Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Pourquoi Arte a peur du Linceul de Turin ?

En 2003, une émission fut très regardée sur Arte, au point d’être deux fois diffusée, parce qu’annoncée sur Léonard de Vinci : elle tentait de nous persuader que le génial Florentin fut l’auteur de la toile qui est à Turin : ce fut si gros, si absurde et si manifestement sans le moindre élément susceptible d’étayer si peu que ce soit la thèse, qu’elle a été enterrée dès que le film fut oublié.

Le dimanche de l’Épiphanie 2008, Arte a récidivé avec une émission qui n’a servi qu’à embrouiller un peu plus le spectateur ; une émission où l’on n’a rien appris sinon à opposer des romans de second ordre à des faits établis ; des erreurs grossières y ont été commises, démontrant qu’on ne possédait pas le dossier dans sa complexité ; une émission présentant quelques éléments en vrai rapport avec le sujet sur cet écran - le codex de Pray, le beau et important travail d’Aldo Guerreschi sur les auréoles d’eau - mais, et c’est scandaleux, l’essentiel a été passé sous silence.

Ainsi fut-il affirmé péremptoirement qu’on ne savait rien de ce document avant l’année 1359, date de son apparition à Lirey, près de Troyes en Champagne. Je donne des conférences sur ce sujet précisément, et ce qui se passe avant cette année-là me tient pendant une heure... Le cher Yan Wilson, auquel on permit de dire quelques mots, lui qui est l’un des meilleurs spécialistes de l’histoire sindonienne, a dû en rester stupéfait.

Un certain Karsten prétendit, sans le moindre élément historique susceptible de rendre crédible son roman, que le Linceul est « la preuve que Jésus n’est pas mort sur la Croix » ; il évoque, tel un nécromant inspiré par je ne sais quel démon, un complot de Joseph d’Arimathie pour empêcher son ami de mourir. Il le fait anesthésier puis « recouvrir » d’un linceul - mais non « envelopper » car il ne fallait pas que l’image soit déformée, comme si l’on avait eu l’habitude à cette époque-là de fabriquer de telles images, dont hormis celle du Linceul nous ne possédons aucune autre, à part l’image de saint Charbel Maklouf et d’une dame chrétienne du Fayoum !

Jésus est alors « vu » par notre homme s’échappant quelques vingt-quatre heures plus tard de ce linge : le fabulateur ne s’est même pas rendu compte qu’il disait une énormité, une sottise qui le condamne : les images sanguines, intouchées, interdisent absolument ce genre d’événement. Oui, le sang, que certains ont allègrement nié être du sang alors que de multiples analyses parfaitement menées indiquent qu’il s’agit de sang humain du groupe AB, le sang sur le Linceul présente un aspect radicalement impossible : il est intact, rien n’a posé sur lui alors pourtant que le Linceul a enserré ce corps. L’unique intervenant qui a parlé de la « dématérialisation » la traite comme une hypothèse absurde, alors qu’en 1993 des scientifiques de cinquante pays différents - excusez du peu - l’ont déclarée « seule explication possible » de ce « fait », qui est un fait objectif, quoique l’on ne puisse le qualifier de scientifique puisque l’on n’a jamais observé ni reproduit de dématérialisation : comment nier ce qui se montre ? Si Jésus vivant, hypothèse absurde et folle, était sorti de ce drap, les taches de sang auraient présenté l’aspect de sang arraché, ou de pansement. Et cela n’aurait pas pu être autrement, que l’on soit ou non partisan de l’authenticité. L’honneur du scientifique est là : reconnaître ce qui est, même ce qu’il ne comprend pas !

On a soigneusement évité de dire que la couleur qui fait surgir l’image, extrêmement superficielle, correspond à une photogravure : là où l’image est foncée, il y a beaucoup de fibrilles touchées, là où l’image est claire, il y en a beaucoup moins.

Carbone 14

Le cas du carbone 14 a été évoqué, mais ce qui prouve qu’il n’est pas crédible n’est pas l’espèce de roman policier que l’on fait à son sujet quoique pas tout à fait invraisemblable : l’un des principaux arguments fut juste nommé pour être aussitôt, mais sans explication, déclaré absurde : or il ne l’est pas, c’est même un fait nouveau, qui était inconnu des carbonistes eux-mêmes. Il s’agit du film d’origine bactérienne qualifiée de bio-plastique par son découvreur, l’États-unien Leonço Garcia Valdès - ce fut en 1996 -, à cause de la toujours actuelle impossibilité de le nettoyer. Or ce film, trouvé sur des objets mayas que le C14 rajeunissaient de six siècles - ce qui était impossible - le fut également sur le Linceul comme sur bien d’autres étoffes par la suite, au point de mobiliser aujourd’hui divers biologistes - à l’Institut catholique d’Angers par exemple - en vue de trouver le moyen de l’éliminer. Étrange omission, n’est-il pas ?

