaient tout crédit au test de 1988. Et le CIELT était né. Le CIELT a réuni à Rome, en juin 1993, un second symposium international qui, d'une part, a mis un point final à l'affaire du C 14 (dont les acteurs, dûment invités, se sont prudemment abstenus de venir) et, d'autre part, a fait connaître les dernières recherches sur le Linceul. Un troisième symposium international se réunira en 1998. En attendant, le conseil scientifique du CLELT continue ses travaux et passe au crible de la science les nouvelles hypothèses. Et le CIELT publie, l'intention de toutes les personnes intéressées, une Lettre mensuelle qui fait en permanence le point sur tout ce qui concerne le Linceul (CIELT, 50 avenue des Ternes, 75017 Paris).

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    La datation au carbone 14

    On a tant parlé de la datation par le carbone 14 qu'il semble utile de donner quelques explications sur le principe de cette méthode née dans les années 60 et sans cesse affinée depuis. Le C 14 est un carbone radioactif qui, comme tout corps radioactif, renferme dans le noyau de ses atomes des neutrons surnuméraires. Ces neutrons tendent à s'échapper en produisant un rayonnement et les atomes deviennent stables. Or, la vitesse avec laquelle ce phénomène se produit est statistiquement constante : on sait que la moitié du C 14 cesse d'être radioactive et devient de l'azote en 5 730 ans. La méthode de datation repose sur cette vitesse de dégradation. Le C 14 se forme par la collision en haute atmosphère entre les rayons cosmiques et des atomes d'azote. Ce C 14, comme ses isotopes non radioactifs, se combine avec l'oxygène pour donner le CO2 que respirent les végétaux. Par l'alimentation, le C 14 passe ensuite dans tous les corps vivants, en même proportion que dans l'atmosphère. Lorsque les tissus meurent, le carbone normal subsiste alors que le C 14 continue a se dégrader sans être remplacé. Pour calculer l'ancienneté d'un tissu mort, il suffit donc de mesurer la proportion de C 14 restant par rapport au carbone stable. La méthode est sûre mais très délicate : il n'y a dans l'atmosphère qu'un atome de C 14 pour mille milliards d'atomes de carbone stable ! Une fois soigneusement éliminées les causes d'erreur, on peut obtenir une datation approximative sérieuse. Mais l'échantillon testé se trouve détruit.

    Daniel Raffard de Brienne


    Le site Le Libre journal a publié, le 19 avril, cet important article de Daniel Raffard de Brienne, paru dans le journal Le Libre journal de la France courtoise n°65.

     

     

  • Joyeuse fête de Pâques

     

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    Noli me tangere

    Oeuvre de Laurent de la Hyre (1656) représentant la première apparition du Christ après sa résurrection.

    Le Noli me tangere est tiré de l’Évangile de Jean : le matin de Pâques, Marie-Madeleine se rend au tombeau du Christ et le trouve vide. Jésus l’appelle alors par son nom. Elle le reconnaît et se précipite vers lui, mais Il lui dit : « Ne me touche pas », noli me tangere en latin.

  • Vendredi Saint

     

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    Jésus avait dit : non capit prophetam perire extra Hierusalem,1 et pour cela même la station de ce jour se célèbre à Rome dans la basilique Sancta Hierusalem où, autrefois, le Pape se rendait nu-pieds, la procession partant du Latran. Durant le chemin, il agitait un encensoir fumant, plein de parfums précieux, devant le Bois de la Sainte Croix soutenu par un diacre, et le chœur chantait le psaume 118 : Beati immaculati in via. En signe de profonde tristesse, ce jour était originairement a-liturgique, et pendant plusieurs siècles les Papes maintinrent inviolé l'antique usage romain qui voulait que fut exclue de ce jour même la messe des Présanctifiés. Le rite actuel était toutefois en vigueur dans les églises Titulaires de Rome au moins dès le VIIIe siècle.

    L'adoration du Bois de la Sainte Croix le Vendredi Saint dérive de la Liturgie de Jérusalem, où elle était déjà en usage vers la fin du IVe siècle. Aussi, pendant longtemps et même en occident, cette adoration constitua comme la cérémonie la plus importante, le point central vers lequel convergeait toute la liturgie de la sainte Parascève. Ecce lignum Crucis : voici le bois de la Croix : c'est le commencement de la parousie du divin juge, et à l'apparition de l'étendard de la Rédemption, tandis que l'Eglise se prosterne dans un acte d'adoration reconnaissante, les puissances infernales épouvantées s'enfuient déjà dans l'abîme. Au moyen-âge, à Rome, le reliquaire papal de la Sainte Croix était aspergé de parfums, pour indiquer la suavité de la grâce qui s'exhale du Bois triomphal.


    1 "Il n'est pas permis qu'un Prophète soit mis à mort hors de Jérusalem" (Luc., XIII, 33).