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  • Pour aider Danèle de Beketch

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  • Bibliothèque

    27683554.gifDaniel Raffard de Brienne avait constitué, tout au long de sa vie, une bibliothèque considérable. Bien entendu l'essentiel en est conservé par ses enfants qui ne pourront cependant tout garder, ne serait-ce que pour des conditions d'espace.

    Petit à petit, au fil des mois qui viennent, nous enrichirons la liste qui suit des livres et périodiques à céder à ceux qui peuvent être intéressés. Les offres pourront être faites à l'adresse : arnaud0306@hotmail.fr

    Revues périodiques

    • Importante collection de "L'intermédiaire des chercheurs et curieux" :

    - Années 1951 à 1960, n°1 à 117 + table décennale 1951 à 1960

    - Années 1961 à 1970, n°118 à 237 + table décennale 1961 à 1970

    - Années 1971 à 1980, n°238 à 357

    - Années 1981 à 1986, (année 1986 sans reliure mobile)

  • Le dictionnaire des Reliques de la Passion

    803115325.JPGDaniel Raffard de Brienne alors président de l'Association des Ecrivains Catholiques de langue française a réuni ici l'ensemble des informations connues et parfois inédites concernant les principales reliques de la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ : Linceul de Turin, Lance de Saint Longin, Tunique d'Argenteuil, Couronne d'épines, Saints clous...

    Un index des noms de personnes et de lieux fait de cet ensemble un précieux outil de recherche sous forme alphabétique et encyclopédique.

    Voici donc la synthèse d'une abondante documentation aux interprétrations parfois diverses et contradictoires, réalisées dans une double fidélité aux exigences de la science et de la Foi.

    Editions de Paris

  • Faut-il combattre les sectes ?

    L'actualité récente pose à nouveau la question de l'implantation des sectes en France et de leur degré de nocivité. Emmanuelle Mignon, proche du président de la République a provoqué un beau tollé en affirment qu'"en France, les sectes sont un non-problème". Outre que la polémique ainsi lancée semble totalement artificielle et attisée uniquement pour de viles raisons politiciennes, elle ne permet pas non plus d'aborder sereinement ce délicat problème qui mérite beaucoup mieux que les empoignades stériles qui ont un instant fait la bonne fortune des medias.

    Mais au fond, qu'est-ce qu'une secte ? Quels sont les critères suffisants et necessaires pour qualifier une organisation humaine de secte ?

    Dans un article pour Renaissance Catholique, Daniel Raffard de Brienne livre quelques réflexions qui ont le mérite de clarifier un peu le débat.

    Faut-il combattre les sectes ?

    Un récent reportage télévisé montrait le Mandarom, un groupe religieux qui, sous la houlette d'un gourou libidineux, enlaidit les Alpes provençales d'un temple en construction et de statues immenses. L'actualité ne cesse ainsi de dévoiler de fort étranges sectes dont certaines défraient la chronique judiciaire : on se souvient des procédés financiers très discutés de l'église de Scientologie ou de l'apostolat par la prostitution des Enfants de Dieu.

    Cette actualité peut même se révéler tragique. En mars 1993, au Texas, la secte Waco disparaissait dans les flammes et dans le sang, avec l'aide de l'armée américaine. Ce ne sont là que des cas extrêmes qui montrent à quelles aberrations peut mener le phénomène de sectes. Beaucoup plus préoccupante nous paraît l'extension de ce phénomène. C'est ainsi qu'en 1988 soixante millions de Sud-Américains étaient déjà passés aux sectes et que les principales villes de Colombie, pays naguère catholique en presque totalité, possédaient plus de temples que d'églises.

    Qu'est-ce qu'une secte ?

    On imagine mal le nombre de groupes religieux ou quasi-religieux que l'on peut recenser. On y voit de tout : les diverses religions et leurs déviations, les cultes orientaux, la sorcellerie, le satanisme, la gnose, toutes les philosopies, tous les modes de vie, le Nouvel Age, les Rose-Croix,la Franc-Maçonnerie... Il existe dans cet ensemble hétéroclite des points de convergence. Mais, chose curieuse, certains groupes sont bruyamment qualifiés de "sectes" alors que les autres ont droit au respect ou, mieux, au silence.

