"Considérons quel est le sujet de ce magnifique triomphe qui se fait aujourd'hui dans le ciel. N'est-ce pas qu'on y reçoit Jésus-Christ comme un conquérant ? Mais c'est nous qui sommes sa conquête ; et c'est de nos ennemis qu'il triomphe. Toute la cour céleste accourt au devant de Jésus, on publie ses louanges et ses victoires ; on chante qu'il a brisé les fers des captifs, et que son sang a délivré la race d'Adam éternellement condamnée. Que si on honore sa qualité de Sauveur, eh ! quelle est donc notre gloire puisque le salut et la délivrance des hommes fait non seulement la fête des anges, mais encore le triomphe du Fils de Dieu même ? Réjouissons-nous, mortels misérables, et ne respirons plus que les choses célestes.
La divinité de Jésus, toujours immuable dans sa grandeur, n'a jamais été abaissée ; et par conséquent ce n'est pas la Divinité qui est aujourd'hui établie en gloire, car elle n'est jamais déchue de sa dignité naturelle. Cette humanité qui a été méprisée, qui a été traitée si indignement, c'est elle qui est élevée aujourd'hui : et si Jésus est couronné en ce jour illustre, c'est notre nature qui est couronnée ; c'est elle qui est placée dans ce trône auguste devant lequel le ciel et la terre se courbe."
Bossuet, Sermon pour le jour de l'Ascension, 1656.