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Droit vers l'azur

5eb3014799c2d28f7abba96dda663f81.jpgDans son dernier livre, Droit vers l'azur. Souvenirs, préfacé par Vladimir Volkoff (Editions Consep, Paris 2003), Daniel Raffard de Brienne retrace sans indulgence ni sentimentalisme le long itinéraire de sa vie, avec un goût du détail et de la précision qui manifeste le profond sérieux de son inspiration d'écrivain.

Les Souvenirs entrent pour ainsi dire dans le vif quand, arrivé au XIVe chapitre, l'auteur annonce : "Une fois libéré des soucis professionnels, je vais me consacrer presque entièrement à lutter contre la désintégration de l'Eglise et de la société". Ce sont les années qui suivent immédiatement le Concile Vatican II, un événement qui a laissé des dévastations profondes dans la vie de l'Eglise et de la société. Raffard de Brienne n'est pas demeuré insensible au désastre.

Il est l'un de ces hommes encore capable d'indignation, même s'il cache la force de ses sentiments derrière le voile de l'ironie. Il se jette dans la mêlée comme acteur, imprimant un rythme vertigineux à ce qui, pour la majeure partie des hommes de son temps, représente l'âge tranquille de la retraite. Conférencier à succès, auteur de livres et de brochures vendus à des dizaines de milliers d'exemplaires, doué d'un style brillant et de la capacité de vulgariser les thèmes philosophiques et théologiques les plus difficiles, il parcourt la France et l'Europe dans tous les sens et se démontre bientôt comme une figure importante des écrivains catholiques contemporains.

Sa nomination à la Présidence de l'Association des écrivains catholiques de langue française et à celle du C.I.E.L.T., l'association d'étude du Saint Suaire, couronne son engagement intellectuel. En trente années de militantisme, sa biographie s'entrelace avec celle du monde traditionaliste, à l'intérieur duquel il se meut avec prudence mais également avec une suprême indépendance, prenant la mesure de ses vertus et de ses faiblesses humaines. "C'était - rappelle-t-il -  comme marcher sur l'arête d'un toît" (p. 225).

Sous l'aspect de l'intérêt historique pour le lecteur, Daniel Raffard de Brienne aurait pu commencer son livre page 219, taillant la première partie et étoffant la seconde. Il est appréciable qu'il ne l'ait pas fait. Il n'a pas voulu écrire les mémoires d'un traditionaliste mais celles d'un homme de son temps, dont la vie de famille et professionnelle est inséparable de son militantisme traditionaliste.

En écrivant cette oeuvre, Raffard de Brienne a accompli un acte de courage intellectuel. A une époque qui veut se débarasser du passé afin de s'immerger dans le présent et dans l'éphémère, proposes les souvenirs de sa propre vie est un acte par lequel l'auteur s'oppose au totalitarisme de la pensée unique qui refuse tout ce qui est patrimoine personnel, à commence par l'identité et la mémoire.

La signification des Souvenirs de Daniel Raffard de Brienne est résumée par ces mots tirés de sont introduction : "Je pense qu'il est du devoir de chacun de faire connaître ce qu'il a su du passé". L'accomplissement consciencieux des devoirs de la part de chacun, au niveau familial, professionnel mais également public, religieux et moral est le fil conducteur d'une vie menée à l'enseigne de la cohérence qui devient en elle-même une valeur à transmettre".

Correspondance européenne n° 122/06 du 20 novembre 2004

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