    Dans ces conditions, une question s'est immédiatement imposée à nous : : comment définir les sectes ? Qu'est-ce qu'une secte ? On ne peut songer à combattre un adversaire que l'on n'est pas capable de reconnaître et de désigner.

    Or il n'existe aucune définition sûre et indiscutable de la secte et, chose pire, cette définition ne peut même pas exister : tout ce que l'on peut dire, c'est que le mot secte a une résonance péjorative et qu'on l'emploit ou non selon que l'on veut discréditer ou préserver un groupe quelconque. Nous continuerons néanmoins à utitliser ici ce mot par simple commodité.

    Les critères de la secte

    Faute d'une véritable définition et dans la nécessité de reconnaître l'adversaire à combattre, nous avons essayé de répertorier les critères que l'on attribue généralement aux sectes. Les voici.

    L'existence d'un gourou : gourou est aussi un mot que l'on utilise avec une intention dénigrante. On l'emploie pour signifier que toute secte suit un maître à penser. Il ne peut y avoir de secte sans, à l'origine, un maître. Mais c'est aussi vrai de toute religion et même de tout parti ou de tout mouvement. Les Chrétiens ne suivent-ils pas le Christ ?

    On a découvert que les gourous de certaines sectes étaient des profiteurs, des hommes de moeurs douteuses. Ce n'est évidemment pas le cas de tous les fondateurs de religion. Mais que penser de Mahomet entouré de nombreuses femmes et concubines ? De Luther qui décrivait lui-même son ivrognerie et ses débauches ? De Calvin que Théodore de Bèze disait "enfoncé dans la boue" ? Ce ne sont sont pas les moeurs qui distinguent les gourous de autres maîtres à penser.

    Est-ce la géographie ? On voit en effet honorer à l'excès Gandhi, qui fut un gourou hindou : est-ce parce qu'il est resté aux Indes ? Comment l'aurait-on jugé s'il avait exercé en Occident ? De même on vilipende volontiers les marabouts et les sociers qui organisent des sectes chez nous. Mais, à la foire aux religions d'Assise, on accueillit à égalité avec le pape les "prêtres" animistes et chamanistes.

    Ou bien y à-t-il un problème d'opportunité ? Les sectes d'origine orientale sont mal vues, mais le Dalaï-Lama est reçu partout triomphalement jusque dans l'assemblée des évêques de Lourdes. Sans doute parce qu'il habite en Orient, donc loin, mais sûrement aussi pour des raisons politiques. Le "révérend" Moon, lui aussi chef d'un groupe religieux important et résidant en principe en Orient, est traité avec mépris : n'est-ce pas à cause de son anticommunisme de droite ?

    Le critère "gourou" est donc loin d'être concluant.

    Un doctrine religieuse déviante : en réalité, toute doctrine religieuse est considérée comme déviante par rapport à d'autres. Le judaïsme ne donsidère-t-il pas l'Islam et le christianisme comme des schismes hérétiques ? Les innombrables groupes protestants n'ont-ils pas une commune origine dérivée du catholicisme ? On remarquera à ce sujet que, selon leur importance ou leur ancienneté, on parle d'"églises", de "confessions" ou de "sectes" protestantes.

    Le mot secte sert-il donc à désigner les groupes religieux petits ou récents, quelle que soit leur doctrine ? Si oui, à quel degré de développement et à quelle date un groupe cesse-t-il d'être une secte pour devenir une église ? On se souvient que le christianisme était bien jeune et bien petit le jour de la Pentecôte ; d'aucuns le qualifient d'ailleurs de "secte qui a réussi".

    La nouveauté ou le peu d'extension d'une doctrine religieuse ne peuvent donc suffire à caractériser une secte. Son contenu non plus. Certes, bien des croyances prêchées par les "sectes" paraissent aberrantes, absurdes et profondément ridicules. Mais n'est-ce-pas peu ou prou, l'opinion de tout incroyant à l'égard de toute croyance ? De plus, certains groupes sectaires n'ont pas de doctrine véritablement religieuse ou refusent d'en avoir. C'est la cas de la Franc-Maçonnerie, déiste ou athée, des groupes rationalistes ou matérialistes, des bouddhistes, des communautés hippies, à part un vague orientalisme. Même le Temple du Peuple, suicidé en Guyane, avait plus d'attaches marxistes que religieuses. Le seul critère en matière religieuse est celui de la vérité : est seule vraie la doctrine conforme à la réalité. Mais cela dépasse largement le problème des sectes.