Quant à la vaniline absente là où est l’image alors qu’elle est présente là où furent pris les échantillons pour le C14, on joua les innocents qui ne savent rien. Mais la vaniline disparaissant sur 1300 ans, on peut affirmer que l’analyse faite par Rogers en 2002 prouve que le Linceul est au moins d’avant le 8e siècle... et que les échantillons ne sont pas représentatifs de l’essentiel du document. Certes, il fut question de la couture typique du 1ier siècle, sans ses rendre apparemment compte qu’à elle seule elle oblige à rendre le Linceul au premier siècle.

L’ensemble de ces éléments indique qu’il serait aujourd’hui totalement absurde à la fois de continuer à idolâtrer la datation de 1988 comme de demander une nouvelle analyse. Karsten, encore lui, trouve étrange, mais il n’est pas le premier, que Jésus soit mort si rapidement alors que « d’autres crucifiés sont restés vivants jusqu’à cinq jours ». Mais ceux-là avaient-il subi l’hémathidrose totale de Gethsémani, soit le « symptôme d’une souffrance absolument intolérable », ni l’hallucinant interrogatoire qui s’est déroulé du jeudi soir au vendredi matin dans un tourbillon d’allées et venues où les gardes ne le ménageaient guère, ni l’impensable flagellation, fort mal décrite dans l’émission où l’on parle de trente-neuf coups alors qu’un coup à cette époque ne représentait que celui donné par une lanière du flagrum romain, ce qui fait deux coups à chaque application du fouet, renouvelée au moins soixante fois ? L’hémathidrose aurait pu à elle seul être une cause de mort ; la flagellation elle aussi : mais la perte de sang cumulée - sans doute plus que la moitié du sang disponible - condamnait de toute façon Jésus à mort parce que les reins ne pouvaient qu’être arrêtés afin d’orienter la circulation vers le cerveau.

Ne pas tenir compte de tous ces faits pour continuer à favoriser la thèse du faussaire médiéval est insultant pour l’intelligence et la vérité.

Gâchis obstiné

Il est vrai que ce doit être une émission venue des États-Unis : tous les intervenants sont anglophones. Si la recherche sindonienne n’était là-bas que de cette médiocrité, ce serait consternant. Mais elle ne l’est pas, les Jackson, Adler, Stevenson et autres Rogers en témoignent amplement, même si on ne les a pas nommés. Était présent l’un des membres de leur équipe de 78 dont hélas j’ai oublié de noter le nom : il fut le seul à dire d’excellentes choses, avec Y. Wilson, mais il n’eut que la portion congrue.

On peut parler de gâchis, et de gâchis obstiné. Les habitués d’Arte ont droit à une information qui ne les bafoue pas, qui ne les prend pas pour des imbéciles, qu’ils soient chrétiens ou non. Quand on aborde un sujet aussi complexe et extraordinaire, on peut également se passer d’évoquer un certain nombre de ridicules fantaisistes qui se prennent pour de petits génies.

De tout cela surgit nécessairement une question curieuse : qu’est-ce qui fait si peur dans le Linceul aux dirigeants d’Arte ? Il ne les obligera pas à s’agenouiller et à croire en Jésus le Ressuscité : il s’agit de tout autre chose. À moins qu’ils aient pour leurs spectateurs des attentions que l’on attendrait plutôt comme venant de la rue Cadet.

Découverte Ah ! il n’existe aucune divergences entre le Linceul et le texte évangélique, mais on découvre vingt-six points de correspondances : deux fois plus qu’il n’en faut pour être absolument certain qu’il ne peut pas être celui d’un autre. Elles sont toutes très intéressantes, parfois stupéfiantes ; je ne donne ici que celle que j’ai découverte récemment, et qui concerne le trou dans la barbe de Jésus.

Les Grecs, qui observaient cette image très légère, en avaient déduit que Jésus portait une barbe à deux pointes. Mais le vide qui se voit n’est pas au centre de cette barbe, il a une forme de trou et ne présente donc pas l’aspect angulaire qui devrait être le sien s’il s’agissait d’une barbe bifide : en revanche, il correspond parfaitement à l’habitude des membres du Sanhédrin qui était d’arracher un morceau de la barbe de ceux qu’ils condamnaient pour blasphème, condamnation pour laquelle Jésus mourut.

Article du Père Xavier, publié le 13 février 2008 sur Centre Aigle

Les commentaires sont fermés.