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Les réveils de Papy Grognon

Contrastant avec les sujets très sérieux qu'il traitait habituellement, Daniel Raffard de Brienne épanchait régulièrement son infatigable humour au travers de billets d'humeur et de chroniques humoristiques.

Il donna longtemps au Libre Journal, fondé et dirigé par le regretté Serge de Beketch, disparu il y à peu, des chroniques sous le pseudonyme de Séraphin Grigneux. Puis ensuite, ce furent des billets humoristiques publiés sous le titre "Les réveils de Papy Grognon". Nous travaillons à un projet d'édition d'un petit recueil reprenant l'ensemble de ces chroniques.

Voici, à titre d'exemple, l'une des toutes dernières, sinon la dernière - le travail entrepris sur ses archives et publications nous l'apprendra bientôt - chroniques "Les réveils de Papy Grognon" qu'il rédigea quelques mois avant son décès.

"Un cauchemar a troublé une hibernation jusque-là paisible. Personne ne semble se préoccuper du premier tour des élections présidentielles. Mais il y à déjà des victimes. On ne sait pas encore qui l'emportera des concubines de la République, ni la Royale, ni Allo-Allo-Marie, à moins que ce soit le mari, un instant délaissé, de Madame Sarkozette.

Le suspense est insupportable. Des morts jonchent déjà notre sol, baignant dans leur sang. Parmi les plus purs héros, on relève des cadavres, plus grands morts que vivants (selon Henri III). Celui de Pépé Jospinou et aussi celui de l'Atroce-Kahn. Sans oublier la dépouille du dernier représentant de la gens Fabia, cette famille patricienne qui fit la gloire de la Rome antique.

La dépouille de celui que le Mythe-errant donna à la France, dit-il, comme un tout jeune Premier ministre. Le gamin ne tarda pas à s'illustrer dans une affaire de sang contaminé. Et puis il créa l'impôt sur la fortune dont le Papa Fabius se montra fort mécontent. Il parait même que le Papa décocha une paire de claques au gamin imprudent, qui avait attenté au pécule familial.

Maintenant, tout est oublié. L'ancien gamin a laissé des fils d'argent se glisser au milieu de la couronne de cheveux qui encercle l'oeuf de Pescha dont la nudité perce les nuages de sa pensée.

Il ne restera de son gouvernement qu'une seule image. Celle de Fabius en charentaises se rendant à la plus proche boulangerie, pour en rapporter en toute simplicité la baguette de sa petite famille. Non, bien sûr, sans y avoir convoqué une poignée de journalistes et même la télévision."

Daniel Raffard de Brienne

Le Libre Journal, n° 399, du 10 février 2007, P.14

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