    Des rites étranges ou même ridicules : on sourit à la vue de bonzes en robe safran dans nos rues ou celle de disciples de Krishna dansant sur nos places. On n'en sourit pas quand on les voit en Extrême-Orient : on les y trouve sans doute étranges par rapport à nous, mais non par rapport à leurs traditions et aux modes de vie de leur pays.

    Les rites s'inscrivent dans des cultures et correspondent à des croyances exprimées dans ces cultures. Il n'y à donc pas lieu de les juger indépendamment de ces croyances et de ces cultures.

    On peut en revanche s'interroger sur des rites extravagants et artificiels sans rapport avec le milieu culturel où ils sont créés.

    Les plus ridicules à cet égard pourraient bien être les rites initiatiques de la Franc-Maçonnerie. Dans ce cas comme dans d'autres, la recherche du bizarre, et parfois de l'humiliant, a pour objet, non un culte, mais la prise de contrôle d'initiés ou de fidèles coupés de leurs références.

    En revanche, les liturgies latines et grecques dont, il va sans dire, le but est tout autre, tirent leur beauté de rites chargés de symboles et venus du fond des âges. La récente "réforme liturgique", en coupant la liturgie catholique de ses racines, a rendu ridicules les traces qu'elle en a conservées : seule la suppression de la liturgie aurait répondu aux tendances actuelles du "monde". Quoi qu'il en soit, le critère "rites" ne paraît pas plus sûr que les précédents.

    Un recrutement et un endoctrinement fallacieux : on reproche à beaucoup de sectes de recruter leurs adeptes en les "embobinant". Et certes beaucoup de gens s'engagent sans avoir une connaissance complète de ce qui les attend. Mais là aussi, en dehors des cas extrêmes, le critère reste bien imprécis et relatif. S'engage-t-on dans l'armée, dans une profession ou même dans le mariage en pleine connaissance de cause ? Sans doute, mais dans bien des cas, à l'exemple des sergents recruteurs de jadis, les "convertisseurs" font naître des expoirs excessifs ou dissimulent des invonvénients. Sur le plan des sectes, l'exemple le plus choquant est encore celui de la Franc-Maçonnerie où, du fait du secret interne, on ne révèle les véritables buts de l'organisation qu'au fur et à mesure de la progression des affiliés vers les hauts grades.

    Une fois engagés, les adhérents des sectes sont les sujets, dit-on, d'un endoctrinement habile et systématique. Certaines sectes iraient plus loin et, en procédant à des "lavages de cerveaux" pourraient forcer les consciences. Mais n'est-ce pas ce que font les "déprogrammeurs" qui se chargent de désintoxiquer les gens, même non consentants, même adultes, que l'on fait sortir des sectes ?

    Le refus des règles sociales : on reproche aux sectes, et surtout à celles qui vivent en communautés, de se replier en cercles fermés, de se couper de la société civile, voire d'en refuser les règles. Mais ne pourrait-on faire le même grief à tous les monastères ? Des malveillants ne pourraient-ils pas appliquer ce critère et tous ceux qui précèdent aux ordres et congrégations catholiques ? La différence, dira-t-on est que le catholicisme recommande la soumission aux lois du pouvoir temporel : "Rendez à César ce qui est à César". Et, de fait, l'Eglise ne conteste ni les impôts ni le service militaire, alors que certaines sectes, les Témoins de Jéhovah par exemple, enseignent l'objection de conscience ou même le refus du statut d'objecteur.

    La différence n'est cependant pas si grande qu'il y paraît. Les catholiques acceptent bien, en effet, les lois conformes au droit naturel et compatibles avec l'exercice de la religion, mais ils refusent les lois antireligieuses, la législation de l'avortement...

    Des pratiques immorales ou contraires au bien commun et aux lois naturelles : à première vue ce critère pourrait permettre de reconnaître DES sectes à défaut de définir LES sectes. Or il ne conviendrait même pas à cette tâche limitée, à moins de classer parmi les sectes tous nos gouvernements des dernières décennies.

