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Le bel hommage de Serge de Beketch

Voici, paru dans le Libre Journal du 18 juillet le très touchant hommage que Serge de Beketch a rendu à la mémoire de Daniel Raffard de Brienne :

Daniel Raffard de Brienne : droit vers l'azur !

Daniel Raffard de Brienne est parti. Il est monté "droit vers l'azur" suivant en cela la direction indiquée par le titre de son recueil de souvenirs.

Daniel était un ami fidèle et généreux du Libre Journal, auquel il collabora par de petites chroniques signées Séraphin Grigneux, et qui brocardait les travers, obsessions et manies, d'un vieux militant républicain avec une drôlerie si irrésistible que ma femme devait souvent interrompre sa dactylographie, secouée par des hoquets d'hilarité.

Voià vingt ans, je ne connaissais Daniel Raffard de Brienne que de loin. Je le regardais comme une figure classique de l'artistrocratie bourgeoise. Un grand monsieur distingué, mince et sérieux, à grosses lunettes, penché sur des travaux un peu ennuyeux et présidant une kyrielle d'associations fort respectables, mais où l'on ne devait pas souvent se décrocher la mâchoire.

La naissance du Libre Journal, qu'il aima toute de suite, nous permit de nous découvrir et je mesurai mon erreur. Daniel était l'homme le plus charmant, le plus drôle, j'oserais dire le plus "coquin" que l'on puisse imaginer. Sa foi, solide comme un roc, était joyeuse et confiante. Il s'en remettait à la miséricorde divine avec un abandon souriant qui finissait par être contagieux.

Sa générosité, j'oserais dire sa prodigalité, son amour du geste gratuit, son bénévolat enthousiaste au sens le plus fort du mot "bénévole" (qui veut du bien à autrui) faisait de lui une sorte de Père Noël imberbe distribuant à pleines poignées autour de lui les cadeaux de ses livres, de son esprit, de sa gentillesse, de son temps, de son talent et aussi de son argent.

Souvent, il me téléphonait de Lille pour convenir d'un déjeuner.

J'allais l'attendre Gare du Nord où il arrivait de Lille, aussi simplement que s'il avait parcouru une ligne de métro, et je le voyais de loin, longeant le quai à petits pas prudents, son regard brouillé de grand myope tentant de deviner les obstacles. Je le hélais et son visage s'illuminait. Nous échangions des salutations chahuteuses qui semblaient des bourrades de collégiens heureux de se retrouver et nous allions déguster une grillade après la disputation rituelle sur le genre du mot entrecôte (que Littré donne pour masculin et Larousse pour féminin) et les mérites comparés de "Buffalo Grill" et d'"Hippopotamus". 

Il m'interrogeait sur la santé du journal, qui lui tenait particulièrement à coeur ("Je vous rappelle que je suis abonné à vie et que je tiens à rentabiliser cet investissement"), me parlait de son enfance et de sa jeunesse scoute, où, souvenir terrible, il avait appartenu aux équipes chargées de relever les cadavres dans les ruines des villes et villages du Nord bombardés par les Alliés. Il m'expliquait ses travaux, me racontait ses obligations de président des écrivains catholiques, charge qui était sa fierté, de ses projets de conférence sur le Saint Suaire, de ses fils qu'il adorait, de ses petits-enfants qui faisaient sa joie.

Nous reprenions, sans espoir pour aucun de convaincre l'autre, notre vieille polémique sur le créationnisme, et nous faisions un tour de l'actualité politique avec le pessimisme gai qui est la marque de l'homme de droite. Tout cela mêlé de plaisanteries, de jeux de mots, et d'éclats de rire. Puis, après le café, appuyé sur mon bras, il s'en allait reprendre son train pour Lille.

Un triste jour, son fils Arnaud m'appela pour m'annoncer qu'à la suite d'un accident cérébral, Daniel ne pouvait plus ni parler ni écrire mais qu'il avait conservé toute sa lucidité.

C'est sans doute l'épreuve la plus terrible que le ciel pouvait lui envoyer après la disparition brutale de sa femme et, quelques semaines plus tard, l'annonce de sa mort m'apparut comme une libération.

Son amitié et sa compagnie me manquent, mais je ne parviens pas à être triste.

Je l'imagine, penché aux balcons du ciel avec son ami Vladimir Volkoff, contemplant l'humanité de ses yeux enfin dévoilés et bougonnant avec son sourire d'enfant : "Non, décidément, je n'ai pas perdu grand-chose."

Parmi les dizaines d'ouvrages que Daniel Raffard de Brienne nous a laissés, on peut, on doit lire avant tout son extraordinaire acte de foi argumenté "Il n'y à qu'un seul Dieu" (Ed. de Chiré).

Sur le Saint Suaire qui fut le grand sujet de sa vie, on lira "Enquête sur le Saint Suaire" (Ed. Perrin), "Le Secret du Saint Suaire" 'Ed. de Chiré), "Le Dictionnaire des reliques de la Passion" 'Ed. de Paris et pour les enfants "Une merveilleuse aventure, le Saint Suaire" (Ed. Elor).

Parmi les ouvrages scientifiques : "Pour en finir avec l'évolution, ou la faillite des théories évolutionnistes" (Ed. Perrin), "Enquête sur...Les Croisades" (Ed. Via Romana). On lire également l'excellente série de petits ouvrages sur la désinformation (autour des origines de l'homme, autour de l'esclavage, autour de Jésus et Marie, autour du Linceul de Turin). Les éditions Via Romana publieront à la rentrée son dernier manuscrit, consécré à un sujet d'une brûlante actualité : "Les femmes et l'islam".

Son fils Arnaud a repris le flambeau en publiant "La désinformation autour de l'esclavage" et "La désinformation autour de la colonisation".

                                                                                                                                            Serge de Beketch

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