    En résumé, il est facile d'appliquer tous ces critères à une secte comme le Mandarom. Mais on constate que, pris ensemble ou séparément, il n'ont qu'une valeur relative, que leurs limites sont indéfinissables, qu'ils ne peuvent pas servir à distinguer clairement ce qui est une secte de ce qui ne l'est pas.

    Faut-il combattre les sectes ?

    A une question formulée de façon si générale, on ne pourrait répondre que négativement, car il n'est pas possible de combattre un ennemi que l'on ne sait pas reconnaître. Vouloir combattre globalement les sectes par une loi spéciale ouvrirait la porte aux abus et à tous les dangers. Di en effet l'on adoptait une telle loi, son application amènerait le pouvoir civil à désigner arbitrairement les groupes à ranger parmi les sectes. Dans l'état politique actuel de la France, on parierait sans crainte que la Franc-Maçonnerie serait épargnée alors que l'Eglise catholique serait plus ou moins rapidement attaquée, groupe par groupe, tendance par tendance. On peut même tenir pour assuré que les promoteurs d'une répression globale des sectes visent en réalité, à terme, le catholicisme. Pourtant, même si le concept de secte reste flou, il existe bien un phénomène sectaire inquiétant. Est-on réduit à l'accepter passivement ? Répondons d'abord que les pouvoirs civils, responsables de l'ordre doivent jouer leur rôle. Il leur appartient de réprimer les crimes et délits dont certaines sectes peuvent se rendre coupables : coups et blessures, attentats à la pudeur, drogue, séquestrations, abus de confiance, délits financiers... Il n'est pas besoin de lois spéciales pour cela, car l'Etat dispose d'un arsenal répressif suffisant.

    La nécessaire surveillance des pouvoirs publics ne concernent pas le fond du phénomène sectaire qui repose sur des croyances religieuses ou au moins des choix philosophiques. Un Etat catholique, garant de l'unique vérité et soucieux du salut des âmes, devrait intervenir à ce niveau. Un Etat qui se veut neutre, laïque et défenseur de la liberté de penser, n'en a absolument pas le droit.

    C'est à l'Eglise qu'il appartient de remédier au phénomène sectaire en prêchant et répandant la vérité. Le développement de ce phénomène doit beaucoup à son collapsus conciliaire : beaucoup de fidèles, déroutés par des nouveautés désacralisantes, privés de leurs certitudes remplacées par le laisser-aller oecuménique et le relativisme doctrinal, ont cherché dans les sectes le réconfort, les repères et la transcendance dont on les privait.

    Les sectes reculeront quand l'Eglise, offrant de nouveau les trésors de la Tradition, reprendra sa mission apostolique trop souvent abandonnée : "Allez, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit".

    Daniel Raffard de Brienne

    Renaissance Catholique n°29, mars-avril 1994

  • Les charismatiques après la fête

    112d336c21d83417612af274f22d6b4e.jpgDans cet ouvrage sur le mouvement charismatique, Daniel Raffard de Brienne démontre les dérives et dangers de cette mouvance chrétienne dont beaucoup parlent et que bien peu connaissent réellement. Sans esprit de dénigrement mais avec parfois de redoutables pointes d'humour, il nous livre une analyse sans concession de cette pratique aujourd'hui fort répandue.

    Dans Monde et Vie de janvier 2002, année de la publication de l'ouvrage, Michèle Reboul en fait une recension très didactique dont l'intérêt demeure entier quelques années après.

    "Daniel Raffard de Brienne intitule son dernier livre parue dans la collection "Objections" des éd. Servir, fondées par l'abbé de Tanouärn, de la Fraternité St Pie X, Les charismatiques après la fête (1). son livre, de vulgarisation, est un résumé simple et clair, sur le sujet et sur l'apparition charismatique de Medjugorje.

    Pourquoi ce titre bien choisi, "Les charismatiques après la fête" ? Parce que les fausses lumières n'éclairent pas et que les charismatiques ont choisi le clinquant, les paillettes et l'extériorisation du sensible, de l'affectif, au détriment de la Vraie Lumière qui ne se fait connaitre que de nuit, dans la nuit de l'âme et des sens. Saint Jean de la Croix disait dans "la nuit obscure" : "Plus la lumière et la clarté de Dieu sont élevées, plus elles sont ténèbres profondes pour l'homme" (cité p.100 dans St Jean de la Croix et la nuit mystique, d'Yvonne Pellé-Douel, coll. Maîtres spirituels, Seuil).

    Les origines du Renouveau charismatique

    Dans ses deux premiers chapitres, "Le Renouveau charismatique face à l'histoire de l'Eglise" et "Le Renouveau charismatique et la mentalité contemporaine", R. de Brienne montre que si le pentecôtisme, dit "catholique" (premier nom du mouvement charismatique) a commencé en 1967, donc après le concile Vatican II (1962-1965), c'est à la fois par réaction et par conséquence naturelle, logique. Le charismatisme est, en effet, une réaction contre ce que R. de Brienne ne craint plus d'appeler "le saccage de la liturgie" (p.23), accompagné par une relativisation des vérités de la foi, une religion "démythifiée, c'est-à-dire débarassée autant qu'il est possible du surnaturel" (p.25). C'est aussi une conséquence logique de la liberté religieuse et de l'oecuménisme prônés au Concile. L'abaissement doctrinal de l'Eglise conciliaire est tel que cela ne la gêne pas du tout - mais lui plaît au contraire - que le charismatisme, le mouvement le plus important de l'Eglise actuelle et le plus loué, avec l'Opus Dei, par Jean-Paul II, provienne non seulement du protestantisme mais d'une déviation de celui-ci : le pentecôtisme, lui-même dérivé du baptisme.

    Car le pentecôtisme a été fondé en 1906 par des baptistes et un pasteur méthodiste, Charles Parham. Il appelle son mouvement "pentecôtisme, car il veut réveiller les dons que l'Esprit Saint a communiqués en plénitude aux apôtres le jour de la Pentecôte. Outre que c'est refuser à Dieu d'être le libre auteur de ses dons, propres à chacun, faire croire qu'il peut y avoir une "nouvelle Pentecôte" comme le voulait Marthe Robin avec Jean XXIII, c'est penser que l'unique Pentecôte était insuffisante, comme sont insuffisants, pour les charismatiques, le baptême et la confirmation, puisqu'il faut les revivifier par le "baptême de l'Exprit".

    Les pentecôtistes pratiquent, comme les protestants, la libre interprétation de la Bible, alors que dans la véritable Eglise, celle d'avant Vatican II, seul le magistère de l'Eglise était garant de la Vérité et donc du sens de la Bible, de la Révélation. Mais ils en diffèrent par leur croyance au "baptême de l'Esprit" qu'ils conçoivent comme une nouvelle Pentecôte et dont la réception est confirmée par différents charismes : don des langues, de guérison, de prophétie, etc.

    Tout commença au début de 1967 où quatre laïcs, dont deux professeurs de la faculté théologique de l'université Duquesne à Pittsburg aux USA, Ralph Keller et Patrick Bourgeois, demandèrent à recevoir par des pentecôtistes, un baptême dans l'Esprit. Ils avaient lu l'année précédente un livre où K. et D. Ranaghan en parlaient (Le retour de l'Esprit), éd. du Cerf, 1974) et crurent, comme ces auteurs, que le baptême dans l'Esprit revivifierait leur vie chrétienne. Ils n'ont pas pensé qu'ils ne pourraient sortir de leur tiédeur qu'en brûlant d'amour de Dieu, qu'en devenant des saints, et que cet amour de Dieu et des autres en Dieu serait vivifié par la prière,la communion, la confession, les oeuvres de miséricorde,la lecture spirituelle, etc.

    Ces catholiques ont donc été demander aux protestants (l'idée ne leur serait jamais venue avant Vatican II !) de leur imposer les mains (geste que fait un évêque en ordonnant un prêtre). Aussitôt ils se sentirent "baignés" du Saint Esprit (selon leur expression qui fit naître celle d'"effusion de l'Esprit") et se mirent à parler en langues. Aussitôt ces laïcs vont imposer les mains à ceux qui le leur demandaient et le mouvement s'étendit, avec une rapidité étonnante, des universités aux couvents et aux paroisses (iln'y en à presque pas qui n'ait son groupe de prière charismatique).

    Il y aurait actuellement 70 millions de charismatiques catholiques dans le monde et 400 millions en tout (avec les nombreuses confessions protestantes ; les orthodoxes ont une trop juste conception du Saint Esprit pour en faire partie). 40 000 charismatiques catholiques sont répartis en France dans une trentaine de communautés, la plus importante étant l'Emmanuel (près de 7000 fidèles avec 140 prêtres), mais aussi "Le Chemin Neuf", très lié au protestantisme, et les Béatitudes, appelé auparavant "Lion de Juda", mouvement plus juif que catholique. Leurs disciples fêtent le sabbat en plus du dimanche, dansent les danses juives des Hassidim, étudient le Talmud, très hostile à Notre Seigneur et à la Sainte Vierge, et les midrachim, commentaires rabbiniques de l'Ecriture.

    Raffard de Brienne signale d'ailleurs dans son chapitre "Les communautés françaises et le Renouveau charismatique" qu'ils se reportent au texte hébreu de la Bible "alors que ce texte a été modifié par les Juifs devant le développement du christianisme" (p.68) (voir à ce sujet son livre La Bible trahie ?) (2). On ne peut pas à la fois croire que le Christ est venu (c'est le dogme de l'Incarnation du Verbe de Dieu) et prier avec les juifs pour demander la venue du Messie. De plus, leur conception du Messie temporel, puissant, à l'opposé de celle des chrétiens pour qui le Messie est le "Serviteur souffrant" d'Isaïe (p.53) "sans beauté ni éclat pour attirer nos regards... objet de mépris, abandonné des hommes... ce sont nos souffrances qu'il portait et nos douleurs dont il était chargé".

    L'effusion de l'Esprit

    Malgré son origine prostestante, le charismatisme, mouvement le plus important de l'Eglise conciliaire, inspirateur de nouvelles communautés (Focolari, Communion et Libération, les Foyers de charité...), pourrait être, peut-on penser, de remettre à l'honneur ce qui, après Vatican II, avait souvent disparu : la direction spirituelle, la confession individuelle, la prière centrée sur l'oraison, l'adoration au Saint Sacrement, le chapelet, etc. Le charismatisme est loué par les autorités ecclésiastiques, car il a permis que de nombreux jeunes, attirés par ce qui est sensible, sensuel et affectif, ne se dévoient pas dans les sectes et ne participent pas  aux courants traditionnels comme ceux de la Fraternité Saint Pie X, rejetée par les évêques, car Mgr Lefebvre était opposé aux déviations de la foi et aux changements désastreux de la liturgie qui se sont imposés dans l'Eglise depuis le Concile : liberté religieuse, oecuménisme, nouvelle messe, nouveaux sacrements...

    Ce qui fait la spécifictié du charismatisme, ce ne sont pas les dévotions traditionnelles qui furent au coeur de l'Eglise bimillénaire et sont des appâts pour attirer ceux qui s'ennuient dans les liturgies de la Parole et dans une Eglise desséchée où il n'y à plus ni mystère ni sacré car l'homme y a remplacé Dieu. Ce qui fait la spécificité, le coeur, du charismatique, c'est l'effusion de l'esprit appelée auparavant "baptême de l'Esprit". Là encore, le changement d'appellation est destiné à occulter la réalité du fait, même si, remarque R. de Brienne, "les deux expressions ne sont pas synonymes [car] le baptême dans l'Esprit, c'est l'acte et l'effusion de l'Esprit, son effet". (p.77)

    Le baptême dans l'Esprit par imposition des mains, apparu à la fin du XIXe siècle, se fait généralement par des laïcs qui l'ont reçu, eux aussi. Il s'agit d'une initiation par des initiés ou d'une transmission du "sacrement du diable" comme disait le P. Catry. René Guénon (1886-1951), gnostique, franc-maçon (33e degré du rite écossais et 90e du rite égyptien de Memphis-Hisraïm) et musulman dans une confrérie soufie (à partir de 1912) et donc connaisseur en initiations, précisait dans ses Aperçus sur l'initiation : "Le rite est toujours efficace quand il est accompli régulièrement. Peu importe que son effet soit immédiat ou différé. Il vaut toujours et ne se renouvelle jamais."

    Le baptême dans l'Esprit, supposé revivifier les grâces du baptême et de la confirmation, réduit l'importance de ces sacrements qui sont uniques car ils agissent "ex opere operato", "par leur puissance" et la vie chrétienne en est le fruit. Ce "baptême" affaiblit aussi le rôle du prêtre au profit des initiateurs, généralement laïcs et de leurs chefs, les bergers, à qui ils doivent une soumission totale, même pour les décisions de la vie familiale (avoir ou non un autre enfant, choix du lieu des vacances, etc.). Et l'effet de ce baptême, l'effusion de l'Esprit, est immédiate ou différée mais elle arrive toujours, comme l'avait observé René Guénon.

    En quoi consiste cette effusion ? En une sensation non seulement sensible mais charnelle de ce qu'ils disent être le Saint Esprit (mais pourrait être l'Esprit du Mal). Au lieu de donner de véritables charismes, c'est-à-dire des grâces (charis = grâce) pour la conversion, la sanctification d'autrui, le bien de l'Eglise, cet "Esprit" produit des effets spectaculaires, inutiles et même souvent nocifs. Le signe principal que le charismatique a bien reçu l'Esprit est, en effet, le chant en langues : c'est une glossolalie, une énonciation involontaire de syllabes dans aucune signification.

    Or jusqu'à l'intrusion du mouvement charismatique dans l'Eglise, ces sons privés de sens n'étient proférés que par les quakers, les méthodistes, les adeptes des "revivals" et... les possédés du démon. D'ailleurs, il est intéressant de constater que certaines personnes, au moment où elles reçoivent le baptême dans l'Esprit, tombent en transe ou bien ont une paix intérieure et un ravissement ineffable. On observe le même effet après la prise de drogues hallucinogènes, tele le LSD, ou dans le cas d'initiations où le démon envoûte l'âme (vaudou, méditation transcendentale...).

    Quant au don des langues, il n'est en rien semblable à celui qu'avaient reçu les apôtres. Ceux-ci comprenaient leurs interlocuteurs et leur parlaient dans leur langue (Actes 2, 4-11) alors que les charismatiques en sont incapables et ne comprennent pas ce qu'ils disent. Ceux qui connaissent les langues rares dans lesquelles s'expriment les charismatiques (l'amahrique, l'araméen, etc.) affirment qu'ils profèrent souvent des blasphèmes alors qu'ils croient louer Notre Seigneur ou la Sainte Vierge. Et en ce qui concerne les prétendus charismes de guérison, R. de Brienne remarque qu'elles "ne font jamais l'objet de contrôles" (p.10).

    Et puis, comment ne pas s'étonner que l'Esprit Saint qui est l'Esprit de Vérité, l'Intelligence même, s'exprime en sons inintelligibles, peu propres à enseigner la foi et à convertir, contrairement au don des langues étrangères reçu par les apôtres ? Et pourquoi l'Esprit Saint produirait-il un effet différent chez l'initié charismatique et chez le baptisé ou confirmé, enfant ou adulte, qui n'entre pas en transe et ne chante pas en langues ? Enfin, n'oublions pas que les mystiques ont toujours mis en garde contre la recherche sensible et parfois quasiment sensuelle des grâces du Saint Esprit.

    Saint Jean de la Croix recommandait : "Que l'âme s'applique, non à ce qui est plus savoureux, mais à ce qui plus insipide ; non à ce qui plaît mais à ce qui déplaît" (Montée du Carmel, Livre I, cha. 13, p.135 dans Y. Pellé-Douël, id). Et Raffard de Brienne cite, p.80, St François de Sales : "Il y à des âmes qui se veulent, à ce qu'elles disent, être conduites par l'Esprit de Dieu, et il leur semble que tout ce qu'elles imaginent sont des inspirations et des mouvements du Saint-Esprit... en quoi elles se trompent fort !" (Les vrais entretiens spirituels, 12e entretien).

    Daniel Raffard de Brienne n'oublie pas le rôle de Marthe Robin dans l'édification des communautés charismatiques et a un très intéressant chapitre sur l'apparition charismatique de Medjugorje qu'il qualifie, fort justement, de "grandiose caricature de Fatima" (p. 111) : message non conformes à la doctrine catholique, en particulier par leur oecuménisme délirant, mensonges répétés des voyants, désobéissance aux évêques et aux deux commissions diocésaines. La première, dirigée par Mgr Franic de 1982 à 1986 et la deuxième, de 1986 à 1990, sous l'autorité de la conférence épiscopale yougoslave, ont toutes deux déclaré qu'"il n'a pas été possible d'établir qu'il s'agisse d'apparitions ou de révélations surnaturelles" (p.119).

    Et le successeur de Mgr Franic, Mgr Perice, remarque : "Il est défendu de prétendre... que Notre-Dame serait apparue ou apparaitraît encore à Medjugorje" (p. 120). R. de Brienne dit, à juste titre, que Medjugorje est "la vitrine du Renouveau charismatique catholique" (p. 121). Or  de même qu'on ne voit pas pourquoi le Saint Esprit aurait accordé des charismes à des catholiques par l'intermédiaire de confessions prostestantes, "étrangères par définition à l'Eglise et donc éloignées de l'unique Vérité" (p. 96), de même pourquoi faudrait-il fonder une nouvelle Eglise, comme si l'Eglise catholique n'était pas celle fondée par Dieu, voulue par Dieu ?

    Michèle Reboul

    (1)  Les charismatiques après la fête, Daniel Raffard de Brienne, éd. Servir, coll. Objections, 2001, 123 p.

    (2) La Bible trahie ?, Daniel Raffard de Brienne, éd. Rémi Perrin. R. de Brienne a fait un additif à ce livre pour contester la Bible Bayard, "Nouvelle mouture de la Bible trahie".

    A lire aussi l'excellent livre de l'abbé Denis Coiffet : Le Renouveau charismatique est-il d'Eglise ? (111 p., NEL)

  • Duquesne diffusion

    Une grande partie des ouvrages de Daniel Raffard de Brienne est disponible chez Duquesne diffusion ou chez SA DPF (Diffusion de la Pensée Française) :

    Duquesne diffusion

  • Les réveils de Papy Grognon

    Contrastant avec les sujets très sérieux qu'il traitait habituellement, Daniel Raffard de Brienne épanchait régulièrement son infatigable humour au travers de billets d'humeur et de chroniques humoristiques.

    Il donna longtemps au Libre Journal, fondé et dirigé par le regretté Serge de Beketch, disparu il y à peu, des chroniques sous le pseudonyme de Séraphin Grigneux. Puis ensuite, ce furent des billets humoristiques publiés sous le titre "Les réveils de Papy Grognon". Nous travaillons à un projet d'édition d'un petit recueil reprenant l'ensemble de ces chroniques.

    Voici, à titre d'exemple, l'une des toutes dernières, sinon la dernière - le travail entrepris sur ses archives et publications nous l'apprendra bientôt - chroniques "Les réveils de Papy Grognon" qu'il rédigea quelques mois avant son décès.

    "Un cauchemar a troublé une hibernation jusque-là paisible. Personne ne semble se préoccuper du premier tour des élections présidentielles. Mais il y à déjà des victimes. On ne sait pas encore qui l'emportera des concubines de la République, ni la Royale, ni Allo-Allo-Marie, à moins que ce soit le mari, un instant délaissé, de Madame Sarkozette.

    Le suspense est insupportable. Des morts jonchent déjà notre sol, baignant dans leur sang. Parmi les plus purs héros, on relève des cadavres, plus grands morts que vivants (selon Henri III). Celui de Pépé Jospinou et aussi celui de l'Atroce-Kahn. Sans oublier la dépouille du dernier représentant de la gens Fabia, cette famille patricienne qui fit la gloire de la Rome antique.

    La dépouille de celui que le Mythe-errant donna à la France, dit-il, comme un tout jeune Premier ministre. Le gamin ne tarda pas à s'illustrer dans une affaire de sang contaminé. Et puis il créa l'impôt sur la fortune dont le Papa Fabius se montra fort mécontent. Il parait même que le Papa décocha une paire de claques au gamin imprudent, qui avait attenté au pécule familial.

    Maintenant, tout est oublié. L'ancien gamin a laissé des fils d'argent se glisser au milieu de la couronne de cheveux qui encercle l'oeuf de Pescha dont la nudité perce les nuages de sa pensée.

    Il ne restera de son gouvernement qu'une seule image. Celle de Fabius en charentaises se rendant à la plus proche boulangerie, pour en rapporter en toute simplicité la baguette de sa petite famille. Non, bien sûr, sans y avoir convoqué une poignée de journalistes et même la télévision."

    Daniel Raffard de Brienne

    Le Libre Journal, n° 399, du 10 février 2007, P.14